La Guilde du Nouveau Monde
Ce texte introduit plusieurs éléments reliés à la campagne-maison 'L'Eau des Conspirations'. Saëllia Darmès examinait les quelques pages étalées sur la table devant elle, gribouillés de son écriture brouillonne. La lueur d'une lanterne s'ajoutait à celle des trois lunes dans le ciel de Port Mackear, de l'autre côté de la fenêtre, pour éclairer la chambre spartiate que lui avait attribuée Naomi Azabad au 3e étage du comptoir de la Guilde des Passeurs. Elle se rappelait bien une soirée semblable ...Contient : passeurs (11)(...) La lueur d'une lanterne s'ajoutait à celle des trois lunes dans le ciel de Port Mackear, de l'autre côté de la fenêtre, pour éclairer la chambre spartiate que lui avait attribuée Naomi Azabad au 3e étage du comptoir de la Guilde desPasseurs. Elle se rappelait bien une soirée semblable, dans la plaine des Rivages : son père l'avait convoqué dans sa roulotte, l'air visiblement ébranlé. (...)
Elle ne savait pas qui était ce ' Il ' mystérieux, qui faisait régulièrement des pressions sur son père, mais il disposait assurément d'un puissant levier pour pouvoir ainsi faire chanter le Grand-Maître de la Guilde desPasseurs. Son père avait continué : ' Pour je ne sais quelle raison, il veut que je me débarrasse du comptoir de Port Mackear, dans la contrée de Gillian. (...)
Ta formation est complétée, il est temps que tu apprennes sur le terrain pour pouvoir un jour me succéder. Tu proposeras auxPasseursde Port Mackear l'indépendance de leur comptoir pour qu'ils forment leur propre guilde. Ils pourront recevoir de nous des missions que nous ne voudrions pas faire effectuer par nos propres agents, contre rétribution, bien sûr. (...)
Tu pourras aussi me rapporter des informations de première main sur ce qui se passe vraiment en Gillian... ' Elle avait quitté pour Port-Franc puis le Continent peu de temps après. Mais voilà, lesPasseursavaient été plus que réticents, montrant une loyauté surprenante auxPasseurs. Ils étaient loin d'être les mercenaires qu'on retrouve parfois parmi les guildiens continentaux, attachés à leur seul profit. Et, de plus, elle trouvait littéralement insultant que son père, qui travaillait si fort, ne puisse mener à sa guise sa propre guilde. (...)
Dans les apparences, le comptoir de Port Mackear deviendrait une guilde indépendante, quoique alliée desPasseurs. Dans la réalité, la nouvelle guilde n'existerait pas et ses membres seraient en fait desPasseursà part entière. Saëllia était une experte en textes judiciaires (elle en avait fait sa spécialité à l'Académie) et connaissait cent manières pour qu'un texte laisse entendre le contraire de ce qu'il signifiait réellement, pour que milles petites ambiguïtés viennent modifier son sens. (...)
La charte de formation qu'elle écrirait à partir de son ébauche serait de plus si complexe qu'il faudrait une analyse longue et minutieuse d'une armée de membres de la Guilde Notariale pour la percer à jour. Si les membres du comptoir de Port Mackear et les autres membres desPasseurstriés sur le volet qui seraient mis au courant étaient suffisamment discrets, cette façade pourrait tenir très longtemps...en tout cas, suffisamment pour qu'elle réussisse à apprendre à qui elle s'attaquait vraiment. (...)
Elle savait qu'elle jouait avec le feu, contre des adversaires qu'elle ne connaissait même pas, mais si lesPasseursde Port Mackear était aussi compétents que ne le prétendait son père, tout devrait bien aller. (...)
Et autre centre de l'île, fièrement, flottait une bannière claquant au vent. C'était la bannière desPasseurs, représentant un caravillion, à un détail près : le fond n'était pas bleu de mer, mais d'un violet profond... Violet, la couleur du loom associé à l'art étrange sémantique des Kheyza, mais aussi à la saison continentale du Temps Sacré, cette saison où tout devient possible, où le destin est à la croisée des chemins, le temps des trêves et de la convergence entre le passé et le futur. Comme si lesPasseursétaient intimement reliés au renouveau de Cosme... Voilà, elle avait trouvé le nom de la ' nouvelle guilde ' qu'elle créait. (...)