Divin
sur Le Ludiste
Une nouvelle publiée dans feu le Fanzine Odyssées n°1. Ils avaient fait une longue route solitaire avant que le hasard ne les réunisse. Ils venaient des quatre coins du continent, si disparates que leur association avait quelque chose de grotesque et d'inquiétant à la fois. Les passants, en les voyant arriver, préféraient s'écarter. Les plus fous ou les plus hardis les observaient à la dérobée, se demandant combien de temps s'écoulerait avant que l'un d'entre ne sorte son arme pour abattre ses ...Contient : regard (7)(...) Ils n'avaient en commun que des vêtements de voyage fatigués et une étrange lueur fixe et maniaque dans leregard: l'éclat des yeux de ceux que rien, pas même la mort, ne détournera de leur objectif. Toujours en tête, venait un barbare du nord, vantard, soiffard et braillard. (...)
Le troisième ne semblait n'avoir rien à faire sur ces routes. C'était un jeune garçon aux manières douces et auregardde fillette innocente. Ses vêtements étaient riches et bien soignés. Sa stature frêle lui donnait des allures fragiles et son attitude semblait des plus craintives, mais il était sujet à d'étranges sautes d'humeur et le groupe semblait le considérer pour cela. (...)
Un solide combattant d'une quarantaine d'année, armuré d'acier, portant sur son bouclier les armoiries de sa famille. Les cheveux coupés court, le menton carré, leregardclair, il se dégageait de lui une aura d'autorité naturelle qui rassurait les aubergistes et faisait de lui le porte-parole du groupe, mais il n'en était pas le chef : Trop de haines s'affrontaient lorsque sonregardse croisait avec celui de l'homme-bête à l'allure de brigand. Enfin le dernier était un homme plus petit à la démarche furtive et rapide. (...)
L'homme-bête ne fit rien d'abord, puis il passa sa langue sur ses lèvres comme s'il recherchait un goût depuis longtemps oublié en continuant son observation, leregardvide. Ils regardaient un couple sur un destrier descendant le flanc d'une haute colline, tandis que le soleil couchant, derrière, leur faisait cligner les yeux. (...)
Ces yeux semblaient d'un gris variant entre celui du ciel d'orage et celui de l'acier trempé, les pupilles avaient une forme presque féline et s'adaptaient rapidement à la lumière suivant leur position au soleil. C'est souvent à ce moment, qu'en fuyant ceregardinsoutenable, on apercevait les oreilles, toutes à fait inhumaines elles aussi : noires et longues, les lobes chargés de boucles d'argent raffinées et primitives. (...)
Enfin le chevalier, au centre, annonça sèchement, comme s'il était excédé et impatient : - Je suis le seigneur Arnouldi, Pair de l'Empire -et il eut unregardméprisant pour ses compagnons. Je suis envoyé par le Grand Conseil et par l'Ordre auquel j'appartiens et auquel appartiendra bientôt le monde entier. (...)