Celui qui défiait la légion du Crépuscule
« La route vers le succès est souvent celle qui se dissimule le mieux à nos sens. » -Gil Galad Pointe d'Argent. Je voyageais déjà depuis deux jours en compagnie d'Ombre Blanche et au fur et à mesure de notre avancée, les Monts Throal ne cessaient de gagner en immensité sur la ligne de l'horizon. Les évènements récents qui avaient vu la libération des caravaniers du kaer Keroll avaient profondément bouleversé notre existence. En ce qui me concerne, une subtile odeur de cannelle m'entourait désormais ...Contient : foire (8)(...) L'adepte archer elfe avait pris l'habitude de travailler en secret sur des écrits de sa composition dont il n'avait pas daigné me montrer le contenu. Ce n'est que la veille de notre arrivée à Grand-Foireque l'elfe fut enclin à me faire part de ses écritures. Il s'agissait d'une ritournelle de son invention, écrite afin de soulager les maux dont il souffrait depuis la disparition des compagnons de Soël d'Amenlune. (...)
Le soleil couchant parait son corps de reflets dorés et orangés, Ombre Blanche s'éleva en haut d'un rocher de grande taille et entonna d'une voix claire et cristalline : « Nous étions jeunes et larges d'épaules Nous attendions que la mort nous frôle Nous avons été libéré de notre geôle Nous avons rejoint les bras d'Eole » Cet instant était un de ceux comme seul Barsaive pouvait en produire, les larmes de prose déversées par l'elfe sur les plaines désertiques throaliques avaient dû même émouvoir les Passions, tant et si bien que jusqu'au lendemain l'apaisement de Garlen berça notre coeur. Notre retour à Grand-Foires'effectua au mieux et tandis que je me séparais d'Ombre Blanche, je décidai comme à mon habitude de louer les services de logement de la Guilde des maîtres d'armes de la capitale, désireux de pouvoir y rencontrer le fantôme de mes nuits et la déraison de mes jours : ma tendre et douce Lady Dérobade. (...)
« Deux sont de remarquables maîtres d'armes Elle l'a frappé en plein coeur de son charme Il riposte avec finesse sur ses assaillants On le nomme: Gil Galad, Pointe d'Argent Elle se dérobe pour porter son estocade Son nom est Déborah, Lady Dérobade Leur histoire est une sombre tragédie Le devoir les sépare, le coeur les lie Je l'ai vu ce jeune maître d'armes amoureux Empreint qu'il était d'un désir fougueux Je l'ai observé cette Lady, cette Beauté Resplendissant de grâce et de volupté Ces deux-là ressemblaient à des âmes soeurs Dont les coeurs étaient en quête de bonheur L'Astral me souffle que leurs karmas sont liés Leurs filaments s'entrecroisent pour l'éternité Je chante aujourd'hui tout haut, ce poème Car il n'ose, à coeur ouvert, lui dire je t'aime...» Mais tout ceci n'aurait été qu'un vaste échec, un mémorable coup d'épée dans l'eau si la touche de génie et d'extravagance du maître d'armes n'avait pas embrasé cette intention. Ainsi mon oeuvre à la main, je pris le chemin de la Guilde des troubadours de Grand-Foireafin de louer les services d'une vingtaine d'entre eux pour qu'ils chantent mes écrits à travers toute la capitale pendant une durée d'un mois. (...)
Je passais ces trois journées à m'entraîner en compagnie d'autres adeptes à la Guilde des maîtres d'armes. Une fois ce délai passé, je repris la route de l'échoppe du tailleur nain le plus réputé de Grand-Foire. Dès mon entrée, Keleshan accourut auprès de moi et me confia mes habits fraîchement confectionnés. (...)
Ainsi, Charboyya en vint droit au but, il souhaitait en contrepartie d'une forte somme d'argent que nous lui rendions un service. Le nain était originaire du petit village d'Hanto situé à l'ouest de Grand-Foire, sur la traversée du Fleuve Serpent et à proximité du lac Vorst. Or, depuis que ses affaires prospéraient, ce dernier n'avait pas reçu de nouvelles de ses proches. (...)
Essayant de se rattraper, l'adepte humain ordonna à sa créature de capturer du gibier afin de partager un repas convenable. Par malchance, la route qui menait de Grand-Foireà Hanto jalonnait des plaines désertiques dont la faune et la flore n'avaient rien de comestible. (...)
Nous nous retranchâmes dans la forêt aux alentours d'Hanto et à partir de cette retraite, nous envoyâmes le shakta de Raven au siège de la fondation d'Amarante de Grand-Foire, avec ma Rose des Vents en tant que preuve de bonne foi, afin de recueillir de l'aide. Nous nous apprêtions à attendre son retour, lorsque le cri d'une femme soumise à la douleur se fit entendre en provenance du village natal de Charboyya. (...)
Raven nous ayant faussé compagnie, nous décidâmes, un bleu à l'âme, de fuir vers la capitale devant notre impuissance face à la situation, condamnant probablement Hanto aux flammes... Le retour à Grand-Foires'était effectué dans la consternation la plus totale, nul n'osait repenser au fiasco qui avait pris forme à Hanto et encore moins au récit de notre mission que nous allions devoir exécuter auprès de Charboyya. (...)