Sarah de Lindt
sur Eric Christ au format (160 Ko)
Contient : âme (13)(...) Depuis la mort de sa soeur qu'elle croyait avoir en elle, elle explore désespérément les méandres de l'âmeet du corps humains. Adepte du Tantra, de différents enseignements mystiques afin d'accroître ses sens et son lien avec l'univers, Sarah ressort à chaque fois un peu plus bouleversée (et un peu plus triste) de ses expériences, ne trouvant pas sa soeur. (...)
Pour lui, le feu est la puissance originelle de tout en tant que feu céleste. Il équivaut l'univers à un arbre gigantesque dont les fruits serait l'âmehumaine. Le Cosmos (c'est-à-dire le monde impur) reçoit de ce feu six principes qui lui permettent de s'épanouir: Esprit (Noûs) et Pensée (Epinoia), Voix (Phonê) et Nom (Onoma), Raison (Logismos) et Réflexion (Enthymesis). (...)
'Les chrétiens croient une divinité cruelle qui a crée le monde, et avec lui la mort, la souffrance et, pire encore que la souffrance physique, le mal de l'âme. Les êtres créés sont capables de haïr, de tuer, de faire souffrir leurs propres semblables. Tu ne croiras pas qu'un Dieu juste ait pu vouer ses enfants à cette misère? (...)
Dieu n'est ni corps, n'est pas figure, n'est pas forme, n'a pas de quantité, qualité, poids ou légèreté, il ne voit, n'entend, ne connaît désordre et perturbation, il n'est pasâme, intelligence, imagination, opinion, pensée, parole, nombre, ordre, grandeur, il n'est pas égalité et il n'est pas inégalité, il n'est pas temps et il n'est pas éternité, il est une volonté sans but; essaie de comprendre, Sarah, Dieu est une lampe sans flamme, une flamme sans feu, un feu sans chaleur, une lumière sombre, un grondement silencieux, un éclair aveugle, une brume très lumineuse, un rayon de sa propre ténèbre, un cercle en expansion qui se contracte sur son centre, une multiplicité solitaire, il est. (...)
Il a fait le soleil, qui donne de la lumière, mais peut dessécher les prés, la lune, qui ne parvient pas à dominer la nuit au-delà de quelques jours, puis mincit et meurt, les autres corps célestes, qui sont splendides mais peuvent émettre des influences néfastes, et puis les êtres dotés d'intelligence, mais incapables d'entendre les grands mystères, les animaux, qui tantôt nous sont fidèles et tantôt nous menacent, les végétaux, qui nous nourrissent mais ont la vie très brève, les minéraux, sans vie, sansâme, sans intelligence, condamnés à ne jamais rien comprendre. Le Démiurge était comme un enfant, qui gâche la boue pour imiter la beauté d'une licorne, et il en sort quelque chose qui ressemble à un rat! (...)
Tu avancera d'un pas en cultivant sagesse, force, tempérance et justice, et enfin tu arrivera à acquérir les vertus purificatrices: tu essaiera de séparer l'âmedu corps, tu apprendra à évoquer les dieux - non pas à parler des dieux, comme il en allait pour les autres philosophes, mais à agir sur eux, faisant tomber la pluie par l'entremise d'une sphère magique, plaçant des amulettes contre les tremblements de terre, expérimentant les pouvoirs divinatoires des trépieds, animant les statues pour obtenir des oracles, convoquant Asclépios pour qu'il guérisse les malades. (...)
Elle est agenouillée, ses bras autour de son corps, tendue vers une seule pensée, crispée autour d'une seule idée: Emma. Mon amour, pense-t-elle, monâmesoeur, je t'aime, tu es ma vie, ma lumière... C'est une prière une véritable supplique pour se protéger des démons grimaçants et spectraux qui la harcèlent. (...)
Devant ce spectacle de corps malades, d'esprits brisés, elle avait souffert avec eux, sorte de résonance entre son 'âme' et la souffrance extérieure, lien puissant entre elle et le reste de la réalité, de cette réalité. (...)
Elle avait connu pas mal de type et s'était gorgée de sexe, renouant avec la magie tantrique à leur insu (elle leur demandait de prendre des positions particulières) pour encore et toujours tenter le même but, l'unique et la seule véritable chose qui la motivait: prendre son envol et toucher sa soeur de son esprit. Que sonâmeembrasse la mienne, pensait-elle au moment de la jouissance. J'avais chaud. J'étais en sueur. Une sueur désagréable qui me collait à la peau, qui me rendait poisseuse. (...)
J'avais eu plus mal que de résultat. Mary, une des soeurs au refuge me disait sans cesse que je devais arrêter, que je souillais monâme. Elle était gentille Mary, mais si prude. Encore une qui s'était fait endoctriner. Pourquoi faudrait-il rester vierge pour être plus proche de Dieu. (...)
Alors je l'ai vu sursauter un instant et j'ai eu l'impression infiniment désagréable d'être nue devant lui, mais vraiment nue, pas comme je le suis quand je danse. Comme s'il voyait monâme. Cela m'énervait. je n'étais plus une gamine intimidable. C'était juste un taré qui en rajoutait pour en jeter. (...)
Mais sa soeur qui avait besoin d'elle pour vivre à l'intérieur de son coeur. C'était l'immortalité de l'âmede sa soeur qui était en jeu. Elle comprit qu'elle était en train de la tuer et de se tuer elle-même. (...)
) Répondant à l'affirmative, Sarah ressent alors immédiatement, alors qu'elle et Tetley croisent leur regard, que ce dernier lui transperce l'esprit et lui fouille l'âmeet ce, malgré la résistance psychique instinctive de la jeune mage. Peter remarque que Sarah bouillonne sur son siège, et comprends l'échange qui vient de se passer: Tetley vient de 'scanner' l'esprit de Sarah afin de voir si elle disait la vérité ou non. (...)Héritière de l'empire Lindt & Sprügli, Sarah a grandi dans une ambiance de conformisme rigide. Belle, intelligente, on lui destinait tout - la tête de l'entreprise, les honneurs, l'attention - sauf une chose, l'amour. Sarah reporta tout le sien vers sa petite soeur, Emma, qu'elle adorait et qui lui ressemblait tant. Le 25 décembre 1992, à 23h34, il neigeait quand la limousine noire où était la famille De Lindt dérapa sur la neige du pont et bascula par dessus la rampe de sécurité, plongeant dans ...