Ulhail le magnifique
Au travers des fougères au côté des chênes centenaires, cheminant à pas de loup l'oeil aux aguets, Ambix, chef du village des Trois Chants paraissait poursuivre quelques proies tapies sous les frondaisons. Nul ne semblait remarquer la présence de l'intrus ; les éperviers poursuivaient avec entrain leurs chants matinaux sous la douce caresse d'un vent espiègle et taquin. L'homme, un colosse de près de deux mètres de haut, était vêtu de braies de lin malodorantes, d'une épaisse tunique de laine défraîchie ...Contient : ténèbres (3)(...) Toutes ces silhouettes enfiévrées se détachèrent du sol, des arbres et des recoins sous le regard stupéfié des trois chasseurs. Il n'y avait plus de doute, cesténèbresétaient animées d'une volonté propre ! Désormais elles obéissaient à de nouvelles règles, les lois de la nature n'avaient plus cours en cet endroit. (...)
Ses racines semblables à de noirs crochets jaillissaient du sol, prêtes à accrocher tout opportun passant à portée tandis que ses branches basses et dénudées, telles des bras décharnés, paraissaient accuser les chasseurs d'être leurs persécuteurs. Dans un silence morbide le tourbillon de noirceur stoppa sa danse folle. Une silhouette faite deténèbresplus sombres encore qu'une nuit sans étoile était présente devant les trois témoins. Cette forme fantasmatique ressemblait à un homme de haute stature richement vêtu, une tête de lion accrochée à la ceinture. (...)
Un casque et une armure semblaient se dessiner rappelant les atours d'un seigneur de guerre formoiré... Lentement, sans un bruit, glissant au-dessus du sol, l'être deténèbress'approcha des trois mortels paralysés. Auréolé de silence, il plongea son regard de braise dans celui d'Ulhail. (...)