Un cours d'économie industrielle
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Avant que d'étudier les modèles propres à la belle cité d'Exil, il n'est pas inintéressant de se replonger dans les principes fondamentaux de l'économie industrielle et d'en ressaisir ainsi toutes les subtilités. Le professeur Orthonase Blanqui Aîné, maître de conférence à l'école des arts et métiers d'Oorens, a accepté de nous communiquer la transcription des cours qu'il donna, l'an passé, à ses classes supérieures. Bien que fortement marqué par le caractère d'un homme qui se veut pragmatique ...Contient : autres (17)(...) Ces doctrines étant généralement adoptées, la guerre resta longtemps à l'ordre du jour et il n'y eut qu'une seule classe de personnes riches, celles qui étaient détenteurs du sol ; tous lesautres: fabricants, écrivains, marchands et savants, étaient comme des parias, indignes de rien posséder. (...)
La nuit n'existe plus, le repos est inconnu, au moins pour les machines qui, dans les besoins pressants, voient leurs conducteurs et leurs surveillants se relever les uns lesautres, sans qu'elles arrêtent un instant leur marche. [...] A côté de ce tableau des résultats avantageux que produit le travail industriel, je dois placer, pour être vrai, celui des inconvénients qu'il présente. (...)
Ce sont ces avances qui constituent le capital. Supposez cinq personnes dont une a les avances et lesautresles bras. La première dit auxautres: « Je n'ai pas besoin de travailler mais je vous fais des avances et vous me donnerez une partie des profits de votre travail. » Ne se peut-il point qu'en pareil cas le capital abuse de son avantage et qu'il n'exploite le travail en se faisant la part du lion ? (...)
En Talbes, où les domestiques n'acceptent pas la qualification de serviteurs mais d'aides (Umak), leur conduite est régulière ; ils tiennent à être respectés par leur maître car ils se respectent eux-même ; ils ne travaillent que modérément mais ils le font avec conscience ; leurs gages sont élevés mais ils ne cherchent pas à les augmenter par les vols, les abus de confiance qui se commettent avec tant de facilité dans d'autrespays où ils sont presque tolérés. Le domestique talbéen se conduit bien et cherche à mériter l'estime du monde, car il sait qu'il pourra plus tard y prendre sa place ; il respecte en lui-même le futur citoyen qui sera appelé à remplir des fonctions dans la cité et à parler un jour dans la salle du parlement. (...)
Dans le pays dont nous venons de parler, la débauche n'est pas devenue, comme ailleurs, une sorte de mal-nécessaire ; le séducteur n'abandonne pas la femme qui a manqué pour lui à ses devoir ; il se marie parce qu'il sait pouvoir subvenir par son travail aux besoins de la famille qu'il se crée, à l'éthalerion des enfants qu'il peut avoir. » De l'impôt. « [...] D'autrescauses se sont du reste opposées aux développements de la richesse et à la formation des capitaux : je placerai en première ligne l'impôt. (...)
Pour appuyer son système, l'auteur donne en exemple son pays, la Sostrie, où les impôts sont plus élevés plus que partout ailleurs et l'agriculture et l'industrie sont supérieures à celles de tant d'autrespays. Tout en admettant les faits que nous cite l'économiste sostrien, j'arriverai à une opinion entièrement opposée à la sienne : je dirai que si la Sostrie a pu faire d'aussi grands progrès dans l'industrie et l'agriculture, c'est malgré les impôts et non pas à cause d'eux. (...)
« La plus importante question qui se rattache au capital, ce qui en forme l'élément le plus précieux, celui sans lequel lesautresn'auraient aucune valeur puisqu'ils ne seraient pas mis en oeuvre : c'est l'homme et son intelligence qui forment ce que j'ai déjà appelé le capital moral d'une nation. (...)
» De l'ordre social et de la liberté industrielle : la querelle des écoles sostrienne et talbéenne « Monsieur de Silismondi a été frappé de l'extrême misère qui se manifestait à côté de la richesse et il s'est demandé [...] si le dernier mot du développement industriel était d'augmenter indéfiniment la prospérité de quelques uns au prix de la détresse de presque tous lesautres. Vivement ému d'un pareil état de choses, M. de Silismondi, dont le caractère mérite d'être vénéré, a jeté un éloquent cri d'alarme et s'est mis à attaquer de Beuvin corps à corps. (...)
S'appuyant sur les principes de ce réformateur, les gouvernements se sont mit à l'oeuvre, les uns avec modérations, lesautresavec énergie, et [...] on a traité les corporations comme le voulait de Beuvin. Mais M. de Silismondi, loin de répudier le vieux système, l'a, pour ainsi dire, montré comme l'ancre de salut en présence des difficultés que présente maintenant la liberté industrielle. (...)
— Vous avez aboli, a-t-il dit, les jurandes et les maîtrises et vous voilà dans le désarroi de la concurrence universelle ; vous avez poussé jusqu'à ses dernières limites la division du travail et l'introduction des machines et maintenant vous avez la richesse accumulée sur un point et la misère sur dixautres. Oui, vous avez augmenté la production mais vous avez oublié que ce n'est pas assez de produire et qu'il faut encore écouler et consommer, et vous voilà aux prises avec les encombrements et les crises commerciales qui vous apportent la disette au sein de l'abondance, qui font de l'industrie un champ de bataille et de l'humanité la litière de quelques privilégiés. (...)
Il y a cent ans, sur deux mille personnes, il n'y en n'avaient pas deux qui avaient des bas. Combien d'autresprogrès dont nous sommes loin de nous douter. [...] Ainsi, Messieurs, si l'ouvrier souffre comme producteur, il est dédommagé comme consommateur. (...)
Comme tout ce qui est conçu par l'esprit des hommes, les machines ont eu des avantages et des inconvénients. En même temps qu'elle enlevaient le travail à quelques individus, elle l'offraient à d'autres; elles créaient des produits et en même temps des consommateurs : en un mot, elles déplaçaient des existences mais elles n'en détruisaient aucune. (...)
Elle devait être adoptée partout avec empressement, mais à plus forte raison dans un pays où le combustible était abondant et à bas prix. Le perfectionnement du moteur des fabriques fut le premier pas, le point de départ, d'une foule d'autresaméliorations qui, pour être secondaires, n'en ont pas moins eu d'importants résultats. [...] Il est inutile de demander qu'elle a été la cause des perturbations qui ont déplacé quelques existences et anéanti quelques fortunes ; nous devons simplement nous borner à rechercher si l'on a fait tout ce qui était possible pour se défendre contre ces inconvénients, contre cette perte de travail, momentanée il est vrai, mais qui n'en a pas moins été douloureuse pour les journaliers qui ont eu à la supporter. (...)
de Silismondi propose encore d'anéantir les privilèges dont jouissent les inventeurs, c'est-à-dire de mettre leur découverte en circulation, de la jeter dans le domaine public parce que, dit-il, « en en conservant la jouissance exclusive à l'inventeur, on lui donne le monopole du marché contre lesautresproducteurs ses compatriotes. Il en résulte que les consommateurs nationaux y gagnent fort peu, que l'inventeur y gagne beaucoup, que lesautresproducteurs y perdent et que leurs ouvriers meurent de misère. Si, au contraire, toutes les inventions sont immédiatement révélées, immédiatement soumises à l'imitation de tous les rivaux de l'inventeur, le zèle pour de pareilles découvertes se refroidira et l'on ne les regardera plus comme un expédient par lequel on peut enlever des pratiques à ses concurrents. (...)
Ainsi que cela est arrivé pour la machine à vapeur et la machine à filer, l'invention d'une machine a souvent amené ou nécessité la découverte ou le perfectionnement de beaucoup d'autres. Que l'on parvienne à trouver, par exemple, un procédé de fabrication de fer qui réduise le prix de 15 à 20 pour cent et ce ne seront pas seulement les maîtres de forge qui profiteront de cette économie, mais encore tous les industriels qui emploient le fer, tous les consommateurs qui achètent des objets dont la confection a nécessité le concours de machines et d'instruments dont le fer compose la principale matière première. (...)