L'histoire de Clébard
sur Le Ludiste
C'est une soirée d'automne morne à l'auberge des deux amphores. Dehors la nuit est brumeuse et humide. A cinq pas de la porte, la rue se perd dans un épais coton grisâtre. Oubliées les autres rues de Pôles aux alentours, oubliées les murailles toutes proches qui, la veille encore, dégoulinaient du sang des guerriers tentant, qui de prendre pied sur le parapet pour envahir la ville, qui de repousser les barbares du nord pour protéger leurs foyers. On aurait tout aussi bien pût se trouver n'importe ...Contient : regard (10)(...) On aurait tout aussi bien pût se trouver n'importe où ailleurs. De toutes façon, après une longue et dure bataille les survivants ont tous le mêmeregard, la même lassitude où qu'ils vivent. La salle de l'auberge, que l'on ne peut décemment pas qualifier de grande salle, accueille une population hétéroclite. (...)
Il est pour l'heure appuyé sur le mur, juste à côté de son jeune porteur, un alweg musclé et beau garçon. Ce dernier pousse un soupir. Après tout pourquoi pas. Il tourne leregardvers son Arme et lui parle très certainement par ce lien invisible qui les unit. La réaction ne se fait pas attendre. (...)
Grâce à elle Clarisse a survécu aux combats, mais son mari et son fils sont morts. Elle porte encore sur le visage les stigmates de sa douleur mais sonregardse perd fréquemment dans la contemplation des arabesques gravées sur la lame de son Arme, posée devant elle. (...)
Un peu plus vieille que Clébard, elle n'était certes pas laide et avait un corps bien fichu, avec des formes pleines et généreuses qui pouvaient attirer leregard. Le temps passant Clébard délaissa les autres filles pour l'épier elle exclusivement. Les quelques fois où il eu la chance de la voir se dévêtir il crût défaillir. (...)
L'instant d'après le crâne de la victime éclatait sous les coups répétés d'une pierre massive, maniée avec rage. Couvert de sang et de terre Clébard jeta autour de lui unregardde fou. Il avait accomplit son oeuvre, il avait sauvé Anya. Maintenant il réalisait que cela risquait de lui coûter très cher. (...)
Croyant être confronté à quelqu'un du village le troisième brigand se redressa vivement en dégainant un long coutelas. Ils se toisèrent duregardet Clébard faillit pousser un cri d'étonnement. Son adversaire était une femme, pas bien grande et avec des traits étrangement sombre. (...)
- On peut dire que tu n'as pas de chance, garçon. On en a entendu des vertes et des pas mûres sur ton compte. Il posa sur elle unregardplein de détresse. Elle pût alors contempler son visage dans son ensemble. - Ouaip, la nature t'a pas gâté non plus. (...)
Plus les choses avançaient et plus l'Arme s'apercevait que quelque chose clochait. La donzelle était morte de trouille. Pas la moindre trace dans sonregardde cet amour puissant que Clébard lui avait tant de fois décrit. Lorsqu'il couvrit la fille et s'enfonça enfin en elle, l'Arme avait tout compris. (...)
Si elle l'avait pût l'Arme aurait pleuré pendant que Clébard découvrait un corps rétif à son amour, pendant qu'il plongeait sonregarddans des yeux plein de peur et d'incompréhension. Alors que son plaisir grandissait ses illusions s'effondraient, il réalisait quel le rêve stupide avait été sien pendant tout ce temps. (...)
Les Armes aussi peuvent aimer. C'est la morale de mon histoire. - Et comment s'appelait cette Arme ? Demande Clarisse, leregardbrillant de fièvre. - Je crois que tu le sais déjà, lui répond Gaétan avec un sourire. - Sweetsharp, murmure la jeune femme en faisant glisser ses doigts sur la lame de son épée. (...)