Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : coup (53)(...) Il y a trois semaines, La réserve commune du village a brûlé comme le soleil, et si nous n'étions pas fous au point de nous reposer sur elle, c'est quand même uncoupdur. La plaine est brûlante, chaude et humide, comme frappée d'une fièvre malsaine. Ce printemps et cet été sont un prélude à un désastre comme nous en avons trop connu et nous le savons tous. (...)
- Non, dis Regard Vif, c'est déjà décidé. Sa voix est rauque, brisée. Nous le regardons tous. Tout àcoup, on pourrait couper l'ambiance au couteau. - Qui ? Comment ? Demande Flocon. Quelque chose brille au coin des yeux de Regard Vif. (...)
Je sens quelque chose s'agiter en moi, inquiétude et colère. Soudain je me souviens de Brume et jette uncoupd'oeil dans sa direction. Son regard est terrifié puis surpris lorsqu'il se tourne vers moi. J'ignore ce que reflète le mien. (...)
Risquer la vie de deux hommes, dont la sienne pour un tiers dans cette situation, est particulièrement stupide, mais Chien Enragé est son fils. J'ignore ce que je ferais si Brin d'Herbe me faisait le mêmecoup. Je suis idiot, mais pas complètement stupide, j'ai laissé Boeuf sur place, trop dangereux de l'emmener et j'ai pris OEil Vert avec moi, parce qu'il est le meilleur hors des sentiers dans la nature. (...)
Elle recule, et OEil Vert parvient à libérer une main de la gangue blanchâtre, lui laboure le ventre d'uncoupde poignard en hurlant de rage : Un sang rouge et gluant se répand sur lui, et la chose s'enfuit dans un cliquetis rapide. (...)
- Faudra lui faire un brancard, dit Pigeon Fou, avec les lances et du tissus, et on l'accrochera à un cheval. - Mieux vaut l'installer dans le chariot, dit-elle. Sinon il perdra sa jambe àcoupsûr. Je hoche la tête. Nous mangeons, affamés. Le soir, je prends le premier tour de garde avec Rude. (...)
Je revois le sang du caravanier, son regard exorbité, quelques autres, et Sillon. L'été était venu comme uncoupde massue étouffant, l'année de mes treize ans. La pluie tombait si drue qu'elle faisait mal lorsque l'on se trouvait en dessous, mais il faisait effroyablement chaud. (...)
Quelques secondes après le début du combat la femme de Sillon hurla de désespoir : Sillon avait porté uncouppour m'entailler la jambe, je crois qu'il voulait m'épargner. J'ai esquivé en plongeant en avant par dessus sa lame qui frappait trop bas, mon couteau trouva sa gorge, il bascula en arrière, et le choc de la chute fit s'enfoncer ma lame plus encore lorsque nous sommes tombé tout les deux dans la boue, étendus l'un sur l'autre. (...)
J'ai croisé le regard dur de Regard Vif. Je me suis assis sur le ventre de Sillon, bloqué ses bras avec mes jambes, et d'uncoupsec, j'ai planté mon couteau dans son crâne, il est mort les yeux grand ouvert. Une part de moi s'est perdue à jamais dans son regard. (...)
Beaucoup d'hommes aussi pensaient ainsi dans notre village, leur niaient tout droit au savoir et aprèscoup, se demandaient pourquoi ils avaient affaire à un ramassis d'idiotes haineuses parmi lesquelles ils devaient choisir leurs épouses. (...)
Je m'agrippe au pouvoir comme un enfant à sa mère et le relâche comme sous les coups du Héraut. Je sens la flèche se briser sur mon dos et entend un cri de rage. Je me retourne, envoyant uncoupde poing au hasard. Lecouppercute un visage, fait voler un nez en éclat et déloge quelques dents. A l'autre bout de mon bras ensanglanté, c'est Jaï, que la force de l'impact traîne dans la terre dans un bruit obscène et un nuage de poussière. (...)
Je me donne une chance sur deux, plus si je suis assez rapide. Je lève un pied et le pose sur la glace. Elle semble tenir. Je donne uncoupprudent, le bruit de l'impact est sourd, c'est bon signe. Tout est calme. Même les oiseaux sont silencieux. (...)
Mes mains serrées sur une épée démentiellement grande, l'armure d'orichalque pesant sur mes épaules, j'avance obstinément, la lumière se déploie autour de moi, je pousse un cri de défi et je m'élance à travers les nuées d'un bond qui défie toute raison. J'arme moncouplorsque soudain j'aperçois mon reflet sur les murs d'une machine de guerre de la taille d'une cité. (...)
Ils surgissent si vite que j'ai à peine le temps de les entrevoir : Des êtres massifs, couverts d'une fourrure blanche immaculée, les yeux rouge sang, leurs bras épais se terminant par des griffes blanches acérées. Ils me bondissent dessus dans un concert de hurlements bestiaux. J'évite lecoupde griffe du premier d'une roulade en arrière, du coin de l'oeil, j'aperçois la traînée d'étincelle que laissent les griffes lorsqu'elles atteignent le bloc de glace non loin de moi. (...)
Je lâche à nouveau celui avec lequel je lutte et dévie les coups de griffes. Je riposte vite cette fois-ci et je décoche uncoupde pied dans le ventre de l'un d'eux. Je sens des côtes pareilles à celle d'un ours céder sous la puissance ducoupet le monstre est projeté dans les ténèbres illuminées par la lumière émanant de moi. Il s'écrase contre un mur, vomit un sang blanc et retombe face contre terre. (...)
Lewellyn tend simplement le bras vers moi et soudain la fraîcheur de sa main de glace est sur mon visage, les doigts lisses et doux comme la neige se referment sur ma tête lorsqu'il réceptionne ma chargecoupcomme un père réceptionne son fils à son retour, pendant une fraction se seconde je suis stoppé net, suspendu dans les airs, et j'aperçois son visage parfait, ravi, presque extatique entre ses doigts. (...)
Il s'approche de moi et me regarde dans les yeux. Je n'y vois qu'une lumière blanche, froide, absolue et impossible et tout àcoup, tout s'apaise. Lui, moi, le froid. - Que veux-tu ? - Ce que je veux ? - Oui. Il se retourne vers le sillon de la faille. (...)
- Ce... ce n'est pas grave ! - Bien parfait, si tu le désires, tu pourras te venger sur elle. Tout àcoup, je me sens décontenancé. - Je ne crois pas que je le pourrais. - Allons, tu n'as jamais rêvé un jour de crever un oeil à ta femme, ou au moins de lui donner une gifle ou uncoupde poing ? Je crie à nouveau. - Non ! Il sourit, un sourire aussi doux que de la neige. - Allons, n‘oublie pas ce que je suis ! (...)
Je retiens mon souffle. Je dois passer. Je veux passer. Le pouvoir se rue dans mon poing lorsque j'arme lecoupet se répand dans le mur à la vitesse de la pensée. Tout va si vite que moncouptransporte le souffle d'un ouragan. Il percute le mur qui se brise comme un miroir, projetant une infinité de flocon de verre bleu. (...)
J'aperçois Aewyll en train de se tapir derrière un des blocs de glace avec la même grâce prudente qu'Aube Grise lorsqu'elle était petite fille. Le sifflement de son serpent s'enfle tout àcoup, ses yeux se mettent à briller comme des lunes bleues, se redressant comme pour prendre son élan, il crache une lumière blanche teintée d'arc-en-ciel qui inonde tout. (...)
Je sens l'haleine glacée du serpent tout proche et frappe à l'aveuglette. Le choc est résonne comme uncoupde tonnerre qui projette le serpent en arrière et fait vaciller Lewellyn sur son trône. - Pauvre fou ! (...)
J'ai à peine le temps de l'observer que le serpent revient à la charge. Sa gueule se fait béante, elle me goberait d'un seulcoupsi le fleuve de pouvoir et du tonnerre ne m'animais pas et ne m'aidais pas à empêcher sa gueule de se fermer En un éclair, la Princesse Bleue bondit, non vole plutôt, et se pose sur la tête de la bête, son épée vient la frapper entre ses deux yeux, faisant voler des éclats d'écailles de glaces et neiges blanche. (...)
La princesse en profite pour coincer la gueule du monstre en plantant son arme à travers sa mâchoire. J'arme uncoupde poing dans lequel je mets tout mon pouvoir. Les yeux de la bête sont froids, mais brillent tels des soleils jumeaux lorsqu'ils reflètent l'éclat de lumière qui émane de moi. (...)
Le spectacle est à la fois lascif, attendrissant, et troublant. Je tiens le pouvoir comme une dague sous ma main, prêt à le lui enfoncer dans la gorge àcoupde poing. Aewyll se redresse d'un bond félin, sans ses mains, et crie de douleur comme une petite fille dont on vient de pincer l'oreille. (...)
- Tu n'auras pas à le faire. Dis-je. Je me retourne. Mon poing et le pouvoir jaillissent de concert. Moncoupest un vieux truc vicieux pour calmer les étrangers rendus fou par les hurlements du vent, un vieux truc pour se débarrasser des amis, des parents encombrants, qui vient la cueillir dans l'estomac. (...)
Il assommerait un boeuf, mais c'est une exaltée engoncée dans une armure de plate, c'est la Princesse Bleue, et je le sais. Je la saisis par les épaules pour qu'elle évite de tomber et je lui assène lecoupsuivant, frappe du coude à l'arrière du crâne, comme uncoupde marteau. Ses yeux, surpris, se closent tandis que la sang-dragon perd conscience. Je l'allonge doucement à terre, sans quitter Aewyll du regard. (...)
Je prie les dieux qu'ils n'aperçoivent pas que le linge a disparu, je prie pour les hommes du village : ils n'auraient aucune chance. Mon estomac gargouille à leur approche, mais ils sont trop bruyants, et par uncoupde chance pour nous tous, ils n'ont pas de chien. J'attends qu'ils s'en aillent tout en observant les différentes maisons et leurs portes. (...)
Signe de richesses, quelques serrures en fer sont installées sur plusieurs portes, mais la plupart de ces dernières restent de simples planches de bois tendues en travers de l'encadrement. Je repère un garde-manger, et dès que les gardes s'éloignent, je m'y rends furtivement. Un nouveaucoupd'oeil à la ronde m'indique que tout est sûr. Je suis sur le point d'y rentrer lorsque j'aperçois une feuille de parchemin plantée dans une pancarte près de la place du village. (...)
C'est un de ces étés malades, comme on les appelle dans la région, parce qu'ils charrient souvent leurs lots d'épidémies et ruinent àcoupsur les récoltes. Je connais bien la région, aussi trouver une source pour remplir ma gourde n'est pas trop difficile, néanmoins je me rationne. (...)
Je cours pour gagner le plus de distance possible, et j'avance d'un bon kilomètre ainsi lorsque tout àcoup, le vent cesse complètement et le silence envahit la plaine comme la mort, seulement rompu par le bruit de mes pas et ma respiration. (...)
Je suis si surpris que je m'arrête. Une intuition me fait lever la tête lorsque le nuage de poussière s'écarte d'uncoupde ma personne, comme s'enfuyant aux quatre coins de la plaine du vent, révélant un désert de poussière brun et aride s'étalant à perte de vue. (...)
Des pensées obscures bouillonnent dans le chaudron de mon esprit, flirtant avec la folie, la colère et l'amusement, mais je reprends ma progression. Deux heures passent avant lecoupsuivant, et deux heures passent encore après celui qui suit le suivant. Mêmes attaques, mêmes résultats. (...)
Le vrombissement qu'ils produisent en tombant est comparable à celui d'un titanesque essaim d'abeilles géantes, et leurs bruits, lorsqu'ils percutent le sol, ressemble à celui d'uncoupde tonnerre sans fin. Je bondis derrière un arbre pour me mettre à couvert. Dans un sens, l'attaque est moins grave, moins massive et moins violente, mais elle est continue, sans trêve et sans répit. (...)
Je pense encore avoir un peu de temps lorsque soudain le vent tourne, changeant l'orientation de la grêle mortelle. Je jure comme un charretier. Je cherche un abri rapidement sous la pluie decoup, je bondis et je cours, mes recherches rendues d'autant plus ardues à cause des conditions et de la visibilité réduite pratiquement à néant. (...)
La suite n'est même pas une surprise. L'éclair est si puissant qu'il pulvérise la pierre directement, je n'ai pas vu lecoupvenir et je suis projeté comme un pantin désarticulé dans l'eau. Pendant une fraction de seconde, je manque de me noyer bêtement, j'avale de l'eau par fleuves entiers, et je remonte à la surface. (...)
Sans m'arrêter, j'arrache au passage une cuisse de poulet, prend quelques patates et des légumes de l'autre et je m‘engouffre dans la cuisine, espérant trouver un accès aux quartiers du Seigneurs. La cuisine est somptueusement équipée, je la balaie du regard lorsque tout àcoup, mon pied glisse, comme si j'avais mis le pied sur de la glace et la chute m'entraîne à l'intérieur de la pièce. (...)
Ils me tirent comme un lapin. Je me redresse une fraction de seconde, juste à temps pour bloquer deux flèches d'uncoupde poing, l'un des gardes est trop nerveux et tire à côté. Ils réarment en un éclair, mais le temps de ce faire, je ranime l'armure de pouvoir. (...)
Je me roule par terre à l'atterrissage, me débarrasse précipitamment de mes loques en feu, faisant vaguement attention aux gardes qui se redressent et s'enfuient, certains en hurlant. Seul l'un d'entre eux tente de me tuer àcoupde hache. J'arrête la course de la hache en saisissant le tranchant à pleine main tendit que j'arrache vivement les derniers lambeaux de vêtements de l'autre. (...)
Tout le bâtiment semble vibrer sous le choc lorsque je suis projeté contre le mur. La sensation de douleur est sourde, lointaine, j'encaisse lecoupsans broncher. Je retombe sur le sol en avant, tel un animal, des étincelles parcourant encore mon corps, et je retrouve tout l'arsenal de gestes meurtriers renfermés par le pouvoir. (...)
Le Père de la princesse bleu recule avec la grâce des vents dont il est le maître, et un scintillement métallique et effilé s'échappe de sa main vers moi dans un sifflement. Je tends la main pour tenter de le dévier, en vain. Lecoupm'atteint à l'épaule, y trace un sillon écarlate et vient se planter dans l'un des piliers de jade derrière moi. (...)
Un millier de shrapnels de glace fusent vers moi dans une explosion de lumière blanche, instinctivement, je pare l'essentiel ducoupd'un geste vif et ample de la main, qui crée une onde de choc, bref mur d'air invisible devant moi sur lequel viennent s'écraser l'averses de glaces, et je le charge. (...)
Je regarde autour de moi rapidement, l'air bouge tout près de moi. Je lui expédie un pied accompagné d'un torrent de pouvoir. La puissance ducoupsoulève toute la poussière des lieux. En vain. Puis l'acier vient mordre dans mon ventre et la souffrance explose rageusement. (...)
Je sanglote malgré moi. - Tu t'es vengé, tu as pris ma fille, le reste ne te concerne pas, et tu ne le sauras jamais. Lecoup, empli d'essence, de pouvoir, s'abat sur moi. Je ne pare pas lecoup. Je rassemble tout ce qui me reste d'énergie mystique, et le pouvoir du soleil emplis mon corps comme une explosion aveuglante, et lecouprebondit sur ma poitrine. Maintenant ! Ma main jaillit comme un cobra, j'attrape son mollet, et lui brise la jambe d'un geste, il gémit autant de douleur que de terreur, et tente de s'échapper en rampant. (...)
Le Seigneur des Hauts Vents est un homme dans la quarantaine, beau, le regard bleu et glacé, la peau pâle, le visage orné d'un bouc, maintenant ensanglanté. Il ouvre la bouche, pour parler crois-je. Il me crache au visage, je sens le pouvoir et j'évite lecoup. J'entends la dent siffler derrière moi et s'écraser dans le plafond. Je frappe à nouveau son visage, écrase son nez qui ruisselle aussitôt. (...)
Regard Vif. Je n'ai même pas besoin du pouvoir. Je saisis le poignet de son bras d'arme et bloque soncoup. Je lui envoie uncoupde genou dans le foie et le repousse violemment contre le mur garni de gravures. Il tombe, recule, tente de reprendre son souffle. (...)