Ulhail le magnifique
Au travers des fougères au côté des chênes centenaires, cheminant à pas de loup l'oeil aux aguets, Ambix, chef du village des Trois Chants paraissait poursuivre quelques proies tapies sous les frondaisons. Nul ne semblait remarquer la présence de l'intrus ; les éperviers poursuivaient avec entrain leurs chants matinaux sous la douce caresse d'un vent espiègle et taquin. L'homme, un colosse de près de deux mètres de haut, était vêtu de braies de lin malodorantes, d'une épaisse tunique de laine défraîchie ...Contient : esclave (7)(...) Il avait décidé ce jour là d'amener sa fille Vevina dont le pas est plus léger que celui d'une biche et sonesclaveUlhail. Après avoir cheminé sur un pierrier où il devait faire attention à chaque pas à ne pas trébucher sur la pierraille instable, Ambix suivait à présent et depuis le petit jour, un dénivellement particulièrement pentu. (...)
« Vevina, rapproche-toi de moi ! » lança-t-il d'une voix mal assurée. La jeune fille se plaça dos à son père. De son coté, le jeuneesclaveétait comme tétanisé. Lui aussi ressentait de plein fouet le sourd danger qui planait au-dessus de leurs têtes, mais il n'avait l'expérience de son chef. (...)
Ce dernier se mit à gémir doucement, des larmes de souffrance coulèrent rapidement le long de son visage. Entendant les pleurs de sonesclave, Ambix au prix d'un incroyable effort de volonté réussit à briser le charme néfaste. Le chasseur tomba à genoux dans l'herbe froide. (...)
L'esprit encore embrouillé il porta son attention sur sa fille qui n'avait pas esquissé le moindre geste, puis vers Ulhail. Le visage de l'esclaveétait méconnaissable, ses yeux atteints d'une rougeur malsaine. On aurait pu croire que ses paupières avaient été gravement brûlées. (...)
Au son de cette voix l'être fut pris d'un violent soubresaut et concentra aussitôt son attention sur le vieux chasseur. Le lien qu'il avait de force établi avec le jeuneesclavese brisa par la même occasion. A son tour Ulhail s'écroula sur le sol, haletant et le visage congestionné. (...)
« N'ais crainte père, je n'ai rien » lui murmura Vevina. Rassuré, le chef du village des Trois Chants se retourna alors vers sonesclaveet lui saisit la main de sa poigne imposante et l'aida à se relever. « Ulhail, tu ne feras jamais un bon chasseur, mais aujourd'hui tu as sauvé ce que j'ai de plus cher en ce monde. (...)
Plus jamais je ne te ferai de remontrance car ma fille est désormais ta femme. Plus jamais tu ne serasesclavecar je t'affranchis Ulhail le magnifique ! »