Souvenirs d'un rêve passé (1)
sur L' Omnirêve
Le temps était plutôt frisquet pour cette fin du mois de la Couronne. Déjà, dans les nids des hirondelles, on commençait à entendre le piaillement plaintif des oisillons affamés, eux dont le plumage apparaissait à peine. C'est avec le soleil que s'était levé le vieux Tob ce matin-là car, comme chaque jour, ses vaches demandaient à aller paître dans les champs dès la première lueur de l'aurore. Tob aurait bien aimé les laisser à l'extérieur la nuit mais, avec les groins qui avaient été récemment aperçus ...Contient : lac (4)(...) Bramirdor était jadis une contrée prospère, dont tous les habitants étaient particulièrement enjoués et travaillants. Un jour cependant, un grand malheur vint bousculer la vie de Bramirdor. Dans lelacqui était juxtaposé aux maisons et aux champs de ce pays apparut une énorme créature sans pitié: un buvard. (...)
Celui-ci savait parler et s'adressa aux habitants de Bramirdor en les menaçant de ceci: si on ne lui livrait pas un jeune homme ou une jeune femme au début de la vingtaine à chaque premier jour de l'année, celui-ci remonterait le cours de la rivière jusqu'à sa source et boirait son eau jusqu'à ce que tout le peuple de Bramirdor meure de la famine qui sévirait à ce moment-là, lelacet sa rivière étant l'unique source d'eau potable à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde, et les habitants de Bramirdor ignoraient comment faire des puits. (...)
Au début, les gens rirent bien de cette menace faite par le buvard mais, quand vint la date fatidique, ils purent observer que plus une seule goutte d'eau ne parvenait de la rivière qui alimentait lelacet que celui-ci s'asséchait à vue d'oeil. On désigna alors une jeune personne au sort et, muni d'un énorme porte-voix, le roi de ce pays fit savoir au buvard que l'on avait son gage pour l'année. (...)
Il en répandit partout et, voyant les bouleversements qui se produisaient dans l'estomac, se sentit aspiré vers l'extérieur et fut renvoyé avec énormément de puissance de la bouche du buvard, tellement qu'il n'atterrit que plusieurs centaines de mètres plus bas, dans lelac. Furieux, le buvard se retourna vers la source mais, avec tous ces gargouillements dans son estomac, se sentit incapable d'avaler la moindre goutte d'eau. (...)