Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : flèches (13)(...) Je n'ai pas le temps de bouger, une flèche se plante dans mon épaule, je tourbillonne et tombe au sol, deux autresflèchessuivent de très près. Aucune ne me touche. Un vrai miracle. Pigeon se rue vers le bois, je découvre à quel point le petit homme court vite, mais il n'atteint pas les frondaisons. Troisflèchesl'étendent net. L'une d'elle directement à l'arrière du crâne. Je suis toujours en vie. Sans savoir comment, je suis caché derrière le chariot. (...)
Boeuf sanglote comme un gosse, il brûle alors même qu'il reste accroché à la source de sa douleur. Les gardes se ressaisissent. Cinqflèchesviennent empaler Boeuf depuis les remparts. Un autre lui plante le tranchant de sa hallebarde dans la colonne vertébrale. (...)
Les Aïnouks font face. Ils n'ont aucune chance, surtout face au Héraut. Ils lui décochent un essaim deflèchesqui filent autour de Mahe en bourdonnant tel des guêpes. Son bras droit clignote, et lesflèchesretombent à ses pieds, brisées tandis qu'il marche vers la jeune femme, immobile. Ses soldats ne bougent même pas. (...)
Je crois prononcer le mot « non ». Nouvel instant de silence. Il ne dure pas plus que l'ancien. Tonnerre de cris, pluie deflèches, éclair métallique, tout cela me tombe dessus. J'intercepte et dévie desflèchesà main nue, deux m'atteignent, mais à chaque fois, le fleuve de pouvoir jaillit pour les intercepter comme un chien dressé, et elles ricochent ou se brisent sur ma peau. Je me tourne vers Mahe, tente de parler. (...)
Le bond suivant me conduit sur la pente de la colline que je dévale debout dans un nuage de poussière. Le temps d'arriver dans les champs, j'évite encore deuxflèchesmal ajustée dans l'obscurité. Je rigole presque. Presque, parce que les chiens sont derrière moi, et que ce sont de gros limiers agressifs, assez rapides pour me rattraper, plus féroces que leurs maîtres et capables de tuer n'importe lequel des loups qui maraudent dans la région. (...)
A nouveau, pour un temps, je progresse plus ou moins normalement, même si parfois les branches d'arbustes emportées atteignent une telle vitesse que certaines manquent de m'éborgner ou de se planter dans ma chair telles de véritablesflèches. Je grogne, revêt le pouvoir comme une armure et continue. Le vent ne m'arrête pas, mais il me ralentit considérablement, et je comprends instinctivement que le Seigneur des Hauts Vents tente de m'épuiser avant de me cueillir comme une pâquerette. (...)
Le monde n'est plus qu'une masse de couleur floue au milieu d'un espace de mur gris sur lequel mes yeux sont rivés, vers lequel chacun de mes muscles tend désespérément. De minuscules étoiles d'aciers partent des murailles, fusant vers moi sans m'atteindre, desflèchespeut-être. Je n'y prends pas garde. Je reste concentré sur le balcon de l'enceinte du donjon. (...)
Partout autour de moi, dans les murailles du Trône d'Orage, dans son donjon, dans ses tours, j'entends les hommes crier, courir. Lesflèchessifflent dans ma direction, j'évite la plupart d'entre elle, les autres ricochent ou me manquent. (...)
Ils me tirent comme un lapin. Je me redresse une fraction de seconde, juste à temps pour bloquer deuxflèchesd'un coup de poing, l'un des gardes est trop nerveux et tire à côté. Ils réarment en un éclair, mais le temps de ce faire, je ranime l'armure de pouvoir. (...)
Je suis encore nimbé de lumière, aucune surprise ne m'étreint lorsque les cris des gardes s'échappent dans les airs, tentant de couvrir le bruit du vent, le bruit du glas qui résonne toujours. Ils décochent quelquesflèches, mais elles n'arrivent même pas jusqu'à moi : les vents dévient les traits qui s'écrasent non loin. (...)