Bushido (3/3)
sur Pénombre au format (22 Ko)
La senteur des pins sous la pluie. Mes pieds nus qui s'enfoncent dans le sol boueux et détrempé. J'inspire à pleins poumons l'air aux parfums si précieux. Ces parfums qu'un jour, il me faudra détruire. Avec le reste. Ephémère beauté, plus précieuse que la vie par sa nature fuyante. Joie de la surprise sans cesse renouvelée devant l'infinie diversité du monde a dit le poète. La pluie reprend, doucement. Et je laisse les kami de l'eau ruisseler le long de mon corps, comptant les milliers de brèves ...Contient : yeux (8)(...) Et je laisse les kami de l'eau ruisseler le long de mon corps, comptant les milliers de brèves agonies lorsqu'ils entrent en contact avec mon épiderme. Je rouvre lesyeux. Ils sont loin, tout au moins ils aimeraient le croire. Il me suffit de tendre l'oreille par delà le ruissellement de la pluie et les millions de chocs des gouttes sur les aiguilles et les branches pour entendre le bruit de leur course. (...)
La femme court de toutes ses pauvres forces, trainant le garçonnet qui ne parviens pas à la suivre mais qu'elle arrive à tirer derrière elle poussée par la peur. Je ramène près de mesyeuxla lame de mon sabre, pour voir que l'eau tombée du ciel a déjà lavé le sang. Il est temps de poursuivre ma mission. (...)
Vérité tranche sa tête et la gerbe de sang nous éclabousse l'enfant et moi. Comme je m'y attendais, il ne pleure pas. Sesyeuxsuivent simplement le corps décapité de sa mère alors qu'il s'effondre doucement. Le sang jaillit par flots saccadés de la nuque béante et souille l'enfançon qui ne bronche pas. Puis, il lève lesyeuxvers moi. Il me suffirait d'un geste pour me saisir du garçonnet, avant de m'en retourner vers mon maître. (...)
Alors que là-bas, tout ce qui peut encore bouger doit être en train de se blottir dans la moindre infractuosité, dans l'espoir de ne pas être écharpé par la force de ses hurlements. Je met un genou à terre et je scrute plus attentivement lesyeuxdu garçon. Lesyeuxdu descendant de Shinsei. Lesyeuxde Shinsei lui-même. Il tend doucement la main vers moi et tout aussi doucement, je prends les petits doigts dans les miens. Et nos volontés se rencontrent. Comme deux facettes d'une même pièce, deux mains d'un même corps, nous nous reconnaissons. (...)
Non pas parce qu'il a le pouvoir de m'y contraindre mais simplement parce que sa volonté me suffit. Je ne sais pas s'il comprendra mais cela aussi est de peu d'importance. J'ai vu lesyeuxde Shinsei et j'ai su que cette fois encore, nous ne parviendrions pas à le faire plier. Que ce vieux désir de vengeance restera une fois encore inassouvi. (...)