Cil
sur La Page à Papat
Cette nouvelle de Cugel L'Astucieux, intitulée CIL, se situe aprés le chapitre , 'Le monde Supèrieur'. Lugubre et languissante, la nuit s'avançait sur les terres en friche du septentrion comme le sang qui s'écoule d'un animal à l'agonie. Le crépuscule surprit Cugel alors qu'il traversait péniblement un marais salant. Dans la sombre lumière rouge de l'aprês-midi, il s'était égaré, il avait d'abord gravi une pente douce, puis rencontré un sol humide avant de s'enfoncer dans un terrain spongieux ...Contient : promenade (10)(...) Le long du côté gauche se dressait un haut mur de pierres où s'ouvrait un large portique décoré d'armoiries très anciennes. Les portes, immenses, donnaient sur unepromenadede marbre qui s'étendait sur un mile jusqu'au palais : une belle construction de plusieurs étages couverte d'un toit vert bronze. Une terrasse s'étendait devant le palais et rejoignait lapromenadepar un grand escalier. Le soleil avait disparu : les ténèbres descendaient du ciel. Ne voyant pas de meilleur abri, Cugel marcha vers le palais. Lapromenade, jadis chef-d'oeuvre de raffinement, était maintenant délabrée et la lueur crépusculaire la parait d'une beauté mélancolique. Deux jardins d'une composition recherchée bordaient lapromenade. Ils étaient maintenant à l'abandon et envahis par les mauvaises herbes. Lapromenadeétait bordée de vasques de marbre ornées de couronnes de cornalie et de jade : au centre se succédaient des piédestaux d'une taille à peine supérieure à celle d'un homme. Chacun d'eux était surplombé d'un buste identifié par des runes que Cugel jugea similaires à celles gravées sur l'amulette. Les piédestaux étaient à cinq pas les uns des autres et se suivaient sur toute la longueur de lapromenadejusqu'à la terrasse. Le vent et la pluie avaient érodé les sculptures des premiers, rendant les visages à peine discernables. (...)
Les hommes d'arme se précipitèrent désespérément en avant tandis que Cugel, l'épée haute, paradait derrière. Ils s'arrêtèrent en haut des marches, pour scruter d'un oeil sceptique lapromenaded'où monta un bruit des plus atroces. Cugel jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule et vit Derwe Coreme, dans l'embrasure de la porte, qui observait la scène avec une attention soutenue. (...)
Encore sous le choc, elle fixait d'un air hébété la grande salle en ruines. Cugel se retourna vers Slaye. La goule nous attend sur lapromenade. Slaye hocha la tête. - C'est fort possible. Demain, elle sera châtiée sur mon ordre, ainsi en ai-je décidé. (...)
Ce dernier déverrouilla la porte, l'ouvrit et s'avança sur la terrasse. Le silence régnait le long de lapromenade. Cugel mena Derwe Coreme au bas des escaliers, puis sur le côté, dans la luxuriante végétation de l'ancien jardin. (...)
Du palais lui venaient des bruits d'activité : grincements et crissements, cris rauques et beuglements, ainsi que des éclairs de lumières multicolores. Au fond de l'allée centrale, sur lapromenade, se profila une grande silhouette blanche qui se glissait de l'ombre d'un piédestal à une autre. (...)