L'âge de la guerre - Ailen Beli
Pour apprécier pleinement ce récit, il est préférable de lire avant : Cromh le gardien du troupeau. Jamais le manteau de neige n'avait été aussi épais et jamais la neige si brillante. Les gardes emmitouflés dans de lourdes fourrures devaient plisser les yeux et masquer le soleil de leur main pour pouvoir à peine distinguer la silhouette de celui qui approchait. La longue cape qui le couvrait entièrement était si blanche qu'elle se confondait avec la neige. « Halte là ! » cria le premier garde ...Contient : homme (13)(...) Vous autres, gardez un oeil sur lui, je vais voir Gix, notre chef. » Le garde se retira rapidement laissant là ses deux compagnons. L'hommeà la cape blanche ne bougea pas d'un cil en attendant, mais aucun des deux gardes ne put vraiment « garder un oeil » sur lui. (...)
» « C'est vrai, personne ne sort par un temps pareil, à part les fous et les lapins... » Une puissante voix tonna alors: « Et lequel des deux penses tu que cethommesoit ?? Imbécile !! Présentes lui immédiatement des excuses avant que je ne t'apprenne la politesse à ma manière ! (...)
» L'ombre de Gix Petit-Géant couvrait maintenant les deux gardes et celui qui avait parlé en dernier commença à balbutier des excuses maladroites à l'étranger mais il ne put les finir, d'un revers de main, son chef l'avait projeté dans la neige à quelques pas de là. Il ne se releva qu'avec peine et l'aide de son compagnon de garde. Gix se tourna alors face à l'hommeà la cape blanche et leva son bras pour masquer ses yeux. « Qui que tu sois étranger, acceptes mes excuses et celles de cet idiot ! (...)
» Gix conduisit donc l'étranger à travers le village, tout en le lui décrivant avec fierté. Dans la nuit, la silhouette de l'hommeétait très sombre et, encore une fois, il était difficile de la cerner avec précision. « Tu es plus grand que je ne l'imaginais étranger ! (...)
Après quelques notes, la musique emplit la salle et captiva chaque oreille, chaque esprit, chaque coeur. L'hommeretira alors sa capuche. Il était d'une incroyable beauté, ses yeux clairs comme de l'eau de source semblaient aussi blancs que sa peau et ses traits parfaits ne semblaient emprunts d'aucune émotion. (...)
Ainsi se passa la soirée, dans la tranquillité de l'hiver et la chaleur du Village de Cyannus. « Qu'en penses tu Druide ? Je n'arrive pas à m'enlever de l'idée que cethommeest étrange et qu'il va se passer quelque chose ! » Gix était assis dans la hutte du Druide, il était très tôt et il avait laissé son invité dans sa propre demeure pour venir consulter son vieil et sage ami. « Je n'ai pas vu cethommepour ma part. Si tu avais des doutes, pourquoi ne pas l'avoir amené devant moi ? A quoi ressemble t'il ? (...)
L'instant de stupeur passé, plusieurs guerriers et chasseurs se précipitèrent vers l'étranger en criant le nom de leurs Dieux. En un furtif mouvement, l'hommeanima les plis de sa cape et la plupart des hommes s'arrêtèrent ou trébuchèrent, aveuglés dans leur course. (...)
« Tu as peut être été insulté par trois fois », la voix de Gix contenait une rage profonde, « mais j'estime que tu as suffisamment bien été traiter pour ne pas te permettre d'assassiner mes hommes. Si tu es l'auteur du carnage, alors tu n'es pas unhommeet il ne sera pas dit que Gix Petit-Géant n'aura pas châtié un monstre meurtrier qu'il aura croisé » Gix poussa alors un hurlement terrible, soutenu par les hurlements des dizaines de guerriers qui se tenaient derrière lui. (...)
Soudain, dans un fracas assourdissant, le bouclier d'argent se brisa en trois morceaux égaux. Ailen ne vacilla pas mais s'arrêta de marcher et se tourna vers l'hommequi se tenait maintenant devant lui. « Je suis Laëg, le forgeron de Cyannus ! Ce marteau que je tiens je l'ai forgé dans les feux de Goibniu lui même, aucune lumière ne peut être plus intense que ces feux ! (...)
La seule vue de tes plumes fera fuir tous les animaux d'Erin avant que tu ne puisses les atteindre. Alors je deviendrais invisible aux yeux des hommes comme des bêtes. Unhommecroisera ta route, et son compagnon aura le pouvoir de briser ta magie. Aucunhommeaccompagné d'un autre ne croisera plus ma route. Celui qui prononcera trois fois ton nom s'attirera les faveurs de ses Ancêtres et aura la force de te vaincre. (...)
Alors je me ferais sourd à la langue des hommes et n'entendrais que celle des bêtes. Tu seras prisonnier en un lieu qu'aucunhommeou aucune bête ne pourra atteindre. Alors viendra un hiver et les Fées qui le peupleront me reconnaîtront et auront le pouvoir de donner au Géant la force de se libérer, que je puisse ainsi accomplir la vengeance que je vous ai promis. (...)