De la monnaie et du numéraire
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Du métal et des monnaies. « Le numéraire ne servant ni à la nourriture de l'homme, ni à son entretien, ni à rien de ce qu'il consomme pour son usage, il faut chercher ailleurs la raison de l'importance qu'on lui accorde et de l'intérêt qu'on attache à en posséder la plus grande quantité possible. Nous trouvons bien, dans l'histoire, que quelques peuples ont vécu heureux sans lui, et ont atteint un certain degré de puissance ; mais ces exemples sont excessivement rares, tandis que le nombre des ...Contient : autres (14)(...) La monnaie est cette marchandise intermédiaire qui facilite la production et la circulation de toutes lesautres; c'est là son caractère spécial, celui qu'elle possède seule et qui la distingue desautresmarchandises. [...] Le propre de la monnaie est justement d'intervenir dans toutes les opérations, de faciliter tous les échanges. (...)
Ils ont la propriété d'être inoxydables, de ne pas s'user par le Frai (ou frottement), ou du moins de ne s'user que fort peu, d'être divisible à l'infini ; enfin, à fort peu d'exception près, ils ne servent pas à d'autresusages. Quand à leur qualité de marchandise, qu'un grand nombre d'écrivain et à leur suite, des peuples et des gouvernements ont prétendu leur dénier, personne aujourd'hui n'oserait plus la leur refuser. (...)
Ce sont tous ces services, employés et détruits, toutes ces avances qu'il a fallu faire, qui constituent le prix des métaux précieux, soumis, au reste, comme toutes lesautresmarchandises aux fluctuations qui résultent de l'abondance ou de la rareté. L'or, l'argent et le sélénium étaient chers, c'est-à-dire qu'avec une petite quantité de ces métaux, on obteniat beaucoup de choses, lorsque l'exploitation des mines, encore mal dirigée, n'en faisait venir que de faibles parties dans la circulation ; ils renchérissaient encore lorsque des lois attachaient quelques périls à leur propriété. (...)
Malgré cette diminution réelle, les gouvernements ne convinrent pas de leurs fautes, et les répétèrent constamment ; ils en commirent encore une autre, ce fut de considérer l'or et l'argent comme la richesse même, tandis que ces métaux ne sont que des intermédiaires, des instruments de commerce, et qu'ils n'ont pas même une utilité matérielle aussi grande que d'autresmétaux, le fer, par exemple, avec lequel on peut faire des outils, tandis qu'ils sont impropres à cet usage. (...)
L'argent étant pris comme étalon, nous voyons, au cours actuel : Argent : 1 = Or : 14 = Sélénium : 37 Un savant exiléen nous fournit encore d'autresrenseignements. Suivant lui, l'or serait 45 fois plus rare que l'argent et le sélénium seulement deux fois plus rare que l'or ; ces chiffres infirmeraient ceux que je viens de vous citer, si je ne plaçais, à côté de ces énormes différences, une explication fort simple. (...)
[...] Les inconvénients et les embarras qui ont constamment accompagné les altérations ont, depuis un certain temps déjà, fait sentir les avantages de la loyauté dans cette partie des affaires comme dans toutes lesautres. C'est à l'observation constante de cette règle, que certains états ont dû de voir leur monnaie préférées par le commerce et recherchées sur toutes les places. (...)
[...] Je ne peux que déplorer l'erreur du gouvernement impérial qui va, par son projet, mettre des entraves aux relations commerciales de ce pays avec tous lesautrespeuples. Qu'un négociant impérial vienne en Talbes pour négocier une partie de vins, et après le prix convenu, le propriétaire talbéen stipulera une augmentation de 13 pour cent en cas de paiement en or affaibli ; il en sera de même partout ailleurs ; la défiance, l'incertitude du mode de paiement rendront les transactions plus difficiles et feront élever les prix. (...)
Cette seule considération devrait suffire pour faire rejeter cette malencontreuse proposition. » De la monnaie, des maisons de crédit et des maisons de change « La monnaie est comme toutes lesautresmarchandises, avons-nous dit, chère, quand elle est rare ; à bon marché, quand elle abondante ; elle n'en diffère que parce qu'elle ne s'use pas. (...)
Comme cela arrive presque toujours pour les questions d'une solution compliquée, des systèmes différents et presque tous absolus ont voulu prouver, les uns l'indispensabilité d'un numéraire abondant, lesautressont inutilité complète, et des hommes du plus grand mérite se sont trouvés aux points extrêmes. Les uns, comme M. de Silismondi, se sont écriés : Hors des métaux précieux point de salut ; lesautresont dit, avec l'économiste exiléen Graciado : Sans crédit et sans monnaie de papier, pas de commerce, pas d'industrie et partant, pas de richesse et aussi pas de salut. (...)
[...] Nous venons de voir quelques-uns de effets de la révolution causée par la multiplication des capitaux au moyen du crédit, des maisons de change et de la circulation du papier monnaie. Voici quelquesautresrésultats de cette institution, qui, quoique fort ancienne sur Exil, n'a été généralement adopté que depuis le commencement de ce siècle sur Forge. (...)
« Chose remarquable, presque tous les écrivains qui ont publié des ouvrages sur le crédit n'ont pu rester dans le vrai et ont exagéré, les uns ses avantages, lesautresses inconvénients. Je vous ai déjà signalé les erreurs de Silismondi et de Graciado, je vous parlerai encore d'un économiste exiléen, M. (...)
Les premiers ont commencé par être fripons, ceux qu'ils ont trompé finissent quelquefois par le devenir ; les uns et lesautresont abusé du crédit, et méconnu les règles qu'on doit suivre dans son emploi. Quand, au lieu des particuliers, ce sont les gouvernements qui commettent cette faute, et créent des valeurs fictives, c'est-à-dire qui ne représentent pas des objets réels et ne sont pas garantis par eux ; ils vont également à la banqueroute. (...)