Kyuden Ikoma - Phalènes
sur Pénombre au format (2.9 Mo)
Contient : ténèbres (7)(...) 'Madame, le seigneur Ikoma Ujiaki-sama souhaiterait vous présenter ses respects du soir.' Plongée dans lesténèbres, Dame Kenji Mariko se contenta d'acquiescer avec un air serein. Le pas d'un homme recèle des indices sur sa nature profonde et lorsqu'elle l'entendit entrer dans ses appartements, Mariko eut la confirmation de ce que la voix de leur hôte lui avait déjà soufflé par ses intonations et les tournures de ses phrases. (...)
Comme à l'accoutumée, la petite flamme d'argent pur diffusait sa lueur tremblante sur quelques pas avant que son rayonnement semble brusquement s'interrompre. Au delà n'existaient pour Mariko que desténèbresparfaitement opaques formant comme une demi-sphère parfaite l'entourant de toute parts. Mais là ou les étranges rayons vibraient doucement comme pour répondre aux murmures silencieux du kami de la lampe, elle pouvait observer le monde comme à l'époque ou elle n'était pas aveugle. (...)
Comme de voir le monde morceau par morceau sans jamais pouvoir découvrir autre chose que son voisinage immédiat et sans jamais pouvoir se retourner pour contempler le chemin parcouru, les merveilles aperçues un bref instant avant de disparaître à nouveau dans lesténèbres. Et parfois, Mariko se sentait plus libre dans cesténèbresqui l'entouraient que lorsqu'elle pouvait voir leurs limites autour d'elle. Comme en ce moment par exemple. (...)
Intellectuellement, la jeune femme savait très bien que le reste du coussin dont elle apercevait un morceau sur le sol ne disparaissait pas dans le néant. Elle savait l'existence d'autres sortes deténèbresmais celles qui l'environnaient n'en faisaient pas partie la plupart du temps. Et elle savait que la lueur de la lanterne la protégerait de ce qui demeurait caché dans une certaine sorte d'obscurité. (...)
Mariko frôla alors la 'mèche' de sa lanterne, passant le doigt à travers la flamme d'argent qui ne produisait jamais la moindre chaleur. Elle se retrouva plongée dans lesténèbreset bien que cela soit inutile, elle ferma les yeux. Une vieille habitude. Les gens n'aimaient pas croiser un regard fixe incapable de les voir et fort heureusement, l'étiquette féminine qui incitait les dames à garder aussi souvent que possible les paupières modestement baissées représentait un atout en la matière. (...)
Oui, même si elle les avait longtemps haies et qu'elle savait désormais quelle puissance sans nom pouvait se tapir en leur sein, lesténèbresavaient aussi quelque chose de... reposant. Rassurant. Immuable. Au milieu de la nuit éternelle, elle n'avait plus que ses propres pensées à affronter. (...)Le glissement à peine perceptible de la porte et la voix du samurai de garde. 'Madame, le seigneur Ikoma Ujiaki-sama souhaiterait vous présenter ses respects du soir.' Plongée dans les ténèbres, Dame Kenji Mariko se contenta d'acquiescer avec un air serein. Le pas d'un homme recèle des indices sur sa nature profonde et lorsqu'elle l'entendit entrer dans ses appartements, Mariko eut la confirmation de ce que la voix de leur hôte lui avait déjà soufflé par ses intonations et les tournures ...