Récits nocturnes : 1 - La croix, le sable, et le sang
Contient : compagnons (4)(...) La vue qui s'offrait à mes yeux constituait bien le spectacle merveilleux et époustouflant que j'avais attendu durant des mois et des mois, frôlant la mort à de nombreuses reprises, et tous mescompagnonsn'avaient pas eu cette chance. Voilà maintenant plus de trois années que la volonté de servir Notre Seigneur m'a fait quitter mon épouse, mes deux enfants, ma demeure, ma ville, mon pays. (...)
Mais il s'est passé tant de choses depuis cet instant où j'ai quitté ceux que j'aimais plus que tout au monde pour rejoindre mescompagnons. Cet hiver-là ne fut pas très clément, et le froid attaquait durement nos chairs déjà meurtries par le vent, la pluie, et par la marche dans les bourbiers et dans la neige, mais nous trouvions du réconfort et de la chaleur dans le but qui nous unissait tous. (...)
Une fois passés sur la rive orientale du Bosphore, nous avons commencé à subir le harcèlement des tribus turques. Nombreux furent lescompagnonsque j'ai vu périr sous les coups de leurs lames courbes. Mais nous avons pu les repousser et continuer notre progression à travers l'Anatolie. (...)
Mais aujourd'hui, en cette fin d'après-midi, je peux enfin contempler le but de mon voyage, comme ceux de mescompagnonsqui ont fait face à tous les dangers sur notre route, et qui y ont survécu par la grâce de Dieu. (...)Jérusalem, le Vendredi 15 Juillet 1099. C'était comme une libération, un sentiment étrange qui me faisait oublier le vacarme alentour. Plus rien ne comptait, comme si ce moment devait demeurer à jamais en dehors du temps. La vue qui s'offrait à mes yeux constituait bien le spectacle merveilleux et époustouflant que j'avais attendu durant des mois et des mois, frôlant la mort à de nombreuses reprises, et tous mes compagnons n'avaient ...