Constantinople
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Contient : palais (22)(...) De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables de l'Etat byzantin, par exemple la fréquence et la gravité des révolutions depalaisou des mouvements populaires, la pesanteur de la centralisation administrative, l'immense prestige du patriarcat byzantin qui survécut longtemps à la chute de l'Empire. (...)
Il était constitué par deux grandes places: à l'est, l'Augustéon, rectangulaire, autour duquel s'ordonnaient au nord Sainte-Sophie et les bâtiments du Patriarcat, à l'est lepalaisde la Magnaure, au sud le GrandPalaiset l'Hippodrome; plus à l'ouest, le forum de Constantin, dont la forme ovale imitait, disait-on, celle de l'Océan, rassemblait, autour de la Tyché de la ville et de la statue de son fondateur, les bâtiments du Prétoire et lepalaisdu Sénat. Les deux places étaient reliées par la Régia , large rue à portiques où étaient installées les boutiques des changeurs et des argentiers, ce qui en faisait le principal centre des affaires. La Régia n'était elle-même que la première section de la Mésè («rue centrale»), artère principale de Constantinople qu'elle traversait d'est en ouest, et le long de laquelle on rencontrait d'autres places importantes, tels le forum Tauri (ou de Théodose) où se faisaient les réceptions des ambassadeurs étrangers, et le forum d'Arcadius. (...)
Les monuments Constantinople, capitale politique et religieuse, grand centre commerçant, se distinguait par le nombre de sespalais, de ses édifices administratifs, de ses églises, de ses marchés, de ses ports et de ses maisons de tolérance. On comptait, dans la ville même, une vingtaine depalaisimpériaux, qui n'ont d'ailleurs pas tous existé en même temps, et autant dans la banlieue. Le principal d'entre eux était le GrandPalais, fouillis d'édifices, de cours, de jardins et d'églises qui couvrait 100 000 mètres carrés, et dont l'énormité même causa la ruine lorsque les Paléologues n'eurent plus assez de ressources pour l'entretenir. A l'époque des Comnènes déjà, les souverains résidaient aupalaisdes Blachernes, plus sûr, mitoyen du mur de Théodose à l'endroit où il rejoint la Corne d'Or. Parmi les autres édifices publics, il faut mentionner au moins la Basilique, magnifiquement ornée de statues, où était peut-être installée l'Université, et le Milion, sorte d'arc de triomphe situé non loin de Sainte-Sophie, et qui était le point de départ des routes européennes de l'Empire. (...)
Les vicissitudes historiques ont fait disparaître un nombre de monuments plus important que partout ailleurs. Ce qui subsiste touche avant tout à l'art religieux. Il ne reste presque rien despalaisprestigieux de Constantinople, et encore moins de leur mobilier d'apparat. Des musées et quelques collections privilégiées conservent des épaves de ces richesses évanouies. (...)
Les Turcs imposèrent à l'empereur prisonnier un traité fort modéré; mais, pendant sa captivité, une révolution depalaisavait donné le pouvoir à l'incapable Michel VII, fils de l'empereur défunt Constantin X. A son retour, Romain fut pris par traîtrise et aveuglé. (...)
Les dernières armées byzantines ne s'occupèrent plus que de lutter les unes contre les autres pour imposer l'empereur qu'elles s'étaient choisi, et lorsque le vainqueur de cette ruineuse compétition, Alexis Comnène, neveu d'Isaac, s'installa au GrandPalais, il trouva l'Asie Mineure presque entièrement aux mains des Turcs, le trésor vide, la monnaie dévaluée - une monnaie dont le cours n'avait pas varié depuis le lointain règne d'Anastase Ier -, le commerce et l'industrie ruinés. (...)
Certes, la capitale et les grands centres offraient, d'après les sources, des bâtiments prestigieux (constructions des empereurs iconoclastes au GrandPalais; aménagement duPalaisdes Blachernes;palaisde fantaisie décrit dans l'épopée de Digenis Akritas). Lepalaisde Tekfur Saray à Constantinople, ceux de Bryas (dans l'actuelle ville de Maltepe dans le golfe d'Izmit), de Trébizonde et de Nymphaion (près d'Izmir) sont peut-être à rapprocher, par leurs corps de logis allongés, dupalaisdes Despotes à Mistra. Cette ville (et, à un moindre titre, Geraki) offre un habitat bien étudié. Les maisons, souvent perpendiculaires à la pente, sont toutes pourvues d'un étage et le rez-de-chaussée est enterré du côté de la montagne. Les plus riches sont dotées d'une terrasse (héliakon) donnant sur la vallée et de tours. (...)
Mais apparaît un nouveau plan, pour la première fois attesté en 880, lorsque Basile Ier (867-886) fait édifier dans sonpalaisla Nea, surmontée de cinq coupoles, celui de la croix grecque inscrite. Il peut être simple lorsque les supports se réduisent à quatre éléments: colonnes (Saint-Sauveur in Chora [Karye Camii], première église des Comnènes, env. (...)
L'essor du culte des images, au VIIe siècle, va favoriser la généralisation de ce style austère et réellement « iconique » (mosaïques de Saint-Démétrius à Thessalonique), tandis que, parallèlement, survit toujours la tradition illusionniste héritée de l'Antiquité (pavement du GrandPalais, mosaïque de la Présentation au temple de Kalenderhane Camii à Istanbul, peintures de Sainte-Marie-Antique à Rome). (...)
L'orfèvrerie : Les pièces conservées ne donnent qu'une faible idée de l'importance de l'orfèvrerie byzantine, mais les témoignages littéraires nous font connaître la richesse et la diversité des oeuvres disparues: table d'autel en or massif incrustée de pierres précieuses, à Sainte-Sophie, trône placé sous un ciborium d'or au GrandPalaisde Constantinople, vaisselle relatant les victoires impériales, fabriquée avec l'or pris aux Vandales, sont quelques-unes des réalisations du règne de Justinien. (...)
Les empereurs iconoclastes, Constantin V, que son goût pour l'or avait fait surnommer le « nouveau Midas », et Théophile, enrichirent leurspalaisde multiples pièces d'orfèvrerie: automates, orgues d'or semées de pierres précieuses, meuble à cinq tours (le Pentapyrgion) enfermant les insignes de l'Empire, etc. (...)
), presque rien ne subsistant de l'argenterie profane, pourtant utilisée à profusion pour rehausser la splendeur despalaisimpériaux. Le style des sujets représentés en argent suit l'évolution générale de l'art byzantin. (...)
Ils furent, en effet, utilisés avec prédilection pour les objets de parure (bracelets, boucles d'oreilles, insignes du pouvoir), les objets de culte (icônes, croix, reliquaires, reliures, sertissures de calices ou de patènes, ornements des vêtements liturgiques), le mobilier d'église (autels, iconostases) et le décor despalais. Ils constituaient aussi des présents particulièrement appréciés des princes barbares. L'histoire de l'émaillerie protobyzantine reste mal connue, car les pièces conservées sont peu nombreuses (portrait en médaillon de l'impératrice Eudocie au cabinet des Médailles à Paris, Ve s. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...