Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : tête (71)(...) Aujourd'hui l'alcool et la bière ont remplacé le lait maternel mais il boit toujours avec autant de voracité. Il s'approche, sa capuche relevée sur satête. Il est gros, grand et glabre, avec des mains comme des battoirs et un regard de taureau qui cache une avidité qui n'à rien à voir avec la soif naturelle. (...)
C'est un vieil homme qui a survécut à tous ses enfants directs et qui règne sur sa famille comme un roi sur ses terres. Il porte une interminable barbe blanche sur un trognon detêteridée et dépourvue de toute autre pilosité. - Le Héraut est revenu, dit-il. Il veut le tribut annuel. (...)
Le regard du caravanier en train de fixer son sang qui jaillit de sa gorge par à-coups bouillonnant, d'un air incrédule et horrifié. Le souvenir me rend nauséeux. Echo de rires, des nos rires. Finalement je secoue latête. - Il ne veut pas savoir ce qu'est la justice... et il devrait apprendre bientôt ce que cela signifie que d'être un homme, dis-je. (...)
- Oui, moi, Boeuf et Pigeon Fou, peut-être un des petits-fils de Flocon. Veille sur Brin. Nous avons élevé un idiot. Ma femme hoche latête. Aube est tombée enceinte trois fois. La première est morte de maladie un an après la naissance, et elle a fait fausse couche du second. (...)
- Pas grand chose, il dit que le Seigneur des Hauts Vents est un enfant de la déesse Mela, qu'il est sacré, et qu'il règne depuis toujours sur la nation des vents. Boeuf secoue latête. La foi n'a jamais été son fort. - Ah putain ! S'exclame-t-il. Rude Automne jette un oeil à Boeuf, comme s'il risquait de se changer en monstre à l'instant. (...)
Ceux qui naissent des amours divines entre les hommes et les mortels sont puissants, car ils héritent d'une partie du pouvoir de leurs parents, mais les Exaltés, eux, n'ont pas hérité d'un morceau de pouvoir par accident, les dieux le leurs ont donné, sciemment, entièrement ! Ce sont leurs champions tout puissants ! Rude hoche latête, fronce les sourcils : - Pourquoi les dieux font-ils ça ? - Parce qu'il y a des règles, même chez les dieux, fixées par leur nature ou par eux même, c'est difficile à savoir. (...)
C'est Rude Automne. - Juste le sang d'OEil Vert. J'ai pas une égratignure. Boeuf me regarde. Je secoue latêtenégativement. Il s'éloigne, les mains posées sur son visage. - Vous l'auriez vu ! Gémit OEil Vert, vous l'auriez vu ! (...)
- Laissez-moi vous aider ! Nous la regardons un instant. Pigeon et moi échangeons un regard. Je hoche latête, nous n'avons rien à perdre. - D'accord ! dit-il. - Bien, il faut faire fondre la glace, réactivez le feu et suspendez-le au-dessus ! (...)
Du coin de l'oeil, je vois Boeuf se lever et se diriger vers nous. - Va chercher les autres et dit leur que le repas est prêt, dis-je à Rude. Il hoche latêteet s'en va. Boeuf s'assied à sa place, sa voix est basse, douloureuse. - Désolé, dit-il. J'aurais dû le tenir à l'oeil. (...)
- Mieux vaut l'installer dans le chariot, dit-elle. Sinon il perdra sa jambe à coup sûr. Je hoche latête. Nous mangeons, affamés. Le soir, je prends le premier tour de garde avec Rude. Il finit par prendre la parole en regardant le feu grésiller. (...)
Les arbres bruissent lorsqu'un souffle de vent vient les caresser, telle la main invisible d'un géant. Cet endroit n'a rien de naturel. Du coin de l'oeil, j'aperçois Brume qui sort satêtedu chariot. Lorsqu'elle pose les yeux sur l'endroit, sa bouche reste ouverte, stupéfiée. - Reste à l'intérieur. (...)
Je la saisis par la main, elle fait quelques pas et elle s'agenouille, front contre terre devant la Princesse Bleue. - L'estropié est en bonus ? Le ton est railleur. Je fais non de latête. Il rit. - Relève-toi ! Dit l'un des gardes. L'un des gardes émet un sifflement approbateur. Un autre ricane. (...)
Boeuf était déjà affaiblis, et les Exaltés sont infiniment plus résistant que les mortels, le Seigneur des Hauts Vents vivait déjà du temps de l'arrière grand-père de mon grand-père, et on dit que leurs membres et leurs organes repoussent comme ceux des démons et des dieux, rien ne me pousse à croire que la Princesse Bleue est différente de son père. Pour l'heure, je suis même surpris qu'elle ne m'ait pas rejoint. Latêteme tourne, ce n'est pas la fièvre, pas encore, juste le manque de sang et l'épuisement. Il me faudra au moins quatre jours, peut-être cinq, pour revenir au village, si je ne meurs pas avant, tué par une bête, des brigands ou pire. (...)
Je regardais mes parents trimer, suer, puis lentement sombrer dans l'épuisement et le délire. Mon père, d'abord, puis ma mère passa sous le regard de Regard Vif qui secoua latêteen me regardant d'un air malheureux. Avant de sombrer, elle m'indiqua un village voisin, où une caravane de marchand s'était arrêtée, où ils vendaient des médicaments. (...)
Quelque chose en moi dû les marquer, car ils me proposèrent de m'embaucher si mes parents décédaient malgré tout. Je hochais latêteet reparti le jour même. Le retour se fit sous la pluie, a pied, sous une chaleur imbibée accablante. (...)
Le grondement revient par ici, couvrant le faible bruit du vent. Je ne les vois pas. Je n'ose même pas lever latête. Je repense aux récits sur les sens aiguisés des Exaltés, capable de voir la lueur dans l'oeil d'un oiseau volant au loin dans le ciel. (...)
Elle a le corps d'une femme qui n'a jamais connu les champs, mais la démarche de celle qui ne sait que trop bien ce qu'est un combat. Lentement, elle tourne latêtevers moi, si imperceptiblement que je ne comprends qu'elle m'observe que lorsque mon regard rencontre le sien. (...)
Je vois des nuages de poussière qui tourbillonnent, qui cachent les cieux et plongent la plaine dans les ténèbres, ils sont aspirés par des fleuves d'air invisibles qui filent dans ma direction, passent par-dessus matêteen hurlant et qui me jettent au sol lorsque leurs souffles m'effleurent. Au loin, mon esprit vide aperçoit un gigantesque nuage de poussière se soulever au point de rencontre de ces étranges tornades. (...)
Mes mains semblent brûler perpétuellement lorsque le vent vient lécher mes blessures. Plus d'une fois, latêteme tourne et je menace de tomber. Plus d'une fois, je me redresse douloureusement. Je ne suis qu'un homme, mais je vis comme un animal, et les sauvages vivent mieux que moi. (...)
L'homme rit encore lorsqu'il me voit faire la grimace. Il fait un signe dans sa direction. - Aïnouk ! Je hoche latêtepositivement. Il recommence. - Jaï ! Je hoche latêteà nouveau. Il hoche latêteà nouveau et tend le doigt vers moi. Quand je parle, ma propre voix me semble étrangère. - Ciel Noir. - Sien noa ? Je hoche latête. Je n'ai pas envie de me lancer dans un cours de langue. Il arbore un mince sourire lorsqu'il me tend une cuillère de sa lave en fusion et que je refuse. (...)
Il tape mon flanc. Je grimace et j'ouvre la bouche. Il alterne avec le lait de chèvre pour faire passer. Il hoche latêteet repart. Entre les cahots de la yourte, la chaleur, le confort et ma fatigue, il ne me faut pas longtemps pour m'endormir. (...)
Cheveux noirs en natte, taille moyenne, mince et vêtue d'une tunique blanche et brune, ces yeux bridés me scrutent comme si j'allais la dévorer. Jaï et le vieux lui parlent. Elle hoche latêtedocilement, mais je lis une intelligence douloureusement familière dans son regard. Finalement, elle parle, sa voix est douce, calme et son accent vaut celui de Jaï. (...)
Tandis que des hommes et des enfants montent de petits chevaux et des chiens, mettant en bon ordre des troupeaux massifs de moutons et de chèvres. L'un d'eux me jette un regard méprisant. Je marche un peu, mais latêteme tourne rapidement. Jaï me garde à l'oeil. D'autres hommes m'observent, l'air méprisant, je les ignore. (...)
Mahe revient vers moi. - Votre couche est prête. - Vous avez un accord avec le Seigneur des Hauts Vents ? Elle hoche latêtenégativement. - Le Dieu des vents est changeant, il est trop libre et trop puissant. Asseyez-vous. (...)
J'entrouvre la bâche de la yourte et je jette un oeil : un nuage sombre court vers nous. Quelques instants plus tard, je reconnais le Héraut à latêted'une vingtaine de cavalier. Je suis surpris un instant par leurs arrivées tardives, puis je comprends : ils ont attendu que les Aïnouks se soient bien ravitaillés pour les empêcher de prendre la fuite trop rapidement. (...)
Je reste calme. L'Aïnouk décoche sa flèche. Elle vient se planter derrière la nuque du Héraut qui tourne latêtevers Jaï comme si de rien n'était. Je plonge. D'instinct, je libère tout le fleuve d'énergie qui m'anime dans ce geste unique. (...)
La peur plante ses crocs haineux dans mon âme qui répond d'une fureur indignée. Mon bras droit se projette dans la lumière. Ma main saisit une gorge, détourne latêtequi lui est reliée et la broie dans un claquement sec. Je le relâche. Le Héraut s'effondre dans l'herbe jaunie par la lumière. (...)
La glace cède sous moi. Je tombe comme une pierre dans les ténèbres. Les ténèbres ne durent pas. Je chutetêtela première. Plus profond je tombe, plus la faille s'élargit, formant un véritable canyon souterrain. (...)
Je ressors, gelé, je reprends mon souffle. Je remarque le bruit du vent, pareil à une centaine de hurlements simultanés. Je lève latête, mais n'aperçoit que la pénombre bleutée de la voûte de glace au-dessus de moi, scintillante de lumière d'or dans une pénombre bleutée : beauté, pouvoir et terreur. (...)
Ses griffes tentent de se refermer sur moi mais ne déchire que l'air froid, un bruit de craquement sinistre plus tard et mes mains ont fait pivoter satêteà 180°, brisant sa nuque dans la foulée. Les autres fondent sur moi comme une meute de loups pour la curée. (...)
Lewellyn tend simplement le bras vers moi et soudain la fraîcheur de sa main de glace est sur mon visage, les doigts lisses et doux comme la neige se referment sur matêtelorsqu'il réceptionne ma charge coup comme un père réceptionne son fils à son retour, pendant une fraction se seconde je suis stoppé net, suspendu dans les airs, et j'aperçois son visage parfait, ravi, presque extatique entre ses doigts. (...)
Les serments, les sentiments et les âmes sont fait de la même matière pour nous : ils sont invisibles mais solides, des entraves à la liberté des âmes imparfaites que nous sommes. Comprenez-vous ? Je hoche latête. Cette chose obscure qui habite en moi s'anime, bouge, rugit silencieusement, rampe hors du puits de mon esprit juste assez pour me donner envie de crier, de bouger physiquement, mais rien ne se passe, je ne lève pas la main. (...)
plus trop ! La destinée rend les choses « réelles » en leur donnant un ordre, une linéarité... Je secoue latête. - C'est de la folie, dis-je. - Exactement, et la folie est ce que l'on ne peut comprendre faute des repères de l'esprit habituel, temps, espace et logique. (...)
- Je te comprends, mais sache, quoi qu'il arrive, que cela ne se fera pas d'un claquement de doigt, et nous y laisserons sans doute la vie dans la tentative, mais cela vaut mieux qu'une vie d'éternel fugitif suivie d'une mort anonyme. Je hoche latête, puis je me rends compte que nous sommes de nouveau devant la porte de mes appartements : nous avons tournés en rond, pourtant nous n'avons pas pris un seul virage dans notre balade. (...)
La voix est incisive, tranche la pénombre comme une guillotine, mais dénuée d'hostilité, et comme d'habitude elle touche juste. Je hoche latête. Plusieurs jours que je suis ici, que je mange, bois, dors et réfléchis. Parfois, je cours dans des couloirs sans fin, en ligne droite, pour découvrir la porte de ma chambre devant moi, ou au pire, à quelques mètres derrière moi à peine. (...)
- Parce que toi, tu en es capable, dit-elle, parce que tu as le pouvoir réel, et lui n'à que l'illusion. J'éprouve un soudain mal detête. - Je ne comprends pas... - Tu veux savoir ? Regarde ! Soudain, la lumière se fait moins forte. (...)
Je suis dans une salle immense enneigée, glaciale, et je vois de nombreux blocs de glace, jonchant le sol. Lorsque je lève latête, j'aperçois un plafond, dont les stalactites me rappellent autant de canines menaçantes. Au centre, il y à un autre bloc de glace, ou plutôt, un bloc de verre dont émane un étrange bourdonnement. (...)
Je m'en approche lorsque la voix d'Aube Grise résonne dans la salle, sur le ton posé de Mahe. - Avant d'aller au centre, regarde le bloc de glace à ta gauche. Je me retourne. Aewyll hoche latêtevers le bloc de glace, de la même façon doucement autoritaire que la Princesse Bleue. Je m'approche, redoute le piège, mais il y a quelque chose derrière la neige qui recouvre la glace, dans la glace elle-même, quelque chose de vaguement familier. (...)
- Lewellyn me tuera une petite dizaine de fois, dit-elle en souriant d'un air amusé, mais il ne me détruira pas, il a besoin de moi. - Et elle ? Je hoche latêtevers la Princesse Bleue. - Elle restera là jusqu'à la fin de sa vie, c'est une illusion, mais en même temps, c'est réel. (...)
Sa gueule se fait béante, elle me goberait d'un seul coup si le fleuve de pouvoir et du tonnerre ne m'animais pas et ne m'aidais pas à empêcher sa gueule de se fermer En un éclair, la Princesse Bleue bondit, non vole plutôt, et se pose sur latêtede la bête, son épée vient la frapper entre ses deux yeux, faisant voler des éclats d'écailles de glaces et neiges blanche. (...)
Les yeux de la bête sont froids, mais brillent tels des soleils jumeaux lorsqu'ils reflètent l'éclat de lumière qui émane de moi. Je retombe, le pouvoir et la gravité font bon ménage : latêtede la bête explose en un millions de fragments blancs translucides qui retombent dans un scintillement de lumière et un fracas de verre brisé sans fin. (...)
La lame de Lewellyn laisse des traînées flocons de neige dans son sillage, des arcs électriques jaillissent et parcourent les deux lames à chaque contact, puis finalement, la lame de jade atteint le Duc de la faille à la tempe, elle lui aurait tranché latêtedans la longueur s'il n'avait pas détourné latête. La lame percute la couronne, la brise en une pluie de glace prismatique, la lame continue son trajet et vient trancher l'avant bras de Lewellyn, qui glisse à terre lentement, dans une traînée de sang bleu. - Mon bras ! (...)
Je veux lever une objection lorsque j'entends un bruit venant du plafond, une pluie cataclysmique en dégringole. La Princesse Bleue et moi levons latête, j'ai juste le temps de comprendre que le plafond se dissous, puis nous sommes engloutis par une cataracte monumentale. (...)
J'atterris près d'elle, l'humidité rend le rocher glissant et mon équilibre précaire, mais peu importe : le pouvoir est encore assez puissant en moi pour permettre à mes doigts d'avoir assez de force pour y creuser des sillons dans la roche auquel me retenir, mais l'eau continue à monter, la glace fond sur les parois. Je lève latêtevers le ciel. Il est là, à peine visible entre les deux parois titanesques qui forment la faille, mais il est bien là. (...)
Je me retourne pour regarder vers la Princesse Bleue pour savoir comment elle s'en tire, lorsqu'un courant d'air me frôle le dos et la nuque. Un unique bruit de pas raisonne juste au dessus de matête, tout prêt de moi, je me retourne, et elle se pose devant moi, gracieuse comme une feuille morte déposée par le vent. (...)
Je tiens toujours Aewyll dans mes bras, comme une mariée. Seulement mon dernier bond m'a fait me retrouver latêteen bas, à m'agripper avec mes jambes à un bloc de pierre. - Comment pouvez-vous sauter comme ça ? (...)
Sourire moqueur de la Princesse Bleue. Je soupire. - Je suis un foutu paysan, pas un sorcier ! Je commence à avoir latêtequi tourne, aussi, je prends mon élan, bascule, et fait un saut périlleux dans le vide, sur place, si rapide et puissant que je ne me reçois qu'au deuxième tour, mes mains se raccrochent si fortement dans la roche qu'elle explose. (...)
- J'avais une dette envers toi. - Un monstre ne réfléchit pas ainsi, tu n'en es pas un, ça me suffit. Je hoche latête. - Bien. Je reprends l'ascension, elle me suit. - Nous avons un autre problème, dis-t-elle. - Humm ? (...)
Savoure l'air frais et la caresse du soleil tandis que la Princesse Bleue jaillit et se pose gracieusement à mes côtés. - Que fais-t-on maintenant ? demande Aewyll. - On s'éloigne d'ici, dis-je. La Sang-dragon hoche latêtelentement, après un regard dans la faille. Aewyll tente de dire quelque chose lorsque je m'éloigne et sors de la zone enneigée, mais trop tard. (...)
J'essaye de me souvenir de quelque chose, mais rien ne vient. Je me sens comme amputé d'une partie de mon esprit. Je secoue latêtepour me débarrasser de cette impression, en vain. La Princesse Bleue hoche latête. Je décide de changer de sujet. - Que faisais-tu ici ? Si près de la faille ? La question la prend par surprise. (...)
Non seulement ils n'apprécient pas les gens de mon bled, mais ils sauront certainement ce qui est arrivé, et ils ne voudront pas aider un répudié. Au mieux m'ignoreront-t-ils, au pire ils tenteront de prendre matêtepour la livrer au maître des haut vents, histoire de se faire bien voir. Je ne leur en veux pas pour ça. (...)
Je cours sur le toit, saute à nouveau au milieu des cris, et j'atteins le chemin de ronde lorsque l'un des gardes me décoche une flèche de son arc court, j'esquive le projectile en baissant simplement latête, plus par réflexe qu'autre chose, oubliant bêtement le pouvoir. Le bond suivant me conduit sur la pente de la colline que je dévale debout dans un nuage de poussière. (...)
La bête ouvre la gueule vers moi, mais mon autre main forme un poing qui percute violemment le sommet du crâne, lui enfonçant latêtedans le sol. La bête s'agite et se dégage du sol, mon poing gauche est froid mais indemne. La bête cherche à s'enfuir et recule, à moitié sonnée. (...)
Je cours pour gagner le plus de distance possible, et j'avance d'un bon kilomètre ainsi lorsque tout à coup, le vent cesse complètement et le silence envahit la plaine comme la mort, seulement rompu par le bruit de mes pas et ma respiration. Je suis si surpris que je m'arrête. Une intuition me fait lever latêtelorsque le nuage de poussière s'écarte d'un coup de ma personne, comme s'enfuyant aux quatre coins de la plaine du vent, révélant un désert de poussière brun et aride s'étalant à perte de vue. (...)
Je pense un instant à ma femme, à mon fils. Il ne restait rien d'eux. Leurs agonies effleurent mon imagination. Je secoue latêtepour chasser cette pensée. Le vent emporte mes larmes qui menacent de déborder. Je grimpe les pentes de terre et de roche retournée devant moi, et arrivé au sommet, je constate que l'attaque du Seigneurs des Hauts Vents m'a plus avantagée que lui. (...)
Finalement, sans trop savoir comment, je me retrouve sous une énorme roche, la grêle retentissant, explosant en minuscule éclat de glace sur la pierre au-dessus de matête. Cela dure un bon moment : trois bonnes heures en fait, quelques rongeurs en manque d'abris prennent le risque de venir se blottir près de moi plutôt que de rester sous le déluge. (...)
Je le plaque si fort contre une des poutres que toute la charpente de bois de l'écurie manque de s'effondrer. Ma main se plaque sur sa bouche. - Le Maître, dis-je, je le veux, où est-il ? Il secoue latête, j'ôte la main. - Dans le donjon central, hoquette-il, dans le temple du dragon, tout en haut ! (...)
J'entends le grondement des gardes qui s'approchent dans le couloir, se dirigent vers moi. Je lève latêteet je le vois. A travers la grande baie vitrée qui orne le plafond, au centre du croisement, la lumière du soleil, pâle, filtrée à travers les nuages gris et lourd s'amassant au-dessus de la forteresse. (...)
L'un des gardes crie un ordre en langue du nord, je le repère par réflexe et le met soudainement entêtede liste des gens à tuer. Le Seigneur des Hauts Vents ne profère pas un mot, à peine pose-t-il ses mains sur les épaules de deux de ces hommes. (...)
Je hurle de rage. - C'est fini, dit-il. Je t'ai laissé une chance, tu aurais pu partir, mais tu n'en as fait qu'à tatête. C'est le destin, j'imagine. Sa voix est froide, glacée. Je sue à grosses gouttes. Je sens la mort s'approcher près de moi, soulever des brises trompeuses pour m'égarer. (...)
Je reprends conscience. Mes yeux sont fixés sur le cadavre du Seigneur des Hauts Vents, il n'a plus réellement detête. Mes yeux se posent sur mes mains, couvertes de sang jusqu'aux coudes. Je reprends conscience, je sors lentement de ma léthargie mais je ne suis pas sûr que la même personne habite mon corps. (...)
Je n'écoute plus. Je me retourne, la bile me monte à la bouche. Une nausée sèche me donne envie de vomir, latêteme tourne, puis tout deviens froid, le monde entier, et moi. Je me retourne vers elle, la redresse. (...)
Je ne réfléchis pas réellement, c'est une chose aiguisée, plus douloureuse que toutes les blessures qui recouvrent mon corps, qui m'a poussé jusqu'ici. - Tu sais où il est ? Elle se redresse, hoche latête. Je regarde le gâchis autour de moi : le lupanar en ruine dans lequel j'ai atterrit, les femmes terrorisées, le vent soufflant à travers les murs et le pouvoir du lieu, brisé comme l'aile d'un oiseau. Je secoue latête, saisis le corps du Seigneur des hauts- vents. - Nous partons, dis-je. Je franchis les portes du harem en titubant, laissant dans mon sillage des flaques de sang. (...)
Les anciens, Flocons Amer et Pigeon Fou, disaient que lorsque le Beau Peuple a envahi le monde, les collines ont été submergées il y a longtemps par l'océan du chaos, qu'elles avaient changées sous son influence et étaient devenues d'immenses os vivants, et que lorsque le chaos se retirât devant le pouvoir de l'impératrice écarlate, les os moururent, et se fossilisèrent en ces énormes collines de roches. - Il est ici ? Elle hoche latête. - Dans la grotte de pierre bleue. Elle pointe du doigt une caverne. Quelques objets brillent, cloués autour de l'entrée : le gri-gri de fer froid du Shaman. (...)
Le destin, répète-t-il, le destin... J'éclate de rire. Je frappe, mon poing s'abat sur la pierre au dessus de satête. La pierre lui dégringole dessus, il hurle. - La ferme ! Il se tait. - Tu as de la chance, shaman. (...)