Le Mystère de l'abbaye
sur Arnheim
Contient : église (9), eglise(...) Depuis deux bons mois, les moines avaient troqué leurs traditionnelles sandales contre des chausses rembourrées de laine, bien plus confortables et surtout bien plus chaudes. Les heures passées dans le scriptorium ou dans le froid de l'église, sans bouger de son siège, étaient assez éprouvantes et malgré l'approche de la grande messe de minuit, les esprits étaient plutôt renfrognés. (...)
En hâte, il finit d'emballer ses papiers et se dirigea en courant vers l'entrée des caves, tandis que les moines commençaient à se rassembler devant l'églisepour la messe de minuit. Il lui restait peu de temps. Les marches étaient glissantes et ruisselantes d'humidité. (...)
Enfin, après une attente insoutenable, les douze coups de minuit résonnèrent faiblement au loin. La porte allait s'ouvrir. La porte de l'églises'ouvrit violemment et alla frapper le linteau de pierre avec un bruit sourd. Aussitôt, tous les regards se tournèrent vers l'entrée et durant quelques secondes, le cantique s'interrompit. (...)
Frère Torradan venait d'entrer, l'air contrarié ; l'abbé lui lança un regard furieux. Tandis que le chant reprenait dans l'église, le bibliothécaire restait sur le seuil, à la fois furibard, humilié et ne sachant que faire ni où s'asseoir. (...)
Le tout se terminerait bien tard dans la nuit. Les paysans étaient déjà repartis, seuls restaient les hommes d'églisepour continuer l'office. Torradan était encore sous le choc de sa désillusion. La porte ne s'était pas ouverte à minuit, la dalle noire était restée immobile. (...)
Au moins n'avait-il fait part de ses travaux à personne... Le froid avait depuis longtemps envahi l'église, et déjà certains moines, affalés sur leur banc, commençaient à s'abandonner au sommeil, leur tête dodelinant par à-coups sous la pression de la fatigue. (...)
Quelques novices s'activaient pour rallumer les cierges que des souffles de vent impromptus éteignaient, et trois d'entre eux venaient de terminer l'allumage des centaines de bougies du grand chandelier, que l'on n'allumait qu'une fois l'an. Torradan le regarda, lassé, s'élever dans les hauteurs du plafond de l'église. Il fronça le sourcil ; ouvrit la bouche, médusé. 'Lorsque viendra la nuit de la naissance du Christ, l'étoile se lèvera dans les cieux et en son nom la terre s'ouvrira vers les portes du Paradis. (...)
Sous le regard étonné des quelques moines qui se trouvaient près de lui, Torradan tourna les talons avec un petit cri de joie et se rua hors de l'église. La dalle s'était enfin ouverte, découvrant un petit escalier sombre qui s'enfonçait dans les profondeurs. (...)
Torradan lisait avec curiosité, une curiosité presque malsaine selon les préceptes qui avaient guidé son éducation religieuse ; mais la volonté de savoir était plus forte que l'interdit et bien avant lui de nombreux érudits de l'Eglises'étaient penchés sur toutes sortes de récits atroces qui ne faisaient que révéler, par leur horreur, combien l'âme de l'homme est indigne de son créateur et combien l'être humain a besoin de la rédemption divine. (...)
Il y était question de l'abbaye d'Inverness, et de sa construction qui datait de trois siècles. Les moines d'alors, soucieux de lutter contre les anciennes croyances, avaient bâti leur nouvelleéglisesur les ruines d'un temple païen. Cette salle en était, à n'en point douter, le dernier vestige. (...)En cette veille de Noël 1226, la neige était tombée en abondance sur Inverness et s'était accumulée sur les toits de l'abbaye de Saint André. Depuis deux bons mois, les moines avaient troqué leurs traditionnelles sandales contre des chausses rembourrées de laine, bien plus confortables et surtout bien plus chaudes. Les heures passées dans le scriptorium ou dans le froid de l'église, sans bouger de son siège, étaient assez éprouvantes et malgré l'approche de la grande messe de minuit, les esprits ...