Réveil
Contient : loup (5)(...) Elle s'est emparée de moi, m'a paralysé : je réalise enfin la situation. Je suis acteur de ce carnage et leloupest mon bourreau... Un tremblement convulsif me secoue par vagues furieuses, une main invisible se pose sur ma gorge et m'étouffe, mon coeur est subitement trop étroit, j'ouvre la bouche pour crier. (...)
« Je » n'a pas cessé de grogner, laissant sourde la menace qui s'échappe de sa gorge. L'intrus ne grogne plus. Le temps semble s'être arrêté. Soudain, leloupa fait volte-face et en glapissant s'est élancé vers la lumière, la queue entre les jambes. Et « Je » a bondi en avant avec une vitesse et une précision incroyable pour sa masse. (...)
« Je » a plongé ses griffes profondément dans le poitrail de l'intrus qui laisse échapper une courte plainte. Et « Je » a mordu la nuque duloupet l'a broyée. Le sang appelle le sang : « Je » est devenu fou et pendant un long moment s'est acharné sur l'animal qui gît à présent inerte, informe, à l'entrée de la grotte. (...)
J'ai mal partout : pas un pouce de chair qui ne soit mal en point. Je roule sur moi-même et me dirige vers l'extérieur. J'y découvre un cadavre deloupprofondément tailladé, brisé, mutilé. Curieusement, loin de m'horrifier, la vision m'attire. Je m'accroupis près du cadavre et j'entreprends de le dépecer à l'aide d'une pierre tranchante. (...)
Je découpe un morceau de chair et goûte. La sang coule dans ma gorge tandis qu'une myriade d'images m'assaille... Le soir venu. La peau duloupsur mes épaules m'aide à me réchauffer. Sa viande m'a rassasié. Je ferme les yeux. Une question revient, qui m'obsède... Qui suis-je vraiment ? (...)Eclair ! J'ai froid. Je tremble. Un rayon de soleil glacé me transperce, me vrille le cerveau. J'ai mal. Partout. M'étirer. Bouger : c'est ça, il faut bouger pour vivre. Je vais me lever. Comment fait-on déjà ? Pourquoi est-ce que tout tourne autour de moi, brusquement, soudainement ? Où suis-je ? M'asseoir... Me calmer. Je dois me calmer. Voilà, je suis assis. L'écorce me griffe la peau du dos. Là-haut, au centre de la touffeur des feuillus, le Grand Brillant fait une crise ...