Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : fer (20)(...) Voilà donc le personnage qui m'interpellait avec tant d'impatience. Représentez-vous un homme grand, maigre, d'une santé defer, et d'un blond juvénile qui lui ôtait dix bonnes années de sa cinquantaine. Ses gros yeux roulaient sans cesse derrière des lunettes considérables ; son nez, long et mince, ressemblait à une lame affilée ; les méchants prétendaient même qu'il était aimanté et qu'il attirait la limaille defer. Pure calomnie : il n'attirait que le tabac, mais en grande abondance, pour ne point mentir. Quand j'aurai ajouté que mon oncle faisait des enjambées mathématiques d'une demi-toise, et si je dis qu'en marchant il tenait ses poings solidement fermés, signe d'un tempérament impétueux, on le connaîtra assez pour ne pas se montrer friand de sa compagnie. (...)
Et les bitumes, les résines, les sels organiques qu'il fallait préserver du moindre atome de poussière ! Et ces métaux, depuis leferjusqu'à l'or, dont la valeur relative disparaissait devant l'égalité absolue des spécimens scientifiques ! (...)
Le pauvre homme était tellement possédé de son idée, qu'il oubliait de se mettre en colère ; toutes ses forces vives se concentraient sur un seul point, et, comme elles ne s'échappaient pas par leur exutoire ordinaire, on pouvait craindre que leur tension ne le fît éclater d'un instant à l'autre. Je pouvais d'un geste desserrer cet étau deferqui lui serrait le crâne, d'un mot seulement ! Et je n'en fis rien. Cependant j'avais bon coeur. (...)
Je gagnai donc les bords de l'Elbe, du côté du bac à vapeur qui met la ville en communication avec le chemin deferde Hambourg. Etais-je convaincu de ce que je venais d'apprendre ? N'avaisje pas subi la domination du professeur Lidenbrock ? (...)
Il n'y avait plus à en douter ; mon oncle venait d'employer son après-midi à se procurer une partie des objets et ustensiles nécessaires à son voyage ; l'allée était encombrée d'échelles de cordes, de cordes à noeuds, de torches, de gourdes, de crampons defer, de pics, de bâtons ferrés, de pioches, de quoi charger dix hommes au moins. Je passai une nuit affreuse. (...)
A cinq heures et demie, un roulement se fit entendre dans la rue. Une large voiture arrivait pour nous conduire au chemin deferd'Altona. Elle fut bientôt encombrée des colis de mon oncle. « Et ta malle ? me dit-il. - Elle est prête, répondis-je en défaillant. (...)
Marthe et la jeune fille, du seuil de la porte, nous adressèrent un dernier adieu ; puis les deux chevaux, excités par le sifflement de leur conducteur, s'élancèrent au galop sur la route d'Altona. VIII Altona, véritable banlieue de Hambourg, est tête de ligne du chemin deferde Kiel qui devait nous conduire au rivage des Belt. En moins de vingt minutes, nous entrions sur le territoire du Holstein. (...)
C'était une vaste suite de plaines peu curieuses, monotones, limoneuses et assez fécondes : une campagne très favorable à l'établissement d'un railway et propice à ces lignes droites si chères aux compagnies de chemins defer. Mais cette monotonie n'eut pas le temps de ma fatiguer, car, trois heures après notre départ, le train s'arrêtait à Kiel, à deux pas de la mer. (...)
Là ils disparurent à fond de cale. Mon oncle, dans sa précipitation, avait si bien calculé les heures de correspondance du chemin deferet du bateau, qu'il nous restait une journée entière à perdre. Le steamer l'Ellenora ne partait pas avant la nuit. (...)
A sept heures du matin nous débarquions à Korsor, petite ville située sur la côte occidentale du Seeland. Là nous sautions du bateau dans un nouveau chemin deferqui nous emportait à travers un pays non moins plat que les campagnes du Holstein. C'était encore trois heures de voyage avant d'atteindre la capitale du Danemark. (...)
Pas un fermier, pas un pêcheur qui ne sache lire et qui ne lise. Nous pensons que des livres, au lieu de moisir derrière une grille defer, loin des regards curieux, sont destinés à s'user sous les yeux des lecteurs. Aussi ces volumes passent-ils de main en main, feuilletés, lus et relus, et souvent ils ne reviennent à leur rayon qu'après un an ou deux d'absence. (...)
Les outils comprenaient deux pics, deux pioches, une échelle de soie, trois bâtons ferrés, une hache, un marteau, une douzaine de coins et pitons defer, et de longues cordes à noeuds. Cela ne laissait pas de faire un fort colis, car l'échelle mesurait trois cents pieds de longueur. (...)
Pour me faire entendre il fallait précisément parler le long de cette muraille qui servirait à conduire ma voix comme le fil deferconduit l'électricité. Mais je n'avais pas de temps à perdre. Que mes compagnons se fussent éloignés de quelques pas et le phénomène d'acoustique eût été détruit. (...)
Quand le pic est remonté à bord, Hans me fait remarquer à sa surface des empreintes fortement accusées. On dirait que ce morceau defera été vigoureusement serré entre deux corps durs. Je regarde le chasseur. « Tänder ! » dit-il. Je ne comprends pas. (...)
Celui-ci, ouvrant et refermant plusieurs fois la bouche, me fait comprendre sa pensée. « Des dents ! » dis-je avec stupéfaction en considérant plus attentivement la barre defer. Oui ! ce sont bien des dents dont l'empreinte s'est incrustée dans le métal ! Les mâchoires qu'elles garnissent doivent posséder une force prodigieuse ! (...)
Suis-je donc destiné, moi, habitant de la terre, à me trouver face à face avec ces représentants d'une famille antédiluvienne ? Non ! c'est impossible. Cependant la marque des dents puissantes est gravée sur la barre defer, et à leur empreinte je reconnais qu'elles sont coniques comme celles du crocodile. Mes yeux se fixent avec effroi sur la mer. (...)
Pourquoi ne puis-je retirer mon pied ? Il est donc rivé au radeau ? Ah ! la chute de ce globe électrique a aimanté tout leferdu bord ; les instruments, les outils, les armes s'agitent en se heurtant avec un cliquetis aigu ; les clous de ma chaussure adhèrent violemment à une plaque deferincrustée dans le bois. Je ne puis retirer mon pied ! Enfin, par un violent effort, je l'arrache au moment où la boule allait le saisir dans son mouvement giratoire et m'entraîner moi-même, si... Ah ! (...)
- Explique-toi, mon garçon. - Pendant l'orage, sur la mer Lidenbrock, cette boule de feu qui aimantait leferdu radeau avait tout simplement désorienté notre boussole ! - Ah ! s'écria le professeur, en éclatant de rire, c'était donc un tour de l'électricité ? (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...