Tempête
Contient : homme (9)Tempête Une nappe de brume automnale venait de se dissiper, me dévoilant soudainement ses yeux, rivés sur l'horizon, et au fond desquels brillait une flamme singulière. L'hommequi s'avançait avait l'étrange regard des gens que rien ne peut arrêter, sûr de lui, plein de savoir et de certitudes. (...)
Ce regard énigmatique et dur, qui forçait le respect des hommes et aurait glacé le sang de plus d'un animal sauvage, du grand aigle maître des cimes, au plus puissant des chevaliers loups de nos forêts. Impassible, l'hommetraversa à grandes enjambées le campement circulaire formé par les roulottes de la Caravane. Il était d'une stature imposante, et presque entièrement vêtu de noir. (...)
Il portait un mantel noir dont la forme et la longueur sortaient de l'ordinaire. Encore plus étrange était sa façon de porter l'épée : en bandoulière. Car cethomme, dont l'accoutrement ne pouvait laisser supposer que la moindre trace de noblesse puisse couler dans ses veines, portait l'épée, au nez et à la barbe de la chevalerie traditionnelle. (...)
J'étais encore sous le coup de l'étonnement, lorsque je vis le Veneur sortir de sa roulotte sans la moindre manifestation de surprise, s'approcher de l'inconnu, planter son regard dans le sien, saisir ses bras puissants, et le serrer un court instant contre son coeur. Qui pouvait bien être cethomme, pour déclencher ainsi, chez notre guide une telle extériorisation de sentiments qui, aussi modérée fût-elle, n'aurait jusqu'alors pu être soupçonnée, même par les plus anciens des bateleurs ? (...)
De l'endroit où je me trouvais, je ne pouvais voir ses yeux, mais je savais qu'à l'instant présent, ils étaient pleins d'affection, d'assurance et de douceur : son geste était le même que celui qu'il avait fait à mon intention le jour où il m'avait recueilli... L'hommeme donna l'impression de comprendre le geste de notre guide. Mais il détourna les yeux du campement. (...)
Plus loin, trois loups imposants, que je n'avais jusque là pas remarqués, l'attendaient et l'escortèrent. L'hommen'était plus qu'un point sur l'horizon lorsque mes yeux se portèrent de nouveau sur le Veneur. (...)
Pour la première fois, celui en qui nous avions investi toute notre confiance m'apparaissait avant tout comme unhomme. Unhommeavec ses faiblesses, mais aussi unhommeavec cette formidable force de caractère qui pousse à être grand, et à se relever des situations les plus douloureuses. Si, ce jour-là, la fascination qu'il exerçait sur moi diminua légèrement, mon amitié pour lui crut dans des proportions incomparables. 'Notre guide était avant tout un être humain'. (...)Une nappe de brume automnale venait de se dissiper, me dévoilant soudainement ses yeux, rivés sur l'horizon, et au fond desquels brillait une flamme singulière. L'homme qui s'avançait avait l'étrange regard des gens que rien ne peut arrêter, sûr de lui, plein de savoir et de certitudes. Ce regard énigmatique et dur, qui forçait le respect des hommes et aurait glacé le sang de plus d'un animal sauvage, du grand aigle maître des cimes, au plus puissant des chevaliers loups de nos forêts. Impassible ...