Comme un putain de conte de Noël
sur Editions John Doe au format (5 Mo)
24 décembre 1948. La neige qui tombe sur Heaven Harbor recouvre tout de la couleur de l'innocence, mais personne n'est dupe. Surtout pas moi. Dans la ville où le crime ne dort jamais, ce n'est qu'une nuit de plus, une nuit comme les autres. Une bonne nuit pour un boulot facile : l'affaire de quelques minutes et j'aurais pu aller dépenser l'argent du contrat en m'achetant une bonne bouteille et une fille à la Forbidden City, histoire de passer un joyeux réveillon. Mais c'est à ce moment précis ...Contient : noël (10)Comme un putain de conte deNoël24 décembre 1948. La neige qui tombe sur Heaven Harbor recouvre tout de la couleur de l'innocence, mais personne n'est dupe. (...)
Mais c'est à ce moment précis que tout un tas de choses sont venues se mettre en travers de mes plans pour la soirée et que tout est soudain devenu beaucoup plus compliqué. Comme dans un putain de conte deNoël. La fille habitait un appartement dans un immeuble de seconde zone à Carnelly Hill, juste en dessous de la ligne de cable cars. Sur le trottoir, une sorte de chorale d'enfants des rues massacrait le répertoire des chants deNoël, pendant qu'un des gamins passait derrière les badauds qui s'étaient arrêtés pour leur faire les poches. (...)
Pendant que je sirotais mon scotch sans glaçon, le son d'une voix me parvint de l'autre pièce. La fille était en train de chanter une comptine deNoëlà son gosse, d'une voix douce et très claire. Quelque chose en moi commençait à se réchauffer et je craignais que ce ne fût pas juste l'effet de l'alcool. (...)
Pour dire vrai, j'avais déjà cédé, bien plus tôt, et je sentais que quoi que je dise, ce n'était plus moi qui avais le contrôle de la situation. Nous irions donc faire les courses deNoëlpour le gamin, comme un couple tout ce qu'il y a de plus banal, sauf que nous étions loin d'en être un : le tueur et la prostituée, voilà qui sonnait comme le titre d'un mauvais roman. (...)
Je finis presque par me convaincre que nous ne courrions aucun danger lorsque nous atteignîmes les lumières du Financial District. L'air à l'intérieur du grand magasin était saturé d'esprit denoëlà vous en donner la nausée. La chorale plantée au milieu du hall avait beau être beaucoup mieux nippée que celle que j'avais vue deux heures plus tôt devant l'immeuble de Carnelly Hill, elle chantait tout aussi faux et pour moi, elles auraient pu tout aussi bien être les mêmes. (...)
Et puis, alors que la tension accumulée au grand magasin commençait à retomber, les évènements de la soirée commencèrent à me revenir en mémoire et l'image d'un petit garçon dans une chambre de Carnelly Hill, attendant ses cadeaux deNoëlet sa maman, se mit à danser devant mes yeux. J'avais l'impression d'être Mr Scrooge ou l'un de ces personnages de conte deNoël, à qui le destin offre une chance de racheter leur vie de pécheur et d'égoïste à condition qu'ils accomplissent un acte d'une grande générosité et d'une grande abnégation. Mais on n'était pas dans un conte deNoël, et je n'allais sûrement pas risquer ma peau pour je ne sais quelles sornettes de pasteur. J'avais des principes, et rester en vie figurait tout en haut de la liste. (...)
Mais je soupçonnais les hommes qui s'étaient donnés tant de mal pour faire assassiner sa mère de revenir pour terminer le boulot, et je décidai qu'il était largement temps de trouver un endroit plus sûr pour passer la nuit deNoël. Le taudis de Maria n'était pas exactement un palais de conte de fées, mais ni les flics ni les tueurs n'iraient nous chercher là-bas. (...)