Le jeu de rôle : entre dimension sacrée et manifestation
de nos archétypes ?sur Studio09 au format
Contient : rôle (16)Le jeu derôle: entre dimension sacrée et manifestation de nos archétypes ? Le jeu derôlea plusieurs dimensions. Il s'agit tout d'abord d'un jeu coopératif pour lequel les participants, sous la direction d'un « maître de jeu » (parfois appelé « conteur »), endossent lerôled'un personnage imaginaire évoluant dans un univers fictif et structuré, pouvant toutefois reposer sur des références « réelles » (période historique ou contemporaine, mythes au sens large du terme, nous allons y revenir). Ce jeu, dans sa dimension traditionnelle, se déroule en un « temps » et un « lieu » délimités ; il peut être assorti d'accessoires (figurines, cartes, plans, fonds sonores). (...)
Il peut être aussi « grandeur nature », totalement in vivo, avec costumes et accessoires, un cadre reconstitués et en temps réel. Le jeu derôlea également une dimension dramatique, car il met en scène une histoire, un récit auquel participent activement les joueurs. (...)
Les échanges ludiques créent, et c'est le but premier, un plaisir, celui du divertissement : car le participant vit ce moment comme une rupture avec le quotidien. Le succès du jeu derôlene peut s'expliquer uniquement que par sa seule dimension ludique ; il en existe probablement une autre, cachée et inconsciente, qui expliquerait pourquoi inconsciemment nous y jouons et certainement pourquoi ce jeu, loin d'être superficiel, suscite un tel engouement chez ceux qui le pratiquent. (...)
Cet auteur est toujours une référence, bien que nécessairement critiqué, car son travail de portée universelle sur les religions a permis d'en dégager les grands principes. Quel est le rapport entre le jeu derôleet le religieux ? Pensez-vous peut-être que j'essaye de vous embrigader dans une secte rôlistique ? (...)
Les pratiques religieuses des cultures de chasseurs-cueilleurs (et des religions révélées) ont des similitudes avec le jeu derôle: présence d'un intercesseur qui « sait », d'un univers imaginaire, de participants initiés (puisque membre d'un groupe pratiquant « ce » jeu), d'un espace et d'un temps du jeu en rupture avec le quotidien, etc. Le jeu derôleseraitil une activité aux racines sacrées qui serait devenue profane dans un « monde désenchanté » ? (...)
L'analyse herméneutique des mythes dévoile souvent des préoccupations propres aux sociétés de chasseurs-cueilleurs, qui n'ont plus lieu d'être dans nos sociétés contemporaines sécurisées7 : les mythes connaîtraient un phénomène de « dégradation » et de « désacralisation », les pratiques jadis « sacrées » deviendraient « profanes ». A présent, revenons au jeu derôlecontemporain et passons en examen certaines caractéristiques de celui-ci, au regard de nos observations précédentes : Penchons nous en premier lieu sur lerôledu « conteur ». Caché derrière son écran (ce qui marque une rupture entre l'espace réservé au joueurs de celui qui « sait » (qui connaît les « mystères »), c'est celui qui transmet les connaissances inspirées du livre de règles et de l'univers du jeu (il « sait » d'autant plus qu'il peut être aussi le créateur du scénario, voire du jeu). (...)
Ces « mondes » trahissent autant des préoccupations anciennes que contemporaines8 : ils sont situés dans la zone floue, séparant la science exacte de l'ignorance totale. Le jeu derôleest une projection de nos fantasmes et de nos peurs, souvent puisés dans nos archétypes9 . Prenons l'exemple du jeu Vampire : la Mascarade. (...)
Le mythe du vampire a connu un regain avec la trilogie de Anne Rice, publié à partir de 1991, précisément au moment de la « grande peur » du SIDA (une dizaine d'années après la constatation des débuts de l'épidémie aux EtatsUnis en 1981). D'autres thématiques récurrentes du jeu derôle(et des romans et des films d'anticipation) : la génétique, la fin du monde, etc., c'est-à-dire nos craintes intimes réactualisées avec les dangers contemporains. Le jeu derôleserait peut-être un moyen d'exorciser ces peurs. Ces thèmes portent en eux un message subliminal, celui de la régénération, et au sens large de l'éternel recommencement (Le mythe de l'éternel retour). Bien que le jeu derôlen'ait rien de religieux dans le fond, il en présente certains aspects, certaines formes. L'humain a besoin pour vivre (et aussi pour se dépasser) de constructions symboliques. (...)
Toutefois, il n'est pas que la religion qui s'appuie sur des symboles (la politique en est le meilleur et le pire des exemples).... Il est donc difficile d'affirmer que le jeu derôlea des racines sacrées ou religieuses. Le jeu derôlereste avant tout un jeu, mais nous avons vu ici qu'il est loin d'être un divertissement banal, dont les racines sont aussi anciennes que l'Homme. Rémy Valat. (...)Le jeu de rôle a plusieurs dimensions. Il s'agit tout d'abord d'un jeu coopératif pour lequel les participants, sous la direction d'un « maître de jeu » (parfois appelé « conteur »), endossent le rôle d'un personnage imaginaire évoluant dans un univers fictif et structuré, pouvant toutefois reposer sur des références « réelles » (période historique ou contemporaine, mythes au sens large du terme, nous allons y revenir). Ce jeu, dans sa dimension traditionnelle, se déroule en un « temps ...