Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Ombre
Alors que nous tentions de calmer avec peine nos montures affolées, quelques-uns des jurons de Random me parvinrent, surmontant le vacarme assourdissant des éboulements rocheux. Tous devaient avoir compris ce qui jaillissait du sol devant nous. Passant la main sur l'encolure de mon cheval, je me tournais vers le Roi, attendant un signe de sa part. Il avait démonté, tout comme Eric et Flora. Leurs regards convergèrent un instant encore sur moi, suspicieux, puis se tournèrent vers Random. Rien ne bougeait ...Contient : regard (4)(...) Ou était-ce vrai ? ! Je n'osais détacher mes yeux de ces maudites lettres de pierre. Je redoutais de croiser leurregard. Je craignais les sentiments que j'y lirais, les mots peut-être prononcés. Pourtant, un mouvement rapide et inquiétant m'obligea à baisser la tête. (...)
Ni Random, ni Eric ne s'en inquiétant, je jugeai que le phénomène provenait de l'un d'eux et cessai de m'en soucier pour parcourir les lieux duregard. Des traces pourpres maculaient le sol. Du sang séché probablement. Elles menaient à l'entrée d'un passage étroit, seule autre ouverture, où nous nous faufilâmes un à un. (...)
Il obtint pour Yarick, lui et moi la permission de quitter momentanément le groupe afin de visiter cette Ombre qui nous intriguait tant. Légèrement vexée, mais soulagée tout de même de ne plus sentir peser sur mes épaules leregardscrutateur de mes aînés, je laissai ma monture suivre les deux jeunes hommes. Nous arrivâmes rapidement en vue d'un petit groupement de maisons aux toits de paille, presque un village. (...)
L'odeur révélait qu'aucun visiteur n'avait pénétré les lieux depuis bien longtemps Lorsque les quelques bougies disposées le long des murs furent allumées, un spectacle étrange s'offrit à nous. Dansants sous la lueur des flammes, deux portraits accrochèrent monregard. Deux hommes dont j'avais vu des illustrations au palais, mais aucune pourtant ne remontait autant en arrière dans le temps. (...)