Chapitre X – Les Quatre Piliers
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Durant les deux mois que durèrent cette mission, j'eus à plusieurs reprises des doutes au sujet du Champion d'Emeraude. Cela ne m'empêcha pas d'accomplir mon devoir et il s'avéra ensuite que nous n'avions pas les éléments essentiels de cette affaire. Et pourtant, il demeure des zones d'ombres. Dés le début, les choses semblèrent quelque peu... particulières. Le printemps puis l'été s'étaient succédé sans accroc particulier lorsque je fus convoqué par Doji Satsume-sama et dans son antichambre ...Contient : kakita (27)(...) Le printemps puis l'été s'étaient succédé sans accroc particulier lorsque je fus convoqué par Doji Satsume-sama et dans son antichambre, je fis la connaissance de deux personnes dont j'allais apprendre qu'elles devaient m'accompagner.KakitaFujifusa-san était de notre prestigieuse école et se trouvait être cousin deKakitaToshimoko-sensei. . Il émanait de lui cette impression de concentration totale que l'on trouve chez nombre de nos duellistes et il parlait peu. (...)
Il semblait distant bien que je n'ai eu par le passé qu'une seule occasion de le rencontrer, lorsqu'il avait envoyé Shiba Isamu-sama,KakitaHakka-san et ma personne enquêter sur la mort suspecte de Shinjo Shimura et le retour de son cheval, Xian. (...)
Tako Mura, le Village du Poulpe, n'était en temps normal qu'une communauté de pécheurs sans importance mais il hébergeait le temps d'une soirée un concours de poésie qui accueillerait cette année trois prestigieux artistes.KakitaMiura était un homme bien connu des cours de la Grue pour ses haïku concis et évocateurs. Doji Akameshi bien que plus jeune semblait vouée à une carrière prometteuse. (...)
Il semblait par contre très versé dans les secrets de la prêtrise et durant nos discussions, il s'avéra doté d'un esprit extrêmement vif et d'un humour curieux mais rafraîchissant.KakitaFujifusa-san quant à lui était rarement bavard et dissimulait ses émotions derrière une façade austère mais néanmoins tranquille. (...)
Il fut convenu que Yoshitarusan continuerait à la garder car il était évident qu'il éprouvait une grande colère à sa propre encontre et qu'il ne ferait plus rien d'imprudent avec le katana.KakitaFujifusa nous expliqua que l'honorable Bayushi Kyusho-sama lui avait confié ce katana pour qu'il le remette au Champion d'Emeraude mais il ignorait d'ou le magistrat de Ryoko Owari pouvait bien tenir cette arme. (...)
Par conséquent, étant le digne héritier de la Dame Matsu des légendes qui s'était rendue dans l'Outremonde en sachant qu'elle n'en reviendrait pas, il ne pouvait faire moins.KakitaFujifusa essaya également de conseiller ce samurai mais bien que ses mots soient raisonnables et compatissants, l'autre les prit avec colère et il fallut l'apaiser afin qu'il reprenne sa route et renonce à se donner la mort. (...)
Qu'un samurai d'une famille connue pour sa fierté et son orgueil aille demander de l'aide sur une question d'honneur et de courage à un samurai de la Grue, qui plus est à unKakita, était pour le moins anormal. Qu'il accepte mes conseils l'était encore davantage. Surtout que de son côté, Fujifusa-san semblait susciter chez les Matsu une certaine animosité, a tout le moins des regards durs ou hostiles. (...)
Le vieil homme qui nous reçut près de la route pendant que ses élèves s'exerçaient aux techniques ancestrales qui m'étaient familières fut très aimable. Il se nommaitKakitaKaneda et il nous expliqua les étranges coutumes locales approuvées par le Fils du Ciel depuis des siècles. (...)
A en croire l'âge de la marque gravée dans le bois au dessus du fronton du dojo, le vieux sensei avait exercé pendant plusieurs décennies ou alors il avait pris la place d'un autre membre de notre école.KakitaKaneda-sensei nous invita à profiter de l'hospitalité de 'son' château et nous prévint que le petit concours de poésie commencerait le soir même. (...)
Nous ne sommes jamais parvenus à savoir comment un endroit aussi reculé avait pu abriter un tel concours mais je suppose queKakitaKaneda devait avoir une certaine réputation dans les milieux artistiques bien qu'il ne soit pas des concurrents. (...)
Néanmoins, malgré cet incident somme toute mineur impliquant ce samurai qui persistait à se promener en armure parmi les invités avec son tetsubo dans le dos, l'intendant sénile parvint à faire commencer le concours.KakitaMiura fut le premier à déclamer quelques vers de facture classique mais des plus stimulants. A la suite d'une autre crise de sénilité de l'intendant, la poétesse du Phénix se retrouva appelée par erreur et lorsqu'il se rendit compte de sa bourde, il était presque trop tard. (...)
Je venais d'atteindre mes appartements lorsqu'un serviteur bouleversé vint me chercher. Sa jeune maîtresse, Doji Akameshi, venait à l'issue d'une discussion avecKakitaMiura de se donner la mort. J'envoyai chercher mes compagnons et me rendis immédiatement dans les appartements de la jeune femme. (...)
Il peut être certain de sa propre valeur et de ses propres pouvoirs, il n'en demeure pas moins que des gens bien plus avisés et puissants que lui ont succombé à la Souillure en étudiant la magie ou les créations du Huitième Fils. La journée du lendemain devait s'avérer encore plus surprenante.KakitaMiura avait été brutalement assassiné lors d'une promenade nocturne dans le village et Doji Akira assurait avoir vu Fujifusa-san tuer le poète avec son katana. (...)
Doji Akira-san était venu accompagné d'un guerrier de la famille Bayushi et de son escorte d'une douzaine de bushi. Leur chef venait de vaincre le matin mêmeKakitaKaneda en duel et était donc devenu à la fois le seigneur de ces terres et le maitre de son dojo. (...)
Doji Akira ne voulut pas entendre raison et nia mon témoignage, prétendant qu'un duel entre le nouveau seigneur Bayushi et moi-même permettrait d'établir la vérité sur la mort deKakitaMiura. Je lui proposai un duel non pas au sabre mais avec nos mots et il sourit. Lorsque je dénudai mon ventre pour lui montrer mes cicatrices de seppuku, il cessa de sourire. (...)
Et comme la coutume faisait de lui le seigneur des lieux et que je n'étais pas mandaté pour cela, il me fallait attendre quelque occasion pour lui faire subir la justice impériale. Dans l'après-midi, une visite auprès de Isawa Hanako et dans les appartements deKakitaMiura ne nous apporta rien de bien nouveau. Mon sabre qui avait frémi près du masque de la poétesse ne réagit pas et rien ne pouvait laisser soupçonner un lien quelconque entre le pauvre homme et l'Outremonde. (...)
Ces quatre hommes s'étaient rendus sur une île inconnue pour y affronter un oni très puissant. Deux des quatre samurai, unKakitaet un Hida, étaient morts sur cette île. Le troisième, un shugenja Isawa, avait été aspergé par le sang corrompu de l'oni et était resté là bas. (...)
Plus étrange encore, une des dents de 'Yoshitaru' était restée à terre à la suite du coup et lorsque Yasuki Tetsuo nous la montra, il apparut clairement qu'aucune mâchoire humaine n'aurait pu abriter un tel élément tant il était hideux et déformé. La nature de l'assassin deKakitaMiura devenait de plus en plus évidente. Notre prise de contact avec l'ancien yoriki qui continuait discrètement à surveiller le village s'avéra aussi facile qu'instructive. (...)
Après avoir priés ensemble devant la petite chapelle du kami, nous sommes allés nous installer sur une petite éminence proche d'ou nous pourrions voir venir de loin les curieux de toutes sortes. Il nous expliqua que d'après lui, plusieurs individus dontKakitaFujifusa avaient parfois été aperçus à des endroits ou ils ne pouvaient pas être, comme lors du meurtre deKakitaMiura. Les manifestations de la puissance du Sombre Seigneur que nous avions pu observer donnaient une bonne idée du type d'être qui devait pouvoir changer d'apparence et évoluer à son gré dans les parages. (...)
Battre la campagne pendant des jours ou des semaines à sa poursuite était une tâche futile bien qu'il soit très probable que 'quelqu'un' attende précisément de notre part une action de ce genre. Nous avons préféré aller voir Yasuki Tetsuo.KakitaFujifusa et moi-même pouvions assez facilement prendre le rôle de deux des quatre champions de Megumi. (...)
Les quatre champions n'avaient pas forcément besoin d'être de la même origine que ceux de la légende, il leur suffisait d'avoir été 'choisis' et de représenter chacun l'une des quatre valeurs de leurs prédécesseurs.KakitaFujifusa pouvait représenter le Devoir, il semblait que l'Honneur soit mon rôle et Shiba Yoshitaru pouvait reprendre le mystérieux flambeau de son lointain parent. (...)
Malgré la puissance du cristal, l'ennemi parvint à m'approcher et d'un puissant revers, il m'envoya m'écraser contre la paroi. Une fois de plus, je perdis connaissance. A mon réveil,KakitaFujifusa gisait, blessé mais conscient, sur le sol. Les pouvoirs de Shiba Yoshitaru lui avaient permis d'achever le shugenja corrompu mais il avait aussi incinéré Yasuki Tetsuo-san. (...)
Il avait donc contacté son subordonné Bayushi Kyusho-sama dont l'appartenance au Clan du Scorpion lui permit sans doute de trouver le bras/katana que le magistrat fit porter jusqu'à son maitre par son champion,KakitaFujifusa. Que ce soit parce qu'on lui avait demandé le secret ou plus vraisemblablement parce que les forces à l'oeuvre dans cette affaire exerçaient sur lui certaines contraintes, Doji Satsume-sama n'avait pu nous en révéler davantage tout en tentant de nous impliquer directement et en nous incitant à la prudence. (...)
Il me reste un dernier point, plus personnel, à aborder. J'avais le coeur serré lorsque je revins à ma petite maison, accompagné de Shiba Yoshitaru etKakitaFujifusa auxquels je voulais offrir mon hospitalité à la suite de notre succès. Près de trois mois s'étaient écoulés depuis mon départ pour une petite mission qui ne devait normalement durer qu'un tiers de ce temps, tout au plus... L'homme sortait de ma maison lorsque nous y arrivâmes. (...)
Je la priai de bien vouloir se préparer à recevoir mes invités si 'sa santé fragile' le lui permettait et comme elle se déclara prête à nous accueillir, je ressortis pour faire entrer mes compagnons.KakitaFujifusa m'attendait dehors avec Yoshitaru-san. Le champion de Bayushi Kyusho avait fait preuve d'une grande discrétion et il était ressorti promptement afin de ne pas nous imposer sa présence et pour ne pas nous voir dans une situation si... embarrassante. (...)