Nouvelle : Une fleur pour la princesse
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Lorsque j'arrivai enfin en haut de la colline, je me mis à penser à toute cette sombre histoire... Oh certes, je n'étais pas un grand poète ou ne possédais pas des qualités de conteurs comme les compagnons de la guilde des bonnaventures mais quand même... Il y avait certainement dans ce que je venais de vivre une leçon à tirer ou un message à laisser à ceux qui font une confiance aveugle à ce que leur dicte leur cœur. L'ignorance et la naïveté ont cette vertu qui permet aux faibles, aux timorés ou ...Contient : lune (20)(...) Que je faisais partie de ces surhommes qui étaient plus forts, plus beaux et plus résistants que les gens du commun. -Tu pourras sans peine atteindre ta treize-centièmelunesi tu ne passes pas trop près de la main de Jazerbel à cause d'une vie aventureuse mon garçon.. (...)
J'aimais parfois penser qu'elle était due à une sorte de don de seconde vue qui me permettait de prévoir le danger pour y échapper. Mais la vérité était sans doute que je devais être né sous la protection de laluneelle-même, de Celebn: mère de la Fortune et du Destin. La douleur se faisait plus vive, elle lançait de grands assauts furieux sur toute la longueur de mon flanc et de mon bras. (...)
Le soleil pointait haut dans le ciel, il ne tarderait pas à passer au-dessus de Celebn. Celebn... Je posai mon regard sur lalunefixe et orange. Etait-ce elle qui avait préservé ma vie, avais-je le pouvoir de rentrer en résonance avec une partie de sa radiance céleste ? (...)
Ca échappait à ma façon d'appréhender les choses de l'existence... C'était la neuvième nuit, je me rappelle, laluneétait dans son plus petit croissant. Elle paraissait bien pâle à côté de la lueur orangée de Celebn qui ne changeait jamais de forme ou de place dans le ciel. (...)
Il n'avait jamais été fichu, avec ses gros doigts boudinés, de faire un noeud correct. La petite posa ses mains sur la gangue cristalline et une lumière plus intense que celle de lalunecommença à diffuser autour d'elle. Elle arracha le cristal de la main du pauvre Nasht et pencha la tête en avant. (...)
Il serait le seul en état pour protéger ses compagnons au coeur même du Territoire du Dragon... Marik releva la tête. Un bruissement furtif venait de le tirer de son demi-sommeil. Lalunedevait se trouver à la moitié de sa course dans le ciel. Il avait du s'assoupir quelques instants. (...)
Mais déjà des bruits de pas lourds se précipitaient derrière lui. En un éclair, il se délesta de son sac à dos et dégaina sa lame-lunepour recevoir ses assaillants. Deux grands rudes, casse-tête et masse à la main, apparurent dans son champs de vision, pendant que le lanceur de couteau faisait le tour du chariot pour le prendre à revers. Le temps d'un souffle, il songea à dégainer sa griffe-lunepour empoisonner l'adversaire de gauche pendant qu'il embrochait celui de droite. Mais c'était risqué, quelqu'un aurait pu reconnaître un style de combat Dorli. (...)
Lombardo bondit à nouveau sur le sol derrière le lanceur de couteau qui se retournait : une velue avec une cape sombre. La lame-lunesiffla au niveau de la gorge. Elle n'eut pas le temps de parer avec son épée courte. Une gerbe rouge éclaboussa le chariot. (...)
Mais je crois que c'est ton jour de chance : la roue de Celebn vient de tourner. Lombardo ramassa un morceau de chiffon dans son sac et essuya sa lame-luneavant de la ranger doucement dans son fourreau. Eponger le fil de la lame sur les vêtements de la victime à ses pieds n'aurait pas cadré dans le portrait qu'il voulait donner de lui au grand-rude. (...)
Il faisait froid, très froid. Il continuait à avancer malgré sa nudité. La neige tombait drue sous lalunesang. Ses pieds bougeaient presque indépendamment de sa volonté, il devait continuer à avancer. (...)
Il se massa le crâne et se leva pour observer les étoiles. Elle ne se réveilla pas, il avait l'habitude de ne pas faire de bruit. Laluneétait pleine et mélangeait sa lumière à celle de Celebn pour teinter le ciel d'une clarté presque irréelle. (...)
Plus le temps de réfléchir, Lombardo enduisit une de ses étoiles de tranquillisant et fonça vers le campement, lame-luneà la main. Tête d'acier, en se tenant la gorge, essaya de le réceptionner avec sa hache mais Lombardo fut plus rapide. (...)
Tout défila encore plus rapidement : la pression dans la tête, l'impression que le nez et les oreilles étaient réduits à l'état de pulpe sanguinolente, la lame plongeant dans le ventre du démon, les crocs déchirant la chair de son cou, la roulade pour éviter le coup de masse et le porter sur le démon, la colonne vertébrale du démon volant en éclat, la lame brisée par le choc, le dégagement rapide pour éviter un deuxième coup de masse, Rasjta s'écroulant genoux au sol. En se réceptionnant en arrière, Lombardo dégaina sa griffe-lune. Le temps sembla revenir à la normale. Davon posa ses yeux sur le corps sans vie de tête d'acier et rugit en dégainant sa hache dans sa main libre: -Pourquoi ? (...)
Tu vas crever !!! Davon chargea, Lombardo attendit le dernier instant et plongea sur le côté. La griffe-lunese planta dans le mollet pendant que la hache glissait le long de son bras. Davon se retourna, Lombardo fit un autre plongeon, en arrière cette fois-ci, pour cueillir l'épée courte au fourreau du démon. Davon glissa un oeil hébété sur la lame-lunequi distillait tout son poison. Il comprit qu'il était mort et eut à peine le temps de murmurer "saloperie de Dorli" pendant que l'épée courte plongeait dans le crâne de Karel. (...)
Toutes les tâches secondaires comme recouvrir les corps de poix, les faire brûler ou s'occuper de ses plaies pouvaient maintenant attendre. Lombardo leva la tête au ciel, lalunen'était plus tout à fait pleine mais elle avait l'étrange couleur rousse de Celebn. Aucun voile ne se posait sur les deux astres, aucun linceul. (...)
Lombardo caressa le pommeau de son épée large, il devrait se contenter de celle-là en attendant que sa lame-lunesoit reforgée en Dorli. Il songea, un instant, à répondre pour prolonger le débat, mais cela aurait été stérile. (...)
Dehors la tempête semblait s'être apaisée, il fallait partir à sa recherche. Une ombre traversa soudain la porte de la cathédrale, elle tenait une lame-luneà la main... Elle se posa en position de combat au centre d'une arche baignée par la lumière. Lombardo essaya de distinguer son visage mais il n'en eut pas le temps. (...)
Oh ce n'était pas qu'il y eut à en tirer une gloire particulière : je n'étais pas dans un excellent état, allongé contre mon rocher, à fixer béatement lalunedans un état de demi-somnolence... Mais bon, Chat était de retour pour clore le chapitre de cette sombre histoire de fleur pour une princesse. (...)