Indépendant exiléen #1
sur Ballon-Taxi au format (2.7 Mo)
Contient : lumière (18)(...) Toujours à la pointe de l'actualité nos reporters ont d'ors et déjà put découvrir de nouvelles pistes qui risquerait d'éclairer les faits d'unelumièrenouvelle. Nous avons ainsi put apprendre de sources sures que depuis quelques temps déjà, le secrétaire de « numéro 4 » aurait été aperçu à de nombreuses reprises traînant autour des machines absurdes et observant le travail des ingénieurs. (...)
Suant et renâclant, il brandit son journal pendant près d'une minute avant de conclure que le combat était terminé et qu'il avait manifestement tourné à son avantage. Il put alors allumer lalumière.Ce qu'il vit au pied du mur, immobile dans une fl aque d'huile et de boulons qu'il pouvait reconnaître, fi gure sur cette esquisse. (...)
Le plus important dans cette affaire reste quand même la certitude que les toitures des habitations n'ont pas été soulevées pour le pur et simple amusement de ces messieurs les Voyageurs de l'Ether, loin s'en faut : un homme nous a confi é, entre deux sanglots, qu'en pleine nuit, lui et sa femme ont été « réveillés par un fracas assourdissant ». Il n'a pas eu « le temps de comprendre » ce qui se passait : unelumièreaveuglante a « surgi du plafond », et la malheureuse a été soulevée dans les airs «comme un jouet». (...)
Je tâtonnai le sol autour de moi et y découvris mes effets personnels, vidés de mes poches et disposés près de moi. C'est quand je tentai de me lever qu'une fortelumièrevenue du plafond s'éclaira, m'aveuglant momentanément. Je m'interrogeai sur l'appareil capable de produire une luminosité d'une telle intensité ; sûrement un dispositif électrique inconnu. (...)
J'en étais là de mes pensées quand la rectitude du champ lumineux fut brisé par une ombre étirée : une « statue » venait de s'avancer sous lalumière. Un homme, vêtu d'habits sombres, près du corps, couverts de poches, et coiffé d'une casquette noire dont la visière cachait les yeux. (...)
Je m'apprêtais à répondre quand ma première parole fut couverte par un bruit métallique assourdissant, en même temps que lalumières'éteignait. L'écho du bruit diminuait dans la pièce vide et obscure : mes hôtes s'étaient comme volatilisés dans l'air lourd. (...)
Il ne se trouvait plus qu'à quelques mètres derrière moi grâce à ce saut. Courant toujours, hors d'haleine, j'ai vu lalumièrerouge signalant l'entrée du Fourreau Soyeux à un jet de pierre. J'ai donc redoublé d'effort tandis que ses rouages grinçaient sinistrement dans mon dos. (...)
Etant donné l'altitude et la puissance de leur « foyer lumineux », ceux-ci pourraient également servir à guider les navires à travers la brume constante entourant la Ville. Nous apprenons également l'existence d'une roche qui, lorsqu'elle est chauffée, émet une puissantelumière. L'incandescence du matériaux pourrait durer jusqu'à cinq cycle et ce, en ne chauffant le minerais qu'avec une petite fl amme, « comme celle d'une allumette » précise Henri Janvir. (...)
Ils ont ainsi réglé le problème de la hauteur des « phares ». Henri Janvir s'attend également à pouvoir, grâce à lalumièrefournie par ceux qu'il a appelés les « fénix », explorer de nouveaux dédales inconnus de la Cité d'Acier. (...)
Imaginez-vous en train de marcher dans la rue tout en contemplant votre ombre suivre le moindre de vos gestes... n'est ce pas merveilleux ? Nous assistons peutêtre aujourd'hui à la naissance d'une nouvelle ère, une ère delumière. La construction devrait débuter d'ici deux cycles et en durer trois. Il ne nous reste plus qu'à espérer que celle-ci ne prenne pas trop de retard... Le souffleur autonome effraie les miséreux. (...)
» Pour en savoir plus sur la Baltekienne, lisez le livre d'Isidore Baltek ou, mieux, faites comme les reporters de l'Indépendant Exiléen, essayez la drogue vous-mêmes. Nous n'en sommes pas revenus. Gageons que vous non plus! La gazette des arts. « L'art deLumière» : la sensation artistique 206 ! Une contribution de Gaylord Dusermont. Ah, quelle félicité ! (...)
On aurait pu croire que ce mois serait bien terne d'un point de vue artistique : peu d'expositions au programme, peu de nouveaux artistes, des pièces de théâtre indigentes reposant sur des ressorts rouillés dont les crissements insupportables heurtent les tympans des spectateurs, des opéras et spectacles bien pauvres en sensations fortes, des musiciens en manque flagrant d'inspiration (on pense ici au « concerto pour demoiselles » de Loni, honteux amalgame d'accords incertains et de sonorités médiocres)... Heureusement, un homme a rayonné, dans tous les sens du termes, au coeur de ce morne paysage : Zikos Manil, qui nous a présenté une exposition d'un genre totalement nouveau, au titre sobrement évocateur de « l'art delumière». Un véritable enchantement. Imaginez-vous entrer dans une salle vaste et obscure. On devine un peu partout des formes métalliques curieusement suspendues dans les airs, diffusant en ce lieu une atmosphère de fantasmagorie. (...)
Toutes les couleurs du spectre. Nous progressons dans la salle pour découvrir des oeuvres beaucoup plus complexes : les rayons delumières'y entremêlent de façon si harmonieuse qu'elles forment de véritable images animées : ici un chat qui s'étire, là une superbe silhouette de jeune nymphe nue. (...)
On reste subjugué par la prouesse visuelle et la qualité des oeuvres présentes. Zikos Manil est un sculpteur delumière, et son art qui allie en un esthétisme révolutionnaire un support matériel classique (le métal) et une flux indicible (lalumière) dans une union transcendantale, confine au génie. L'exposition de Zikos Manil aurait pu être un succès complet si de regrettables incidents n'avaient émaillé les derniers jours d'exposition. En effet, l'art delumièreconstitue en soi une prouesse tellement exceptionnelle que nombre de badauds lui prêtent une origine surnaturelle. (...)
Le passé plutôt mystérieux de l'artiste luimême (on lui prête un vécu de scientiste, bien qu'il ait démenti maintes fois ce propos) n'a pas aidé à faire taire les rumeurs qui affirment que l'art delumièreserait en fait dérivé d'objets ou de technologies des Anciens. C'est la raison pour laquelle on vit ces derniers jours des béotiens superstitieux et passablement excités tenter de forcer les portes de l'exposition et de détruire les oeuvres exposées; le pire a été évité de justesse, mais l'enthousiasme provoqué par l'exposition s'en est ressenti. (...)
Puissent les philistins s'évertuer à prêter des origines suspectes à l'art moderne, le spectateur éclairé saura faire taire l'impudique besoin de tout expliquer pour ne juger que le résultat. Et dans le cas de l'art delumière, il est magnifique. Disparition du poète Milo Rilkem. Une contribution de Rémi Fregnac. C'est une perte tragique pour les lettres exiléennes. (...)Un mot de notre directeur : C'est avec un plaisir non dissimulé que je vous livre ici notre cinquième compilation annuelle. Bien entendu, le choix fut diffi cile, parfois déchirant : notre Indépendant vit au rythme du souffl e d'Exil, et c'est avec la même fi erté quotidienne que je me saisis du premier exemplaire sorti des rotatives. Il n'y a pas, à mon sens, de « petites histoires » ou de « nouvelles insignifi antes ». Notre cité vit, respire et frisonne et notre journal s'en veut ...