Celui qui défiait la légion du Crépuscule
« La route vers le succès est souvent celle qui se dissimule le mieux à nos sens. » -Gil Galad Pointe d'Argent. Je voyageais déjà depuis deux jours en compagnie d'Ombre Blanche et au fur et à mesure de notre avancée, les Monts Throal ne cessaient de gagner en immensité sur la ligne de l'horizon. Les évènements récents qui avaient vu la libération des caravaniers du kaer Keroll avaient profondément bouleversé notre existence. En ce qui me concerne, une subtile odeur de cannelle m'entourait désormais ...Contient : coeur (7)(...) Le soleil couchant parait son corps de reflets dorés et orangés, Ombre Blanche s'éleva en haut d'un rocher de grande taille et entonna d'une voix claire et cristalline : « Nous étions jeunes et larges d'épaules Nous attendions que la mort nous frôle Nous avons été libéré de notre geôle Nous avons rejoint les bras d'Eole » Cet instant était un de ceux comme seul Barsaive pouvait en produire, les larmes de prose déversées par l'elfe sur les plaines désertiques throaliques avaient dû même émouvoir les Passions, tant et si bien que jusqu'au lendemain l'apaisement de Garlen berça notrecoeur. Notre retour à Grand-Foire s'effectua au mieux et tandis que je me séparais d'Ombre Blanche, je décidai comme à mon habitude de louer les services de logement de la Guilde des maîtres d'armes de la capitale, désireux de pouvoir y rencontrer le fantôme de mes nuits et la déraison de mes jours : ma tendre et douce Lady Dérobade. (...)
Les jours passaient très vite et malgré le repos que j'avais pu goûter, la déception était mienne quant à mes attentes concernant l'élue de moncoeur. Il fallait que j'agisse... je ne pouvais pas rester dans la décrépitude la plus totale à attendre que mon âme soeur se manifeste. (...)
J'avais beau calmer mes élans de fougue et essayer de me réconforter du mieux que je le pouvais, moncoeurn'en exultait que plus encore. Tandis que le désespoir frappait à ma porte, une idée salvatrice me traversa l'esprit... Prenant exemple sur Ombre Blanche et ses dernières frasques littéraires, je décidai de prendre la plume et de composer à l'intention de ma bien-aimée des vers imprégnés de la passion qui animait chacun de mes pas, de mes gestes et de mes pensées. (...)
Une journée d'intense réflexion me suffit à mettre au point un poème que je jugeais digne d'exprimer mon fol engouement. « Deux sont de remarquables maîtres d'armes Elle l'a frappé en pleincoeurde son charme Il riposte avec finesse sur ses assaillants On le nomme: Gil Galad, Pointe d'Argent Elle se dérobe pour porter son estocade Son nom est Déborah, Lady Dérobade Leur histoire est une sombre tragédie Le devoir les sépare, lecoeurles lie Je l'ai vu ce jeune maître d'armes amoureux Empreint qu'il était d'un désir fougueux Je l'ai observé cette Lady, cette Beauté Resplendissant de grâce et de volupté Ces deux-là ressemblaient à des âmes soeurs Dont les coeurs étaient en quête de bonheur L'Astral me souffle que leurs karmas sont liés Leurs filaments s'entrecroisent pour l'éternité Je chante aujourd'hui tout haut, ce poème Car il n'ose, àcoeurouvert, lui dire je t'aime...» Mais tout ceci n'aurait été qu'un vaste échec, un mémorable coup d'épée dans l'eau si la touche de génie et d'extravagance du maître d'armes n'avait pas embrasé cette intention. Ainsi mon oeuvre à la main, je pris le chemin de la Guilde des troubadours de Grand-Foire afin de louer les services d'une vingtaine d'entre eux pour qu'ils chantent mes écrits à travers toute la capitale pendant une durée d'un mois. Peut-être un jour Lady Dérobade entendrait-elle mes vers ? (...)
Cette dernière pris toutes les mesures nécessaires à la confection de mes vêtements et pris note de ma commande. Moncoeurs'embrasa pour une magnifique chemise blanche en soie thérane, un pantalon de cour noir provenant de l'Empire Théran, une veste de qualité identique et assortie à ce dernier ainsi qu'une paire de bottes de cuir noires du plus bel effet. (...)