Cil
sur La Page à Papat
Cette nouvelle de Cugel L'Astucieux, intitulée CIL, se situe aprés le chapitre , 'Le monde Supèrieur'. Lugubre et languissante, la nuit s'avançait sur les terres en friche du septentrion comme le sang qui s'écoule d'un animal à l'agonie. Le crépuscule surprit Cugel alors qu'il traversait péniblement un marais salant. Dans la sombre lumière rouge de l'aprês-midi, il s'était égaré, il avait d'abord gravi une pente douce, puis rencontré un sol humide avant de s'enfoncer dans un terrain spongieux ...Contient : créature (21)(...) Cugel dégaina son épée et, avec une prudence extrême, s'avança à pas de loup. Il atteignit la première silhouette accroupie et enfonça le fer dans son cou rugueux. Lacréatureécarta brutalement les bras, se traîna sur le sol et expira. Cugel arracha sa lame et l'essuya sur le cuir du cadavre. (...)
Peut-être as-tu une dernière chose à me dire là dessus ? - Une dernière chose, en effet. Je te montre mon unique trésor. Lacréaturetâtonna dans sa bourse pour en sortir un galet blanc tout rond. - Voici la pierre crânienne d'une épouve. (...)
Un étranger vous parle et attend avec angoisse qu'on lui indique la route pour Cil entre autres choses d'importance ! A son tour, une autrecréatureentrebailla sa coquille : à l'intérieur, une autre paire d'yeux brillait dans l'ombre. - Peut-être ne savez-vous rien ? (...)
Cugel les écoutait parler du flot de l'océan, de la saveur des perles, du caractère insaisissable de certainecréaturemarine qu'ils avaient remarquée la veille. Quelques minutes plus tard, Cugel orienta une fois encore la conversation sur Slaye et l'amulette, mais les êtres-coquillages restaient évasifs et presque puérils tant leur conversation était décousue. (...)
Les quatre créatures partirent d'un rire espiègle et lorsque Cugel, furieux, s'avança vers elles, leurs coquilles se fermèrent avec un bruit sec. Cugel donna un coup de pied dans la coquille de lacréaturequi lui avait remis le vêtement. II se fit mal au pied, ce qui ne fit que décupler sa rage. Il s'empara d'une lourde pierre et la projeta sur la coquille qui s'écrasa. Cugel empoigna lacréaturequi poussait des cris stridents et la ieta au loin sur la plage. Elle resta étendue, les yeux fixés sur lui, sa tête et ses bras menus mêlés à ses entrailles. (...)
Je te ferai remarquer que je suis trempé jusqu'aux os. - Ce n 'était qu 'une plaisanterie, une chose sans importance, vraiment. Lacréature-coquillage parlait d'une voix éteinte. Nous autres, habitants des rochers, nous connaissons peu de magie, mais on m'a don né le pouvoir de maudir, et voici les paroles que je prononce : - Puisses-tu ne jamais réaliser ton voeu le plus cher, quel qu'il soit. (...)
J'en ai delà neutralisé deux aujourd'hui, faut-il qu'une autre m'accable maintenant ? - Celle-là, tu n'y échapperas pas, murmura lacréature-coquillage. Telle est ma dernière volonté. - La malveillance est une chose déplorable, dit Cugel d'un ton agité. (...)
Je doute de l'efficacité de votre sort , néanmoins, il serait sage d'assainir l'atmosphère en retirant vos paroles et ainsi de regagner la bonne opinion que j'avais de vous. Mais lacréature-coquillage ne dit plus rien : elle expira dans une flaque de vase trouble et fût avalée par le sable. (...)
A contre-coeur, Cugel abandonna le projet , néanmoins, cela lui suggérait un moyen de réduire à néant la malédiction de lacréature-coquillage. - Si je dois être privé de mon plus cher désir, se dit Cugel, il serait judicieux que je me fixe un nouvel objectif, une nouvelle passion ardente, ne serait-ce que pour une journée. (...)
Et Cugel en vint à se demander s'il ne devait pas reporter son choix sur un autre voeu : le désir de maîtriser les techniques du dressage d'animaux, par exemple, ou l'envie irrésistible de devenir un acrobate accompli... A contre coeur, Cugel abandonna ce projet. De toute façon, l'efficience du sort jeté par lacréature-coquillage restait à démontrer. Un sentier partait de la plage pour déboucher sur des buissons et arbustes parfumés : dymphianes, héliotropes, arbres à coings noirs, massifs de haute végétation, vcrverica aux frais ombrages et amanita en fleur. (...)
- Je suis un voyageur, je souhaiterais trouver un abri pour la nuit et rapidement. car une horriblecréatureapproche. L'oeil réapparut derrière le judas, balaya attentivement la terrasse puis fixa Cugel à nouveau. (...)
- Je n'en ai pas, répondit Cugel - II jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. - Je préférerais de beaucoup en parler à l'intérieur, car lacréatures'approche pas à pas de la terrasse. Le judas se referma. Cugel observa la porte blanche. Il cogna le marteau tout en scrutant les ténèbres. (...)
Alors même qu'il fermait, on entendit un craquement et une pression se fit sentir sur la porte. Le valet de pied donna un petit coup de poing sur la porte. - J'ai encore refoulé lacréature, dit-il avec satisfaction. Si j'avais été moins rapide, elle vous sautait dessus, ce qui nous aurait tous deux beaucoup contrariés. C'est mon jeu favori, maintenant, de priver lacréaturede ses plaisirs. - Vraiment, dit Cugel, respirant avec difficulté. Mais de quelle sorte d'être s'agit-il ? (...)
Plusieurs de mes collègues ont eu des raisons de s'en plaindre : en fait, tous sont morts victimes de ses crimes odieux. Voici pourquoi, maintenant, je me distrais en narguant lacréatureet en la contrariant. Le valet recula pour examiner Cugel attentivement. - Et vous ? Votre façon d'être, l'inclinaison de votre tête, la mobilité incessante de votre regard, dénotent votre insouciance et votre tempérament imprévisible. (...)
Il se leva d'un bond. - Qu'ai-je besoin de magie quand je peux brandir l'épée ? Je tailladerai les organes de lacréaturel'un après l'autre. Il fit signe aux six gardes en armure de bronze qui se tenaient à proximité. (...)
- Lorsque j'ouvrirai en grand les battants, précipitez-vous avec vos torches pour éclairer la maléfiquecréature! Gardez vos épées sorties, ainsi lorsque je ferai chanceler le monstre, vous pourrez lui donner le coup de grâce ! (...)
Cugel jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule et vit Derwe Coreme, dans l'embrasure de la porte, qui observait la scène avec une attention soutenue. - En avant ! cria-t-il. Cernez cette misérablecréature. La mort est déjà sur elle ! Les hommes d'arme descendirent les marches avec précaution, suivis de Cugel. (...)
Derwe coreme s'agrippa au bras de Cugel, s'efforçant de voir l'amulette. - Tes ordres sont inutiles sauf si tu appelles lacréaturepar son nom. Nous sommes tous perdus ! - Donnez moi son nom ! s'écria Cugel. Conseillez-moi ! (...)
- Qu'adviendra-t-il d'elle ? - Vous serez bannis tous les deux. Et maintenant, l'amulette, car voici le démon. Lacréaturenoire les dominait de très haut : en toute hâte, Cugel remit l'amulette à Slaye, qui poussa un cri perçant et toucha une escarboucle. (...)