Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : cratère (39)(...) Il était conçu en ces termes : In Sneffels Yoculis craterem kem delibat umbra Scartaris Julii intra calendas descende, audas viator, et terrestre centrum attinges. Kod feci. Arne Saknussem. Ce qui, de ce mauvais latin, peut être traduit ainsi : Descends dans lecratèredu Yocul de Sneffels que l'ombre du Scartaris vient caresser avant les calendes de Juillet, voyageur audacieux, et tu parviendras au centre de la Terre. (...)
- Lui-même, une montagne haute de cinq mille pieds, l'une des plus remarquables de l'île, et à coup sûr la plus célèbre du monde entier, si soncratèreaboutit au centre du globe. - Mais c'est impossible ! m'écriai-je en haussant les épaules et révolté contre une pareille supposition. (...)
- Impossible ! répondit le professeur Lidenbrock d'un ton sévère. Et pourquoi cela ? - Parce que cecratèreest évidemment obstrué par les laves, les roches brûlantes, et qu'alors... - Et si c'est uncratèreéteint ? - Eteint ? - Oui. Le nombre des volcans en activité à la surface du globe n'est actuellement que de trois cents environ ; mais il existe une bien plus grande quantité de volcans éteints. (...)
Il a remarqué qu'aux approches des calendes de juillet, c'est-à-dire vers les derniers jours du mois de juin, un des pics de la montagne, le Scartaris, projetait son ombre jusqu'à l'ouverture ducratèreen question, et il a consigné le fait dans son document. Pouvait-il imaginer une indication plus exacte, et une fois arrivés au sommet du Sneffels, nous sera-t-il possible d'hésiter sur le chemin à prendre ? (...)
J'accorde même que le document a un air de parfaite authenticité. Ce savant est allé au fond du Sneffels ; il a vu l'ombre du Scartaris caresser les bords ducratèreavant les calendes de juillet ; il a même entendu raconter dans les récits légendaires de son temps que cecratèreaboutissait au centre de la terre ; mais quant à y être parvenu lui-même, quant à avoir fait le voyage et à en être revenu, s'il l'a entrepris, non, cent fois non ! - Et la raison ? (...)
Il composa une boule métallique faite principalement des métaux dont je viens de parler, et qui figurait parfaitement notre globe ; lorsqu'on faisait tomber une fine rosée à sa surface, celle-ci se boursouflait, s'oxydait et formait une petite montagne ; uncratères'ouvrait à son sommet ; l'éruption avait lieu et communiquait à toute la boule une chaleur telle qu'il devenait impossible de la tenir à la main. (...)
si nous attendions au 22 juin, nous arriverions trop tard pour voir l'ombre du Scartaris caresser lecratèredu Sneffels ! Il faut donc gagner Copenhague au plus vite pour y chercher un moyen de transport. (...)
- Ah ! fit mon oncle, le Sneffels. - Oui, l'un des volcans les plus curieux et dont on visite rarement lecratère. - Eteint ? - Oh ! éteint depuis cinq cents ans. - Eh bien ! répondit mon oncle, qui se croisait frénétiquement les jambes pour ne pas sauter en l'air, j'ai envie de commencer mes études géologiques par ce Seffel... Fessel... comment dites-vous ? (...)
« Oui, fit-il, vos paroles me décident ; nous essayerons de gravir ce Sneffels, peut-être même d'étudier soncratère! - Je regrette bien, répondit M. Fridriksson, que mes occupations ne me permettent pas de m'absenter ; je vous aurais accompagné avec plaisir et profit. (...)
de voyager au milieu du pays le plus curieux ! de gravir une montagne fort remarquable ! au pis-aller de descendre au fond d'uncratèreéteint ? Il est bien évident que ce Saknussemm n'a pas fait autre chose. Quant à l'existence d'une galerie qui aboutisse au centre du globe, pure imagination ! (...)
Hans loua les services de trois Islandais pour remplacer les chevaux dans le transport des bagages ; mais, une fois arrivés au fond ducratère, ces indigènes devaient rebrousser chemin et nous abandonner à nous-mêmes. Ce point fut parfaitement arrêté. (...)
Une idée, entre toutes, me tracassait fort, idée effrayante et faite pour ébranler des nerfs moins sensibles que les miens. « Voyons, me disais-je, nous allons gravir le Sneffels. Bien. Nous allons visiter soncratère. Bon. D'autres l'ont fait qui n'en sont pas morts. Mais ce n'est pas tout. S'il se présente un chemin pour descendre dans les entrailles du sol, si ce malencontreux Saknussemm a dit vrai, nous allons nous perdre au milieu des galeries souterraines du volcan. (...)
Je revins à la cure l'oreille basse ; mon oncle m'avait battu avec des arguments scientifiques. Cependant j'avais encore un espoir, c'est qu'une fois arrivés au fond ducratère, il serait impossible, faute de galerie, de descendre plus profondément, et cela en dépit de tous les Saknussemm du monde. (...)
Il arriva donc un moment où la puissance mécanique de ces gaz fut telle qu'ils soulevèrent la lourde écorce et se creusèrent de hautes cheminées. De là le volcan fait du soulèvement de la croûte, puis lecratèresubitement troué au sommet du volcan. Alors aux phénomènes éruptifs succédèrent les phénomènes volcaniques ; par les ouvertures nouvellement formées s'échappèrent d'abord les déjections basaltiques, dont la plaine que nous traversions en ce moment offrait à nos regards les plus merveilleux spécimens. (...)
A sept heures du soir nous avions monté les deux mille marches de l'escalier, et nous dominions une extumescence de la montagne, sorte d'assise sur laquelle s'appuyait le cône proprement dit ducratère. La mer s'étendait à une profondeur de trois mille deux cents pieds ; nous avions dépassé la limite des neiges perpétuelles, assez peu élevée en Islande par suite de l'humidité constante du climat. (...)
Sans savoir le danois, je compris qu'il nous fallait suivre Hans au plus vite. Celui-ci commença à tourner le cône ducratère, mais en biaisant, de manière à faciliter la marche. Bientôt, la trombe s'abattit sur la montagne, qui tressaillit à son choc ; les pierres saisies dans les remous du vent volèrent en pluie comme dans une éruption. (...)
Enfin, à onze heures du soir, en pleine obscurité, le sommet du Sneffels fut atteint, et, avant d'aller m'abriter à l'intérieur ducratère, j'eus le temps d'apercevoir « le soleil de minuit » au plus bas de sa carrière, projetant ses pâles rayons sur l'île endormie à mes pieds. (...)
» La demande formulée, le chasseur répondit : « Scartaris. » Mon oncle me jeta un coup d'oeil triomphant. « Aucratère! » dit-il. Lecratèredu Sneffels représentait un cône renversé dont l'orifice pouvait avoir une demi-lieue de diamètre. Sa profondeur, je l'estimais à deux mille pieds environ. (...)
Le fond de l'entonnoir ne devait pas mesurer plus de cinq cents pieds de tour, de telle sorte que ses pentes assez douces permettaient d'arriver facilement à sa partie inférieure. Involontairement, je comparais cecratèreà un énorme tromblon évasé, et la comparaison m'épouvantait. « Descendre dans un tromblon, pensai-je, quand il est peutêtre chargé et qu'il peut partir au moindre choc, c'est oeuvre de fous. (...)
Sur un point seulement se détachait le pic du Scartaris, qui s'enfonçait dans l'immensité. Au fond ducratères'ouvraient trois cheminées par lesquelles, au temps des éruptions du Sneffels, le foyer central chassait ses laves et ses vapeurs. (...)
Je l'aperçus, les bras étendus, les jambes écartées, debout devant un roc de granit posé au centre ducratère, comme un énorme piédestal fait pour la statue d'un Pluton. Il était dans la pose d'un homme stupéfait, mais dont la stupéfaction fit bientôt place à une joie insensée. (...)
Combien de temps demeurai-je ainsi plongé dans mes réflexions, je l'ignore. Tout ce que je sais, c'est qu'en relevant la tête je vis mon oncle et Hans seuls au fond ducratère. Les Islandais avaient été congédiés, et maintenant ils redescendaient les pentes extérieures du Sneffels pour regagner Stapi. (...)
Hans dormait tranquillement au pied d'un roc, dans une coulée de lave où il s'était fait un lit improvisé ; mon oncle tournait au fond ducratère, comme une bête sauvage dans la fosse d'un trappeur. Je n'eus ni l'envie ni la force de me lever, et, prenant exemple sur le guide, je me laissai aller à un douloureux assoupissement, croyant entendre des bruits ou sentir des frissonnements dans les flancs de la montagne. Ainsi se passa cette première nuit au fond ducratère. Le lendemain, un ciel gris, nuageux, lourd, s'abaissa sur le sommet du cône. Je ne m'en aperçus pas tant à l'obscurité du gouffre qu'à la colère dont mon oncle fut pris. (...)
Je renonce à peindre l'impuissante colère du professeur Lidenbrock. La journée se passa, et aucune ombre ne vint s'allonger sur le fond ducratère. Hans ne bougea pas de sa place ; il devait pourtant se demander ce que nous attendions, s'il se demandait quelque chose ! (...)
Le lendemain le ciel fut encore couvert, mais le dimanche, 28 juin, l'antépénultième jour du mois, avec le changement de lune vint le changement de temps. Le soleil versa ses rayons à flots dans lecratère. Chaque monticule, chaque roc, chaque pierre, chaque aspérité eut part à sa bienfaisante effluve et projeta instantanément son ombre sur le sol. (...)
- Je veux dire que nous avons atteint seulement le sol de l'île ! Ce long tube vertical, qui aboutit aucratèredu Sneffels, s'arrête à peu près au niveau de la mer. - En êtes-vous certain ? - Très certain. (...)
« Il faut revenir, m'écriai-je, et reprendre le chemin du Sneffels. Que Dieu nous donne la force de remonter jusqu'au sommet ducratère! - Revenir ! fit mon oncle, comme s'il répondait plutôt à lui qu'à moi-même. - Oui, revenir, et sans perdre un instant. (...)
Au besoin, nous l'aurions contraint à regagner les hauteurs du Sneffels ! Je m'approchai de Hans. Je mis ma main sur la sienne. Il ne bougea pas. Je lui montrai la route ducratère. Il demeura immobile. Ma figure haletante disait toutes mes souffrances. L'Islandais remua doucement la tête, et désignant tranquillement mon oncle : « Master, fit-il. (...)
Il était évident que nous étions rejetés par une poussée éruptive ; sous le radeau, il y avait des eaux bouillonnantes, et sous ces eaux toute une pâte de lave, un agrégat de roches qui, au sommet ducratère, se disperseraient en tous les sens. Nous étions donc dans la cheminée d'un volcan. Pas de doute à cet égard. (...)
Depuis le cap Saknussemm, nous avions été entraînés directement au nord pendant des centaines de lieues. Or, étionsnous revenus sous l'Islande ? Devions-nous être rejetés par lecratèrede l'Hécla ou par ceux des sept autres monts ignivomes de l'île ? Dans un rayon de 500 lieues, à l'ouest, je ne voyais sous ce parallèle que les volcans mal connus de la côte nord-ouest de l'Amérique. (...)
- Il n'y a plus d'eau, Axel, mais une sorte de pâte lavique qui nous soulève avec elle jusqu'à l'orifice ducratère. » La colonne liquide avait effectivement disparu pour faire place à des matières éruptives assez denses, quoique bouillonnantes. (...)
fit mon oncle les dents serrées, tu le crains, mon garçon ; mais rassure-toi, ce moment de calme ne saurait se prolonger ; voilà déjà cinq minutes qu'il dure, et avant peu nous reprendrons notre ascension vers l'orifice ducratère. » Le professeur, en parlant ainsi, ne cessait de consulter son chronomètre, et il devait avoir encore raison dans ses pronostics. (...)
Je me vis couché sur le versant d'une montagne, à deux pas d'un gouffre dans lequel le moindre mouvement m'eût précipité. Hans m'avait sauvé de la mort, pendant que je roulais sur les flancs ducratère. « Où sommes-nous ? » demanda mon oncle, qui me parut fort irrité d'être revenu sur terre. Le chasseur leva les épaules en signe d'ignorance. (...)
Je ne voulais pas en croire mes regards ; mais la réelle cuisson dont mon corps était l'objet ne permettait aucun doute. Nous étions sortis à demi nus ducratère, et l'astre radieux, auquel nous n'avions rien demandé depuis deux mois, se montrait à notre égard prodigue de lumière et de chaleur et nous versait à flots une splendide irradiation. (...)
- Cependant... - Regarde, Axel, regarde ! » Au-dessus de notre tête, à cinq cents pieds au plus, s'ouvrait lecratèred'un volcan par lequel s'échappait, de quart d'heure en quart d'heure, avec une très forte détonation, une haute colonne de flammes, mêlée de pierres ponces, de cendres et de laves. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...