Les Voyageux
Les Voyageux... Leur passage intrigue, inquiète. Ils n'ont presque rien, quelques mules, parfois une charrette ou deux, ou encore une de ces fameuses roulottes, de vraies masures à roues. Hommes et femmes, tannés par la marche, vont à pied, chapeau et foulard sur la tête, bijoux couleur de lune aux oreilles et aux poignets, leurs bagages sur le dos, chargés d'enfants et de bêtes. Ils campent à l'écart des cités, rôdent à la limite des champs, mais vivent pourtant de la crédulité et des menus besoins ...Contient : bandes (9)(...) Il peut passer des saisons entières sans qu'aucun ne paraisse, et puis l'année d'après, le printemps en amène desbandesentières dans sa corbeille. Allez savoir ! Les Voyageux, ou gens du Voyage, ne sont sans doute pas un peuple à part entière, mais desbandesdisséminées, familles, confréries ou clans, tous adeptes d'un Voyage éternel, de génération en génération. D'une certaine manière, les Voyageurs aussi peuvent prétendre faire partie de ce peuple. (...)
Malgré les superstitions, malgré la multitude et la diversité des Voyageux qu'on confond aisément avec les petitesbandesde Voyageurs occasionnels ou éternels, il existe bien une tradition des Voyageux. Ce sont exclusivement des fils de Voyageux — le mariage avec un(e) Terrien(ne) n'est toléré que si le Voyageux ne trahit pas la route — qui possède une organisation et des traditions similaires. (...)
Tourblion, dans son très contesté Misères et grandeurs des Voyageux, prétend que le voyageux serait bien antérieur à la moderne langue du Voyage, et que leur parenté ne serait qu'apparente — la souche du voyageux serait plutôt selon lui le sylvain, la langue des êtres féeriques des bois... Autre trait récurrent, l'organisation en petitesbandesregroupées en clans, chaque bande dépendant d'un chef, et chaque clan d'un ' noble ' portant titre de comte, duc, marquis — sans qu'une hiérarchie très claire puisse être déterminée entre ces titres — en tant que suzerain des différentesbandes. Peut-être est-ce une simple moquerie, comme toute cette aristocratie de hors-la-loi établie par la reine Herbeuse dans son repaire des Crins de Neige. (...)
De toute façon, les liens de vassalité voyageuse, s'ils sont forts dans l'esprit de tous, ne comportent pas beaucoup de droits et de devoirs : le vassal doit veiller à faire appliquer les lois du partage envers les Voyageux d'autresbandes, vassal et suzerain se doivent une protection mutuelle et le vassal doit répondre aux convocations de son suzerain. Ces convocations ont lieu régulièrement pour l'échange de nouvelles, les mariages entrebandes, voire la mise en place de petites foires voyageuses — où ne se pratique pas seulement le recel, mais aussi la vente de bétail, la charronnerie, l'échange de tissus de chance et de pierres du Voyage... L'autorité au quotidien d'un chef de bande ou de clan ressemble bien plus à celle d'un capitaine de pirates qu'à celle d'un seigneur féodal : il n'est pas plus riche que les autres, n'a pratiquement aucun privilège, et son autorité — surtout morale — ne prend sa force que dans les situations de crise. (...)
Un souverain voyageux est strictement héréditaire, et sa lignée doit être pure de toute mésalliance avec les gens de la Terre. L'organisation desbandesse fait par roulottes, qui correspondent à peu près à des familles, mais pas systématiquement : les alliances entre quelques Voyageux pour former une famille (appelées compincheries ou frérèches) sont coutumières. (...)
Chaque famille possède son porte-parole, qui n'est pas forcément le chef de famille, plutôt le plus beau parleur. La roulotte devient le feu dans lesbandesde Voyageux allant à pied, la barque chez les Voyageux des eaux ou encore le ptome chez ces Voyageurs qui vont sur le dos des sextupèdes à dos du cuir du même nom — chaque ptome est assez grand pour qu'une famille y niche — mais le principe reste le même. (...)