Ciel et Terre
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Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : voix (92)(...) Je me redresse péniblement, recrache la boue qui s'est glissée entre mes dents. - Peine perdue, P‘pa ! Lavoixde Brin d'Herbe est épuisée. Lavoixde ma femme interrompt sa douce mélopée, et le boeuf se plante là. Nous regardant d'un air triste. (...)
Demande Boeuf Assoiffé. - C'est au Héraut de décider, non ? Dis-je. - Non, dis Regard Vif, c'est déjà décidé. Savoixest rauque, brisée. Nous le regardons tous. Tout à coup, on pourrait couper l'ambiance au couteau. (...)
Parfois, ces derniers s'animent comme de gros vers de terre. Immonde. - Un arrangement a déjà été conclut. »Voixchuintante du Héraut. « Brume sera l'élue. » Brume est la fille adoptive de Regard Vif. On murmure qu'il la prise autant comme fille que pour femme. (...)
Je suis soulagé qu'il n'ait pas choisit Aube ou Brin, et écoeuré par mon propre soulagement. - Vous apporterez le tribut avant la nouvelle lune. Toujours la mêmevoixchuintante. Inhumaine. Il émet un autre bruit que nous avons apprit à assimiler à un rire. La porte se referme brutalement, nous replongeant dans la pénombre. (...)
Soudain, je me rends compte que Brin n'a que 12 ans, et qu'il n'a jamais vraiment connu le sacrifice. Dans savoix, j'entends aussi quelque chose d'autre, un sentiment familier, un émoi cruel que je ne connais que trop bien. (...)
- Tu regrettes de m'avoir épousée ? Elle se retourne et m'observe. Plante ses yeux gris dans les miens. Savoixest calme et posée. - Je n'ai jamais eu le temps de regretter quoi que ce soit. - Moi non plus mais notre fils est différent de nous, dit-elle. (...)
Sa signification nous échappe et nul ne pose jamais plus de question que nécessaire au Héraut. J'ai peur du Héraut, comme tout le monde. Quand il parle, savoixest calme, détendue, distanciée, comme si la mort n'existait pas. Pour lui, c'est peut-être vrai. (...)
Je garde l'oeil sur le chariot, un instant, par-dessus le bruit du vent et le bavardage sans fin de Pigeon, j'entends quelque chose de vaguement mélodieux venant de l'intérieur du chariot. Je m'approche et j'entends lavoixtriste de Brume qui porte une balade comme une mère porte son enfant mort-né. Je m'écarte et guette l'horizon en quête de danger. (...)
Moi-même, je garde Brume à l'oeil mais j'écoute la conversation. Quand Pigeon Fou reprend la parole, savoixest enjouée, comme celle d'un homme qui découvre une pièce de jade par terre. - Sache, jeune chiot, que le Seigneur des Hauts Vents n'est pas le fils de Mela, dit-il, c'est un élu divin, pas juste le rejeton d'une amourette divine. (...)
Un membre du Beau Peuple ? Le silence se fait dans le campement. L'hilarité de Pigeon Fou soudain disparue. Soudain, unevoixse fait entendre. Calme, douce mais ferme comme du cuir neuf. - Les Anathèmes sont la fin du monde incarnée, et le Beau Peuple, celle de toute raison. (...)
Certains disent qu'il s'agit de l'oeuvre des démons qui ont corrompu les hommes, d'autres que c'est le Beau Peuple qui leurs glissèrent l'idée. » - Tu le crois ? C'est mavoix. - Franchement.., dit Pigeon, tout bien considéré, je ne sais pas. Parfois, je regarde autour de moi et. (...)
Le vent s'est levé, il soufflait dans notre direction. J'ai entendu un gémissement et tendu l'oreille : c'était à peine audible, mais j'ai reconnu lavoixde Chien Enragé. Il pleurait et gémissait, il appelait sa mère. J'ai senti la moelle de mes os se glacer. (...)
Puis un souffle froid a agité la brume face à nous comme les eaux bouillonnante d'un lac gris, de plus en plus intensément. Je me suis tourné vers OEil Vert, mavoixétait blanche : - Cours ! Ce qui nous amène à cet instant. OEil Vert cours aussi vite qu'un lièvre au milieu des hautes herbes, je l'entends gémir tout haut de peur tandis que la brume s'agite, bouillonnante autour de nous. (...)
- Je sens plus mes jambes ! C'est OEil Vert. - C'est froid ! Ca à durcit... on dirait de la glace... La panique perce dans lavoixde Pigeon. La panique perce dans mon esprit, dans le regard de Rude qui s'éloigne, effrayé. Soudain Brume est là, debout devant nous. (...)
- Mais... Commence-t-il. Je l'interromps. - C'est la fille de Regard Vif, elle sait ce qu'elle fait ! Mavoixest plus assurée que moi-même. Brume m'observe un instant, et elle me semble moins assurée que je ne le suis en réalité. (...)
- Va chercher les autres et dit leur que le repas est prêt, dis-je à Rude. Il hoche la tête et s'en va. Boeuf s'assied à sa place, savoixest basse, douloureuse. - Désolé, dit-il. J'aurais dû le tenir à l'oeil. - Pas ta faute, dis-je. (...)
- Ecoute, dis-je, je ne sais pas ce qui t'attend là-bas. Je sais que tu as peur. Tu ne le dois pas. - Pourquoi ? Pourquoi ne devrais-je pas avoir peur ? Savoixest ferme, déterminée mais empreinte d'inquiétude. En cet instant, je la déteste, mais pas autant que je me hais moi-même. (...)
Je pense que le Seigneur des Hauts Vents te fera vivre mieux que tu n'auras jamais vécu jusqu'ici. Il te fera faire sans doute la même chose que Regard Vif. - Il... Il... - Vas-y, parle. Savoixest calme, lointaine. - Est-ce qu'il me battra aussi ? Je grogne. - Je ne sais pas. Je ne crois pas. (...)
Dans la steppe, le premier outil pour survivre, c'est ta volonté, perd la, et tu n'auras plus rien. Elle ne dit plus rien. Je me redresse et me retourne pour sortir. Savoixcalme retentit. - Merci... mais écoute tes propres conseils. Je me retourne et nos regards se croisent. (...)
Je suis déjà venu, mais malgré cela, ma bouche est sèche et mon estomac noué, mes doigts tremblent. Soudain, lavoixd'un cor nous assourdit, et les portes s'ouvrent brutalement, laissant échapper un blizzard froid et puissant, Rude lâche un cri et manque de tomber, j'entends Brume crier, nos chevaux hennissent, reculent, il nous faut lutter avec eux pour les empêcher de s'enfuir, et lutter avec nos consciences pour ne pas les suivre. (...)
Elle pose un regard distrait sur nous et nous dégringolons de montures pour nous jeter à ces pieds et mettre le front à terre. J'entends les pas métalliques des gardes qui s'approchent. Lavoixcaverneuse de l'un d'eux retentit. - Le tribut ? Lavoixde Pigeon retentit lorsque je l'entends se redresser. - Maigre, monseigneur, mais nous avons négocié une compensation avec le Héraut. (...)
Je serre les dents et referme les poings dans la terre froide. Le garde se retourne vers la Princesse Bleue. A nouveau, lavoixcaverneuse : - Montrez nous ça. - Ciel ! Je me lève, gardant le poing fermé. Furtivement, je croise le regard de la princesse et celui de Pigeon et une vieille sensation s'empare de mes tripes, et les attache comme un noeud coulant autour de mon esprit. (...)
Il empoigne Brume et l'emmène dans la lumière blanche et aveuglante de l'entrée et y disparaissent. Pour la première fois, savoixretentit. - Ce n'est pas au Héraut de négocier ce genre de chose, dit-elle calmement. Son regard est calme, douloureux. (...)
Des morceaux de bois viennent se ficher quelque part dans ma chair tandis que des morceaux de chariot, des restes de récolte et d'OEil Vert retombe autour de moi. Le Seigneur des Hauts Vents ? - Assez ! Je reconnais lavoix. Je me redresse douloureusement. La Princesse Bleue se tient devant moi, des éclairs crépitent le long de son épée de jade bleue dégainée. (...)
Lentement, la douleur s'étiole, se dissipe, et elle est tant liée à mon existence qu'un moment je crois mourir. Mais je n'entends pas le souffle du vent du monde des morts, ni lesvoixde Boeuf, Pigeon et Rude. C'est seulement mon vieux corps obstiné qui s'est habitué. Je prends une inspiration profonde, l'air frais et humide mord sauvagement mes poumons. (...)
Ma blessure à l'épaule se referme lentement, mais celle au flanc reste mauvaise et me lance des dards de douleurs qui s'enfoncent dans mes entrailles. J'entends Boeuf m'appeler au loin, comme un écho. Lavoixde la Princesse Bleue lorsqu'elle s'excuse. Je ris. Peut-être suis-je en train de perdre la raison. (...)
Maintenant je les entends si bien que je peux évaluer leurs nombres, cinq, peut-être six chevaux et autant de cavalier, lorsqu'ils s'arrêtent, j'entends le cliquetis de leurs armures de maille. Unevoixféminine, claire et dure aboie un ordre bref. La Princesse Bleue. A son ordre, les gardes descendent de cheval comme un seul homme. (...)
J'écoute leurs discussions, leur feu craquer et sent l'odeur de la nourriture envahir le site comme une présence invisible et séductrice. Ils parlent de moi, de Boeuf, et de ceux que nous avons tués. Leursvoixsont pleines de vengeances, mais teintées de peur. La Princesse Bleue reste silencieuse, et nul ne lui adresse la parole. (...)
J'aperçois des boules de buissons séchés qui roulent dans ma direction et me dépassent en sens inverses. Au loin, mon esprit fiévreux entend les rires et lesvoixd'Aube Grise et de Brin d'Herbe. Plus je m'approche du village, plus mon corps me ralentit. Mon épaule n'est plus qu'une douleur sourde, mais mon flanc me donne l'impression de se déchirer après chaque mouvement de ma hanche. (...)
L'endroit est chaud comme un four et je sue comme un boeuf, mais le trou me permet de respirer. Je reste immobile. J'essaie de ne pas penser, de m'occuper, j'écoute lesvoixextérieures. Des femmes, des hommes, des enfants, des chèvres, des moutons et des boeufs anime et couvre le bruit de la yourte en mouvement, dont le bois et le fer grincent et gémissent. (...)
Je hoche la tête à nouveau. Il hoche la tête à nouveau et tend le doigt vers moi. Quand je parle, ma proprevoixme semble étrangère. - Ciel Noir. - Sien noa ? Je hoche la tête. Je n'ai pas envie de me lancer dans un cours de langue. (...)
Il me nourrit, me soigne, me lave et sourit, mais ses yeux sont deux fentes aiguisées et réfléchies et il parle peu. J'entends d'autresvoixà l'extérieur mais ne voit personne d'autre. Parfois nous restons immobiles longtemps, parfois nous bougeons sans arrêt. (...)
Elle hoche la tête docilement, mais je lis une intelligence douloureusement familière dans son regard. Finalement, elle parle, savoixest douce, calme et son accent vaut celui de Jaï. - Je m'appelle Mahe. Vous connaissez mon mari, Jaï », elle se tourne un instant vers le vieux, « voilà Hakka. (...)
C'est la première fois qu'un Shaman parle aussi librement de chose qui ne doive être connue d'eux seuls. Je réprime un frisson. - Il m'attend ? Mavoixtremble. Celle de Mahe aussi. - Oui, Hakka dit que dès que nous serons sortis de la plaine des vents, il vous indiquera le chemin du pays des morts. (...)
Les Aïnouks ne sont pas des enfants de coeurs, mais ils ne font pas le poids face au Héraut. L'auraient-ils su, ils n'auraient pas mit tout leur espoir en un étranger. J'entends l'étrangevoixdu Héraut, elle couvre le souffle du vent, les hommes et les bêtes se tiennent dans un silence craintif lorsqu'il élève lavoix. - Noble peuple Aïnouk ! Le Seigneur des Hauts Vents vous a laissé vivre sur ces terres pendant de nombreux jours, et maintenant, il attend de vous que vous lui donniez une compensation pour son infinie hospitalité. Toujours ce détachement impossible dans savoix... Hakka élève lavoix, parle dans la langue ancienne. La langue utilisée par les dieux, les esprits et les morts. Je ne la comprends pas, mais j'ai assez entendu Regard Vif l'utiliser lors du Solstice d'hiver pour la reconnaître. (...)
Ceci est une offre certes rude, mais néanmoins raisonnable compte tenu des circonstances... A nouveau lavoixde Hakka, toujours aussi calme, toujours aussi solennelle, et la réponse du Héraut, détachée et sans appel. (...)
Il marche, parfaitement détendu, pourtant la lumière rageuse de son oeil est à peine contenue, mais savoixest inchangée. Il tient Mahe par la gorge. Sa main menace à chaque instant de la déchiqueter. - Je comprends, c'est toi qui as fait disparaître la Princesse Bleue. (...)
Une flèche heurte mon front et ricoche comme un oiseau lancé à pleine vitesse sur un rocher. En cet instant, je veux les tuer. Unevoixhideusement déformée et douloureuse m'en détourne. - Mes enfants... Va t‘en ! Elle a raison. Je m'écarte d'elle entre deux volées. (...)
La plupart ont ricochés sur moi dans des gerbes d'étincelles dorées, et les autres ne m'ont laissé que quelques écorchures sans gravité. Ils soufflent eux aussi. Unevoixaussi belle qu'un ciel bleu d'hiver résonne dans l'endroit. -Allons les enfants, C'est terminé ! (...)
Fais bien attention alors, car les mensonges sont mortels pour vous autres mortels... tout comme la vérité peut l'être parfois. Savoixme donne le tournis, mais je comprends ce qu'il me dit aussi clairement que ces choses impossibles que l'on perçoit dans les rêves, et que l'on ne comprend plus une fois éveillé. (...)
Lorsque son regard croise le mien, c'est celui de ma mère, lorsqu'elle marche, elle possède l'allure altière de la Princesse Bleue, et lorsqu'elle parle, lavoixde Brume. Je sens la douleur s'agiter en moi comme un chat écorché vif. - Arrête ça ! J'hurle presque. (...)
Je m'en veux pour la douleur que j'ai perçue dans son regard. La douleur de Mahe, que je n'ai jamais pu effacer. - Aewyll... Je suis désolé. Mavoixest hésitante. - Je sais. Ce n'est pas important. Toujours le ton de la Princesse Bleue, mais lavoixd'Aube Grise maintenant. Troublant. Il me vient soudain une idée plus étrange encore. - Tu es vraiment. (...)
la part la plus importante de mon âme. - Je ne comprends pas. - Ce n'est pas important. Toujours lavoixd'Aube Grise, toujours le ton de la Princesse Bleue, et toujours cette douleur sourde dans ces propos. (...)
J'ai froid, et le regarder caresser le corps d'Aewyll me donne encore plus froid, me donne l'envie de le tuer. Il sourit. Mavoixest de glace. - Tu as fait tout ça pour me dire que nous n'avons aucune chance ? - Non, il lâche Aewyll, sourit et reprend sa marche. (...)
Ecoute ma propre respiration, le battement de mon propre coeur. - Tu te demandes pourquoi, n'est-ce pas ? Lavoixest incisive, tranche la pénombre comme une guillotine, mais dénuée d'hostilité, et comme d'habitude elle touche juste. (...)
Je vois des ombres s'étioler, s'éteindre seule sans que les ombres de couleurs les aient même effleuré. Savoixest calme, porte un regret étrange dans son ton, comme une femme enceinte porte l'enfant. « Où était la gloire ? (...)
Je sais reconnaître l'odeur du mensonge lorsque j'en entends un, et j'ai reconnu l'odeur des mensonges des Sang-dragon, je me suis rendus compte qu'ils ne savaient pas vraiment pourquoi ni comment ils vous avaient vaincus pourquoi vous n'étiez pas revenu, et à ce moment j'ai compris que vous pouviez vous réincarner, que tant que le monde n'était pas brisé, vous reviendriez, et ce n'était qu'une question de temps, vous reviendriez, c'était certain et j'en parlais aux tribus de la folie qui envahissait Création. » Je surprends dans mon esprit l'ombre d'une curiosité. - Et que c'est il passé ? Mavoixme fait l'impression d'être aussi gracieuse que le croassement d'un corbeau. Lavoixde Lewellyn se fait cassante, douloureuse. Le vent devient un hurlement de douleur sans fin, haché, pour se transformer en rire tandis que les ombres multicolores consument les ténèbres et deviennent des titans de lumières autours de la minuscule ombre blanche de Lewellyn. (...)
C'était comme te retirer le pain de la bouche et te condamner à mourir de faim dans le plus cruel des déserts, tout cela, pour une petite guerre mesquine, pour une victoire minable arraché des mains d'un adversaire déjà mourant ! » - Qu'à tu fais ? Mavoixtremble lorsqu'elle prononce ses mots. La sienne est un ouragan de colère. « Moi ? Rien ! Mais eux. (...)
» Et l'ombre blanche de tomber dans un puits d'obscurité sans fin, mais de subsister, tâche informe microscopique au milieu des ténèbres. Puis savoixse fait douce et emplie d'ironie hargneuse. « Le plus drôle, c'est que les nôtres s'entretuèrent, chacun tentant d'obtenir une gloire infinie qu'ils auraient pu avoir ensemble, mais leurs esprits petits et médiocres étaient désormais empoisonnés de ce monde que nous avions tenté de détruire. (...)
Je rouvre brutalement les yeux lorsque je me rends compte que la salle des vents chante, mais que je n'écoute pas ce que lesvoixdisent. De l'autre coté du mur, de l'autre côté du miroir... De l'autre coté de l'azur, de l'autre coté du désespoir. (...)
Je suis si surpris que je ne lève même pas la main quand la sienne jaillit et saisit mon épaule. - Venez ! Dit-elle. Lavoixd'Aube Grise, le ton inquiet de Mahe. - Pourquoi fais-tu ça ? - T'aider ? Lewellyn est fou, même pour l'un d'entre nous. (...)
Au centre, il y à un autre bloc de glace, ou plutôt, un bloc de verre dont émane un étrange bourdonnement. Je m'en approche lorsque lavoixd'Aube Grise résonne dans la salle, sur le ton posé de Mahe. - Avant d'aller au centre, regarde le bloc de glace à ta gauche. (...)
En reculant, mon dos heurte un autre bloc, la neige qui le recouvre s'effrite et tombe, je reconnais l'homme dans celui-là aussi : l'un garde du Maître des Hauts Vents. Ils sont figés dans la glace, terrifiés, terrorisés, pour toujours. J'ai le souffle court, mavoixest basse : - Qu'est-ce que c'est ? - Le bonheur selon sa conception, dit-elle avec la mêmevoixet le même ton, la terreur éternelle, la liberté d'infliger ceci aux vôtres pour toujours, pas de règle, pas de limite. - Pour. (...)
Je ne les invoque pas souvent, mais l'occasion me semble appropriée. Elle rit, un rire qui a quelque chose de cruel. - Tu en auras bien besoin, c'est vrai ! Lavoixest celle de la Princesse Bleue, mais le ton est celui d'Aube Grise lorsqu'elle me raillait dans nos disputes. (...)
Les mots du Hérauts me reviennent : « Tu as fait disparaître la Princesse Bleue... » - La Princesse Bleue... - C'est elle.., dit-elle avec lavoixde la Fille du maître des Hauts Vents. Il s'en sert comme trophée et comme source de lumière. - Le Maître des Hauts Vents n'est pas venu la chercher ? (...)
En quelques enjambées, elle parvient de l'autre coté de la salle, et ouvre une porte de glace bleue, encadrée d'une arche de marbre qui donne sur vers les ténèbres. - Va-t-en ! dit-elle avec lavoixde Mahe. Je regarde le plafond de canines. J'écoute cette part de moi qui ne veut pas écouter. Je pense à Boeuf. (...)
La Princesse Bleue se porte à mes cotés, les runes de jades bleus ont blanchies, contenant le pouvoir de l'éclair qu'elles semblent contenir. Savoixest ferme, légèrement troublée. - Sortons d'ici. - Non ! Lewellyn. Sa meute de fauves blancs revient à la charge, la princesse et moi nous défendons, et même mieux que ça, trois fauves s'approchent d'elle, leurs griffes ricochent sur un mur invisible en un bouquet d'étincelles aussi jolies qu'éphémères, puis perdent leurs têtes dans un geyser de sang blanc. (...)
Ils n'ont aucune chance, mais leurs regards vides m'indiquent que ça ne les empêchera pas d'essayer. Lewellyn crie d'unevoixde Stentor : - Aewyll ! A moi ! Et Aewyll vient, je lis dans son regard du regret, ses gestes sont ceux de la Princesse Bleue, mais elle leur prête une grâce inhumaine et une étrange naïveté. (...)
- Ne t'en fais pas pour moi, dit-elle, assurée. Je ne m'en fais plus pour elle. - Peut-tu m'aider ? C'est Aewyll, lavoixde Brume et l'intonation d'Aube Grise. - Je crois. J'ai récupéré du combat pendant que je me reposais, le pouvoir s'est à nouveau lentement accru en moi. (...)
- humm ? - Saute ! Imite là ! Je me tords le cou pour croiser son regard. Je sens l'amusement dans savoix, et le défi. Je m'appuie sur mes mains, je relâche le pouvoir et saute : Un bond sec, sans élan, qui me propulse une bonne dizaine de mètres plus haut sans effort. (...)
De petits cailloux me tombent dessus et rebondissent sur nous tandis qu'Aewyll émet un rire étouffé de petite fille. - Tout va bien ?Voixinquiète de la Princesse Bleue dont l'écho se répercute sans fin à travers la faille. - Oui. Mavoixest plus hésitante que ma réponse. Aewyll rit à nouveau. Le rire d'Aube Grise. Je ne peux m'empêcher de rire aussi, plus doucement. - Recommence, me souffle-t-elle, et savoix, celle de la Princesse Bleue, est douce comme un secret de harem. Je reprend mon souffle, le pouvoir vibre encore en moi, ricoche sans fin : Je saute à nouveau vers le haut, mais lorsque mon bond perd de sa puissance et que je ralentis, je me retiens de mes deux pieds sur un bout de roche irrégulier qui émerge de la paroi, et d'une poussée, me jette vers la paroi voisine, j'accomplis une culbute dans les airs sans difficulté, malgré Aewyll toujours dans mon dos, et me réceptionne sur mes deux pieds, creusant un petit cratère dans le mur lors de l'impact. (...)
Je calcule mal mon bond : je trouve néanmoins le temps de me retourner pour protéger Aewyll du choc une seconde avant l'impact. Je m'enfonce dans le mur de trente bons centimètres. Le choc est rude, sans plus. A nouveau lavoixde la Princesse Bleue. - Vous êtes sûr ? Il y a de l'amusement dans savoix. Il y en a aussi dans la mienne. - Ouais ! A nouveau, le chuchotement d'Aewyll. - C'est mieux, dit-elle, on recommence ? (...)
Finalement, Aewyll prend l'initiative. - Si vous voulez bien m'excuser... Avec un rire de petite fille animé par lavoixd'Aube Grise, elle se défait de moi avec une agilité de chatte, souple et douce comme du lait, légère comme un flocon de neige, elle bascule de mes bras, mon coeur s'emballe lorsqu'elle se balance un instant au-dessus du vide, puis elle me grimpe dessus, sans user de ses mains, s'appuyant avec ses pieds, sur mon coudes, mon menton, mon genoux et finalement se dirige vers la surface, gloussant toujours. (...)
Aewyll éclate d'un rire frais et joyeux, lointain souvenir d'Aube Grise : - Les rêves ne font pas de promesses ! dit-elle. - Pourquoi suis-je nu et pas toi ? Mavoixsonne comme celle d'un adolescent frustré. - C'est mon pouvoir, dit-elle, mon rêve, et il me supporte autant que je le supporte, toi, tu portes les rêves d'élégance d'autrui, des rêves de mortels, mais les rêves ne survivent pas longtemps dans ce monde. (...)
- Tu as raison. J'étais là par accident. Nouveau gloussement d'Aewyll. - Tu y crois vraiment ? dit-elle avec lavoixde Brume. Je la regarde. Aewyll marche à nos côté, la seule grâce de ses mouvements me transperce mon coeur, tant il à la fois ils sont inhumains et me rappellent pourtant Aube Grise. (...)
Mes mains ont envie d'étreindre la Raksha, mes lèvres de la saisir et mes entrailles de la prendre. - Promet-le moi. Résonnant après la sienne, mavoixme fait l'effet d'un croassement de corbeau. Son regard caresse mon corps plus intimement que n'importe quelle amante, avec plus d'affection cette mère que je n'ai jamais vraiment connue. Je ferme le poing. Lavoixde la Princesse Bleue s'échappe de la bouche d'Aewyll. - Je te promets de veiller sur elle, et de ne pas lever la main sur elle tant qu'elle ne me nuira pas d'aucune manière. (...)
Il y a un petit rocher près du sommet de la colline, je m'y glisse et j'attends tout en espérant qu'ils n'ont rien changés à leurs mauvaises habitudes. Manifestement non. J'entends les sont produits par une paire de gardes, desvoixd'hommes, discutant de semailles, de femmes et de bêtes, des conversation de paysans qui viennent, et surtout s'en vont. (...)
Je roule à terre pour me jeter à l'écart, et pose les yeux sur la chose l'explosion à éclot comme une fleur des plaine, révélant un enfant ailé, tout de lumière prismatique, volant tout près de moi, irréel, ridicule. Lorsqu'il parle, il a unevoixd'homme, une de cesvoixqui vous prend à la gorge, calme et froide. « Pars, Ciel Noir, laisse la nation du vent. Pars et je t'oublierai, je t'épargnerai. (...)
Je lève un bras pour me protéger, mais l'explosion est sans danger. Je souris. Peut-être est-ce l'allure du messager, peut-être le ton de savoixou le contenu de ses paroles, mais quelque chose dans ce message éveille mon instinct de chasseur, et lorsque je reprends mon chemin, j'accélère mon allure. (...)
» « Enfin une menace un peu convaincante ! » dis-je pour moi-même. Je reprends mon chemin, et je laisse lavoixde l'ange et le reste du message se perdre dans le vent. Je cours pour gagner le plus de distance possible, et j'avance d'un bon kilomètre ainsi lorsque tout à coup, le vent cesse complètement et le silence envahit la plaine comme la mort, seulement rompu par le bruit de mes pas et ma respiration. (...)
Dans mon dos, l'étourdi se redresse lentement, tente de s'éclipser, mais on n'est pas très discret lorsqu'on porte une cotte de maille et qu'on rase les murs. Je ne me retourne pas, mavoixs'élève au-dessus du grondement de l'incendie, ferme et glacée. - Plus un pas. Je me retourne vers lui, mon anima l'aveugle et il lève les mains autant pour se protéger de la lumière et de moi que pour se rendre. (...)
Je t'ai laissé une chance, tu aurais pu partir, mais tu n'en as fait qu'à ta tête. C'est le destin, j'imagine. Savoixest froide, glacée. Je sue à grosses gouttes. Je sens la mort s'approcher près de moi, soulever des brises trompeuses pour m'égarer. (...)
Il me glisse presque entre les doigts, vif comme un poisson, mais je ne le lâche pas. La rage au ventre, ruisselant de sang, je lui grimpe dessus. Mavoixest un grognement de bête. - Pourquoi ? Je frappe, son masque se brise, le sol s'affaisse sous nous. (...)
Son visage est dévasté, un de ses yeux explose sous l'impact. - Pourquoi ? Il lâche un râle de douleur. Je crois l'entendre dire « stop » ou « arrête. » d'unevoixemplie de pouvoir, de douleur et de sang. Je l'ignore. Je pleure comme un enfant. - DIS MOI POURQUOI ? (...)
ce regard concentré sur une chose hors de portée de tout... « Vous l'avez tué... par les dieux, vous l'avez tué » répète-t-elle. Cettevoix, chargée de tristesse et de mystère me percute, me ramène au monde. Je la connais. Brume ! Des femmes la poussent vers moi. (...)
Qu'aucun autre habitant du village, n'avait survécut, et tu es là ! Merci ! Mais elle ne m'écoute pas, savoixest une rivière sans fin de supplication. - Il l'avait vu ! Il avait vu que tu causerais sa mort. (...)
Je souris, la jeune fille est sur le point de me briser le coeur par sa beauté. - Tout va bien, dis-je de mavoixla plus rassurante, c'est fini. C'est pour ça qu'il a détruit le village, il avait vu sa mort.. (...)
Ses yeux s'agrandissent de terreur tandis que les autres femmes autour d'elle s'agenouillent devant nous. Lavoixde Brume s'étrangle. Il ne me reste plus que quelques questions à lui poser. - Tu savais pour le village ? (...)
Lorsque nous sortons, la populace de tout ceux qui ne nous ont pas fuit nous suit. Je me retourne vers eux et je domine le hurlement des vents d'unevoixforte : - Je n'étais venu que pour votre maître ! Vous avez vu ce qui est arrivé à ceux qui se sont interposés. (...)