Chapitre VIII – le Siège de Shiro Kuni
sur Pénombre au format (40 Ko)
Nous pensions rentrer au palais du Champion d'Emeraude, notre mission accomplie. Il était fort probable que je sois promu au rang de magistrat, à moins qu'on nous place sous l'autorité d'un homme à la recherche de quelques yoriki qualifié. Mais il est des puissances dans l'Empire qui agissent souvent de manière inattendue. Nous venions juste de partir avec la famille de Shironage-san lorsque le temps commença à changer. Sur la route, les nuages s'amoncelèrent et rapidement, il se mit à pleuvoir ...Contient : hommes (15)(...) J'ai pu voir le crâne de Mangeur, l'oni légendaire. Il trône au dessus de la porte de Kyuden Hida. Deuxhommesauraient pu entrer de front dans la gueule du monstre quand il était vivant. L'histoire dit que plusieurs centaines de bushi sont morts en l'affrontant lors de la bataille ou il fut vaincu. (...)
Je crois superflu de préciser que j'eus du mal à dormir cette nuit. Le ciel était encore gris lorsque nous avons retrouvé le général Hiruma Makasu-sama et seshommes. La patrouille forte d'une vingtaine de samurai comptait dans ses rangs un shugenja Kuni voué à la protection des provisions, Daidoji Jinshi et Hida Shiroi. (...)
Non pas que le terrain soit particulièrement difficile mais surtout à cause de l'air lourd et vicié que nous étions forcés de respirer. Il faut croire qu'en dehors des serviteurs de Fu Leng, de ses créations insanes et deshommes-rats, seuls leshommessont assez fous pour s'aventurer dans l'Outremonde car aucun animal, cheval, chien ou faucon ne veut y pénétrer. Ceux que l'on force à parcourir ces terres ne tardent pas à succomber pour rejoindre à leur tour les serviteurs du Sombre Seigneur. (...)
C'est Hida Shiroi qui a donné ordre de faire retraite. En tant que neveu du Champion du Clan du Crabe, il avait assez d'ascendant sur leshommespour qu'ils lui obéissent bien que leur général n'ait quant à lui absolument rien dit. C'est moi qui ai porté le premier coup contre l'ogre qui nous empêchait de rebrousser chemin et Daidoji Jinshi le tua prestement avant que la bête ne puisse contre-attaquer. (...)
Nos éclaireurs repérèrent juste à temps la bande de zombies, autrefois une patrouille du Crabe, qui se dirigeait vers nous dans la brume. N'ayant que peu d'hommesencore valides, nous avons couru aussi vite que possible et sommes parvenus à les semer. Je crois que c'est bel et bien la première fois de ma vie que j'ai fui avec autant de constance et sans en éprouver la moindre honte. (...)
L'être n'était pas le grand ogre auquel nous nous attendions mais une abomination ventrue dont la gueule faisait deuxhommesde hauteur, qui se traînait et tendait vers nous de grands bras griffus et avides. Un oni. Plus tard, on nous a dit que c'était un Oni no Tsuburu, un descendants d'un des Seigneurs Oni de sinistre mémoire. (...)
Les survivants d'une patrouille affectée à une autre mission étaient revenus durant la nuit qui avait suivi notre retour. Seshommesprétendaient que rien ne laissait penser à un rassemblement des forces ennemies dans les parages de Shiro Kuni et il était question qu'Hiruma Makasu les fasse exécuter. (...)
Et Hiruma Makasu songeait encore à envoyer du monde là-bas, un groupe d'une cinquantaine de combattants. Une folie à en croire les vétérans auxquels nous avions parlé. Trop d'hommespour se déplacer sans attirer rapidement l'attention. Trop peu pour avoir des chances de survivre une fois cette attention retenue. (...)
Plus grave encore, nombre de samurai de sa propre famille semblaient décidés à le suivre et leur exemple galvanisait la plupart des autreshommes. A en croire Hiruma Makasu, il fallait dégarnir le Mur des Bâtisseurs et lancer toutes les forces disponibles contre le château des Hiruma pour briser l'armée avant qu'elle ne puisse passer à l'attaque. (...)
A la lumière des sorts de Feu des shugenja, éclairés par les flèches enflammées, les braseros au sommet du Mur et les explosions de magie, nous les avons repoussé. Les zombies puants qui avaient été deshommescomme nous, les gobelins criards innombrables, les ogres qui beuglaient en brisant les armures et les corps avec leurs masses titanesques. (...)
Notre chef était visiblement fou mais ses talents de stratège n'étaient pas affectés par sa folie qui inspirait le courage à seshommes. Dans la journée du lendemain, il fut question de lancer une contre-attaque. Nous étions hébétés, les plus chanceux avaient pu dormir une heure ou deux, nombre d'entres nous étaient blessés ou choqués par les abominations que nous avions vu à la lueur des torches et des sorts. (...)
Avec le jade, le cristal, le feu et l'acier nous les avons affrontés. Shironage-san défit un oni en combat singulier. J'ai rallié à deux reprises deshommesau bord de la panique et nous avons tenu notre section du mur; Matsu Shimesu sur mes talons. Akira-san a vaincu une escouade complète de zombies en armure. (...)
Il était effectivement encore plus imposant que son fils et je comprends aisément qu'il soit considéré comme le guerrier le plus redoutable de l'Empire par de nombreuxhommes. Il parla très peu et sèchement mais il donna des ordres déterminants. Nous devions rester aussi près que possible du général Makasu. (...)
Et c'est gràce à Mirumoto Akira et moi qu'elle ne tourna pas au cauchemar. Car le général Hiruma Makasu devint bel et bien fou. Au plus fort de la mêlée, il tua ses propreshommeset se précipita vers les portes au pied de la muraille du sud. Pour les ouvrir. Malgré sa puissance et sa folie, il fut vaincu par Mirumoto Akira-san qui le tua. (...)