Constantinople
sur Eric Christ au format (889 Ko)
Contient : clergé (6)(...) La perte de ce petit territoire lointain eut une très grave conséquence: le pape, ne pouvant plus compter sur la protection des armes byzantines, se tourna vers les Francs et cessa dès lors de se considérer comme le sujet de l'empereur grec. C'est sous Constantin V que l'iconoclasme, soutenu d'ailleurs par une partie non négligeable duclergéséculier, atteignit son paroxysme. L'empereur réunit à Hiéria (754) un concile qui décida l'interdiction du culte des images et la destruction de celles-ci. (...)
Surtout, l'Asie Mineure dut à l'énergie de Théodore Lascaris, gendre d'Alexis III, qui semble avoir été élu empereur par leclergéquelques heures avant la prise de Constantinople, d'échapper à la conquête pour sa plus grande partie et de former le noyau à partir duquel sera reconstitué l'Empire, en moins de soixante ans, avec une habileté digne des plus grands souverains de Byzance. (...)
En 1205, l'empereur Baudouin tombait aux mains du tsar sur le champ de bataille d'Andrinople. Innocent III commit en 1208 une autre erreur très grave: quand leclergéde la capitale, se résignant à faire montre de loyalisme envers Henri de Hainaut, successeur de Baudouin, écrivit au pape pour reconnaître sa primauté et demander l'autorisation d'élire un patriarche de rite grec à côté du patriarche latin, comme à Antioche et à Jérusalem; il ne reçut même pas de réponse. (...)
Même lorsque Jean VIII aura déterminé son patriarche, Joseph II, et une partie des évêques à s'abaisser devant Rome et à souscrire à l'union au concile de Florence (1439), le peuple et l'immense majorité duclergés'y opposeront avec une telle violence que l'empereur n'osera pas faire proclamer le décret d'union à Constantinople. (...)
Mais, après lui, la chronographie tend à se rapprocher de l'histoire parce qu'elle cesse d'être un genre monastique. L'Eglise des IXe-Xe siècles, après la victoire des moines orthodoxes sur le hautclergéiconoclaste, tend, en effet, à se replier intellectuellement sur elle-même. Les lettres profanes n'entrent plus guère dans les couvents, où l'on cultive de plus en plus la théologie mystique. (...)
Les efforts de cette école pour donner au dogme une interprétation rationnelle ont contribué à la naissance de la scolastique occidentale, mais à Byzance ils furent mal vus duclergéet des Comnènes eux-mêmes, qui avaient besoin de l'appui de l'Eglise. Jean Italos et Eustrate furent condamnés pour hérésie. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...