Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : fin (39)(...) Quelques maisons de bois tressé pour les plus pauvres, de vieilles pierres pour les plus anciens, les plus riches et les plus travailleurs, des barrières de bois pour empêcher nos bêtes de se perdre dans la steppe sansfinqui s'étend au-delà. Quelques talismans de fer froid pour les choses qui hantent les entrailles de la terre et les brumes à l'horizon, trop belles, trop féroces pour être humaines et trop puissantes pour simplement se contenter de notre sang, notre chair et notre vie. (...)
J'ai une femme, un fils, une vieille lance, un boeuf, une maison et un champ. Dans ce monde, c'est peu mais ici c'est déjà beaucoup pour un mortel. Ma vie est plus à safinqu'à son début et parfois j'en suis heureux. C'est ainsi car nos pères ont appris longtemps avant nous qu'il vaut mieux finir vidé de son sang que de désobéir au Seigneur des Hauts Vents. (...)
Aube Grise attire notre boeuf grâce à un vieux tour que sa mère lui a transmis, une chanson triste et sansfinchargée de pouvoir. Brin d'Herbe m'aide à pousser, mais c'est encore un gamin et il peine plus que moi encore. (...)
Parfois, ce n'est qu'une faible brise, mais la plupart du temps, il hurle dans les plaines, presque sansfin, tant et si bien que certains étrangers qui s'aventurent ici deviennent parfois fous lorsqu'ils restent trop longtemps dans les environs. (...)
Boeuf picole tranquillement à sa gourde, Pigeon Fou est le seul qui rompt le silence, racontant des histoires au fils de Flocon Amer, à OEil Vert et Chien Enragé. Je garde l'oeil sur le chariot, un instant, par-dessus le bruit du vent et le bavardage sansfinde Pigeon, j'entends quelque chose de vaguement mélodieux venant de l'intérieur du chariot. Je m'approche et j'entends la voix triste de Brume qui porte une balade comme une mère porte son enfant mort-né. (...)
Soudain, une voix se fait entendre. Calme, douce mais ferme comme du cuir neuf. - Les Anathèmes sont lafindu monde incarnée, et le Beau Peuple, celle de toute raison. Ils sont la mort, sous une forme ou une autre, mais tu en sais beaucoup pour un humble paysan, Pigeon Fou. (...)
Tout ne faisait qu'un et si la mort existait pas, ce n'était que le lien entre une vie et la suivante, pas lafinde tout ou la non-vie affamée et implacable que nous connaissons tous. Il existait des cités gigantesques où chaque homme possédait un, voire plusieurs chariots volants qui lui permettraient aujourd'hui de rejoindre le Trône de glace en quelques heures à peines, allant plus vite que les oiseaux. (...)
Je m'improvise un cataplasme avec la terre d'une termitière pour désinfecter et boucher le trou dans mon épaule. Lafinde la journée vient, et des nuages lourds de pluie avec elle (avec elle des nuages lourds de pluie). (...)
J'ouvre les yeux, me relève. La douleur plante ses baisers sur mon front comme autant de fleurs dont l'éclosion serait sansfin. Le ciel est gris clair, le vent fait bruisser les herbes de la plaine autour de moi. Lentement, la douleur s'étiole, se dissipe, et elle est tant liée à mon existence qu'un moment je crois mourir. (...)
Elle possède un drôle de parfum et je ne me résous à la boire que tard car je crains qu'elle ne soit empoisonnée, sans fondement. C----- Vers lafindu troisième jour, le vent souffle plus fort, Il gronde sur la plaine comme un titanesque fauve sur sa proie. (...)
Je fais alors demitour, avec des pieds de plomb. Il me faut une nouvelle journée de marche à travers les bois. A lafinde la journée, lorsque j'émerge, je retombe sur la neige, et un peu plus loin, la craquelure large et sombre de la faille déchirant la terre. (...)
Ses vêtements ne sont qu'une mosaïque d'armure de glace, de lacets de givre et de tissus de neige sansfinà la complexité démentielle, garnie de joyaux bleus et blancs, parfaitement ciselés et incrustés dans ses vêtements même. (...)
« Je voulais te dire, Soleil Bleu, pour que tu comprenne qui est ton ennemi, et ton ennemi, c'est la destinée elle-même, et que tu dois la détruire pour libérer l'Essence. » - Et qu'est-ce que ça m'apportera ? - Lafinde l'espace et du temps, mon ami, et la chance de retrouver tout ce que tu as perdu. - Pardon ? - Oui, tu as bien entendu et tu as vu, dans un endroit où l'Essence est libre, on peut échapper aux conséquences de ses actes, le passé ne signifie rien, le futur pas beaucoup plus, la linéarité brisée, on devient libre, libre de sa condition, de soi-même ! (...)
- Je ne suis pas sur de comprendre, ce que tu me décris ressemble à la mort. Nous entrons dans un autre couloir parfait de ce palais apparemment sansfin. - J'en suis conscient, mais la mort est propre à la Création, tu m'a vu mourir, et revenir à la vie, c'est la liberté la plus absolue que je puisse t'offrir. (...)
Plusieurs jours que je suis ici, que je mange, bois, dors et réfléchis. Parfois, je cours dans des couloirs sansfin, en ligne droite, pour découvrir la porte de ma chambre devant moi, ou au pire, à quelques mètres derrière moi à peine. (...)
» Soudain, une ombre gracieuse blanche apparaît au milieu des ombres, parfaitement reconnaissable, celle de Lewellyn, saisissant une tache d'obscurité. Le tumulte guerrier du vent s'éteint, et laisse place à des milliers de murmures sansfin. « Je l'ai appris des histoires, des rumeurs, portées par les rares prisonniers que nous faisions, mais quelles histoires ! (...)
Ma voix me fait l'impression d'être aussi gracieuse que le croassement d'un corbeau. La voix de Lewellyn se fait cassante, douloureuse. Le vent devient un hurlement de douleur sansfin, haché, pour se transformer en rire tandis que les ombres multicolores consument les ténèbres et deviennent des titans de lumières autours de la minuscule ombre blanche de Lewellyn. (...)
Ils m'exilèrent dans ce monde, ma seule chance de rédemption serait de trouver un Exalté Solaire avant lafinde Création. Autant dire qu'à l'époque c'était une blague cruelle, car votre monde s'apprêtait à disparaître sous leurs assauts. (...)
Ce n'était plus qu'une question de jours, peut-être de semaine, et vous les Solaires aviez disparut depuis huit siècles et ne donniez pas signe de réapparaître avant encore longtemps, ce que visiblement vous avez fait, du reste. » Et l'ombre blanche de tomber dans un puits d'obscurité sansfin, mais de subsister, tâche informe microscopique au milieu des ténèbres. Puis sa voix se fait douce et emplie d'ironie hargneuse. (...)
Nous avions tenté de le détruire autour de nous, et maintenant, nous le découvrions en nous. Le temps de réagir, l'impératrice écarlate utilisa un pouvoir sansfinpour détruire nos armées et les survivants rampèrent honteusement vers les confins du monde. Moi, ironiquement, je survécus uniquement parce que j'étais exilé, ici, loin du courroux de l'impératrice écarlate, et crois-moi, le maître du vent n'est qu'un médiocre reflet de la puissance de l'impératrice. (...)
et je ne veux pas d'un monde où il règnerait. Je reste interloqué tandis que je la suis dans des couloirs sansfinqui s'élargissent de plus en plus, où la lumière devient de plus en plus dense. - Comment pourrait-t-il régner. (...)
- Lewellyn me tuera une petite dizaine de fois, dit-elle en souriant d'un air amusé, mais il ne me détruira pas, il a besoin de moi. - Et elle ? Je hoche la tête vers la Princesse Bleue. - Elle restera là jusqu'à lafinde sa vie, c'est une illusion, mais en même temps, c'est réel. D'ici deux, peut-être trois siècles, ce ne sera plus qu'une vieille Sang-dragon pourrissante. (...)
Je retombe, le pouvoir et la gravité font bon ménage : la tête de la bête explose en un millions de fragments blancs translucides qui retombent dans un scintillement de lumière et un fracas de verre brisé sansfin. Les restes de la bête s'effondrent au sol lourdement. Je regarde autour de moi, je suis à peine surpris de constater que nous sommes toujours dans la même salle, malgré les trois plafonds que nous avons traversés. (...)
Je l'assomme d'un revers de ma main qui l'envoie glisser à une dizaine de mètres. Derrière moi, une tempête se déchaîne au milieu d'un grondement sansfinde rugissements. Je peux sentir mes cheveux se hérisser sur tout mon corps et quand je me retourne, les fauves blanc sont partout, ici et là, sous forme de monceaux de chair calcinée et fumante et parfois même de poussière noire. (...)
Courants et tourbillons jouent avec moi et Aewyll comme des enfants insouciants et chahuteurs. Pendant en long moment tout n'est que chaos, lumière, masses sansfinde bulles blanches, bruit assourdis et confusion. Puis c'est le silence et le froid. Mais pas l'obscurité, la lumière émanant de mon aura éclaire un spectacle étrange et sinistre, le corps de dizaines de fauves blancs qui coulent, saignent, ou remontent vers la surface, laissant échapper des coulées de sang de leur sang blancs ou bleu, étrange. (...)
De petits cailloux me tombent dessus et rebondissent sur nous tandis qu'Aewyll émet un rire étouffé de petite fille. - Tout va bien ? Voix inquiète de la Princesse Bleue dont l'écho se répercute sansfinà travers la faille. - Oui. Ma voix est plus hésitante que ma réponse. Aewyll rit à nouveau. Le rire d'Aube Grise. (...)
- Recommence, me souffle-t-elle, et sa voix, celle de la Princesse Bleue, est douce comme un secret de harem. Je reprend mon souffle, le pouvoir vibre encore en moi, ricoche sansfin: Je saute à nouveau vers le haut, mais lorsque mon bond perd de sa puissance et que je ralentis, je me retiens de mes deux pieds sur un bout de roche irrégulier qui émerge de la paroi, et d'une poussée, me jette vers la paroi voisine, j'accomplis une culbute dans les airs sans difficulté, malgré Aewyll toujours dans mon dos, et me réceptionne sur mes deux pieds, creusant un petit cratère dans le mur lors de l'impact. (...)
La cape de la Princesse Bleue, qui me sert d'unique vêtement, flotte sous l'effet du vent qui pousse un hurlement sansfinque je me surprends à apprécier. La plaine me manquait. Je puise dans le pouvoir parcimonieusement pour éviter que mon anima ne se manifeste, pour résister à la faim et au froid. (...)
C'était vrai, mais personnellement, j'ai toujours attendu d'avoir une preuve solide pour tuer le bon gars. L'après-midi touche à safinlorsque j'arrive en vue des champs qui entourent le village. Je m'allonge par terre en espérant qu'aucune des tâches noires qui y triment pour l'instant ne m'a vu. (...)
La main d'un géant invisible me tire vers l'arrière, je recule, je glisse et mes deux pieds traces des sillons dans la terre. Tenir. Puis soudain, la main m'emporte et je suis projeté, ma roulade est sansfin, brusquement je perds définitivement contact avec le sol et je me retrouve dans les airs comme un fétu de paille, balancé dans tous les sens. Il n'y a plus de terre ni de ciel, seul un nuage sansfins'étendant partout autour de moi. Je perds le sens de l'orientation, je sens la nausée qui monte mais ne vomit pas, la peur qui noue mes tripes m'en empêche. (...)
Le vrombissement qu'ils produisent en tombant est comparable à celui d'un titanesque essaim d'abeilles géantes, et leurs bruits, lorsqu'ils percutent le sol, ressemble à celui d'un coup de tonnerre sansfin. Je bondis derrière un arbre pour me mettre à couvert. Dans un sens, l'attaque est moins grave, moins massive et moins violente, mais elle est continue, sans trêve et sans répit. (...)
Je suis tant recouvert d'huile que je me transforme en torche, et si le feu rougit à peine ma peau, sa morsure est douloureuse, brûlante et sansfin. Je tousse, je brûle, je crie de rage et de douleur, mon pouvoir se retourne contre moi, transforme cet instant en une agonie sansfin, et j'en suis à me demander ce qui me tuera le premier, le feu ou le manque d'air, lorsque je m'aperçois que l'huile, à force de se consumer, perd de sa capacité de glissement. Sans réfléchir, je me redresse et bondit à une vitesse démentielle vers la porte du fond libérant tout le pouvoir possible dans une explosion de lumière humiliant celle de mon petit enfer personnel. (...)
- Tes vêtements pour commencer, dis-je, et le Temple du dragon pour finir. Je grimpe des escaliers sansfin. Je parcours des couloirs luxueux, tout de marbre blanc étrangement lumineux, jalonnés d'alcôves qu'habitent des statues de bronzes représentant des hommes, des femmes, ainsi que d'autre choses plus étranges, agrémenté, de jade bleu, le tout saturé d'essence, de pouvoir qui converge vers le coeur du Trône d'orage. (...)
J'embrasse le décor d'un regard et j'ai le souffle coupé : je ne suis jamais monté sur un bâtiment d'une telle hauteur. Le panorama a quelque chose de lafindu monde : les abords directs du Trône d'Orage fument encore de l'averse d'éclairs ; l'air est vif, comme pris d'une sourde colère, saturé d'électricité ; le vent souffle si fort qu'il m'assourdit presque : un baiser, une caresse, de sa part après ce que m'a fait subir le Seigneur du Trône d'Orage. (...)
Arrivé à deux mètres de la grande fenêtre du sommet, je me suspends par le bout des doigts sur un renfoncement infime dans le mur et m'élance. Je traverse la fenêtre dans un fracas defindu monde. J'atterris devant la fenêtre. Au milieu de la grande salle ornementée d'inscriptions en langue ancienne, trône la statue d'un dragon de jade bleu, elle est entourée de cinq soldat armés de pied en cap, derrière eux, se tient un homme masqué, protégé d'une armure d'acier immaculée réfléchissante comme un miroir, les épaules couvertes d'une cape noire, aux longs cheveux tombant en une cascade de blancheur neigeuse dans son dos, et son regard, bleu et glacé comme la mort se fixe sur moi avant d'exploser dans une frénésie d'éclair. (...)
Victoire sans objet, car la seconde d'après, le Seigneur des Hauts Vents revient à la charge, accompagné de ses foutues dagues infernales, de sa foudre et sa glace. Je pousse un cri de rage dont l'écho est sansfin. Il attaque si vite que je perds le fil du combat, apparaissant et disparaissant, je donne des coups au hasard, je ne le vois plus, ma réserve de pouvoir s'étiole. (...)
Qu'aucun autre habitant du village, n'avait survécut, et tu es là ! Merci ! Mais elle ne m'écoute pas, sa voix est une rivière sansfinde supplication. - Il l'avait vu ! Il avait vu que tu causerais sa mort. C'est pour ça qu'il a détruit le village ! (...)