L'héritage de l'Oni
sur Pénombre au format (17 Ko)
C'est un des rares moments de tranquillité que je connais depuis... j'ai oublié depuis combien de temps. Ici, dans ce que les mortels appellent l'Outremonde, la notion même de temps est si subjective par rapport à la manière dont les choses se passent là bas. De l'autre côté du Mur. Le Mur... l'obstacle entre nous et les frêles humains qui servent la descendance des frères et des soeurs du Maître. Je me souviens très bien de l'époque ou il n'existait pas encore. Quand le Maître nous a tiré du ...Contient : maître (13)(...) Le Mur... l'obstacle entre nous et les frêles humains qui servent la descendance des frères et des soeurs duMaître. Je me souviens très bien de l'époque ou il n'existait pas encore. Quand leMaîtrenous a tiré du Puits pour faire de nous ses vassaux. Avant de venir au monde, puisque faute de mieux c'est la seule expression qui me semble appropriée. (...)
Et quoi que nous fassions, notre esclavage ne fait que prendre de nouvelles formes. Nous servons le Jigoku. Nous servons leMaîtreet parfois pour un temps nous servons aussi des mortels dont nous prenons le nom. Cela n'a jamais été mon cas. (...)
Ils ne savent pas ce que servir veut dire. Pas du tout. Ils ne savent pas ce que c'est que d'être tout à coup investi par la volonté duMaître, lorsqu'il décide d'utiliser l'un d'entres nous pour satisfaire un de ses caprices. Ils croient qu'obéir est leur lot mais ils n'ont jamais soupçonné un instant ce qu'obéir voulait vraiment dire. Parce qu'ils ne servent pas leMaître. Ce sont ces illusions qui les mettent à notre merci. Parce qu'ils veulent échapper à ce qu'ils croient être l'esclavage, ils se tournent vers nous. (...)
Et la douleur, la douleur, la douleur, la douleur.... Tout plutôt que d'en revenir à cela. Tout, même la servitude. Même leMaître. Les compensations sont insignifiantes et il n'y a guère de raisons de se réjouir mais au moins, au moins certaines choses me sont épargnées. (...)
Ils basculent si vite dans la folie lorsqu'ils comprennent que tout ce qu'ils redoutent n'est absolument rien comparé à tout ce qui les attend. Mais même la folie n'est pas une échappatoire. La seule solution, c'est la servitude. Et leMaîtrelui-même n'échappe pas à cette malédiction. Le servir nous aide à soulager un peu notre propre joug tout en le nourrissant en même temps dans la spirale infernale de notre propre, inéluctable, éternelle damnation. (...)
Telle est la Loi. Telle est la vérité. Face à tout cela, oui, les compensations sont bien minces. Et leMaîtren'est pas le genre d'être que l'on apprécie de servir. Jamais. Parce que dans le fond, il est tout aussi bourreau et victime que nous le sommes tous. (...)
Parce que eux, maudits soient-ils tous autant qu'ils sont, ils ont la possibilité d'échapper vraiment à tout cela. LeMaîtrel'a toujours nié, bien sûr. Pour des raisons évidentes. Si évidentes que personne parmi nous n'osera jamais les lui jeter à la figure. (...)
Distinguo ignoré de nous avant notre venue ici mais qui revêt désormais une certaine importance parce qu'il s'accompagne des souvenirs confis et incestueux duMaître. Oui, depuis que j'ai un corps il existe quelques moyens supplémentaires de s'occuper des femelles. (...)
Si l'on considère ma véritable nature et mes origines, cela ne devrait pas faire de réelle différence mais je suis l'un de ceux que leMaîtrea tiré du Puits par son seul vouloir. Et son empreinte deme ure. Le désir qu'il éprouvait envers ses soeurs, la haine envers ses frères. (...)
Moi, je ne peux que retourner là d'où je viens. Là où je ne veux pas retourner. En espérant qu'à nouveau leMaîtreou un shugenja aussi puissant que débile me tire du Jigoku pour que je le serve. Comme je les envie, comme je les hais, comme j'aimerai parfois être l'un des leurs. (...)
Ils vivent dans l'abondance de la beauté. Et ils se combattent entres eux. Ils connaissent la douceur, la paix et même la Mère duMaîtreles regarde avec amour. Et ils s'affrontent entres eux. Pauvres imbéciles. Pauvres créatures débiles et maladroites qui ont droit à ce qu'ils ne méritent pas. (...)