Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : hiver (16)(...) Il jette un regard sur la charrue, sur ma femme et mon fils : mauvais présage. - Le Héraut est là, dit-il. Regard Vif veut tenir conseil. L'hiver, la plaine est blanche rude et froide. Chaque année, avant la plus longue nuit de l'hiver, chaque homme du village égorge une bête pour en recueillir le sang, le mettre dans un bol et le laisser dans l'autel familial devant la maison après une prière. La nuit passe et les bols de sang sont retrouvés vides. (...)
Tu as une meilleure idée ? Tu te rappelle de ce qui vit dans les failles ? Ou ce qui vient au solstice d'hiver? Le maître des Hauts Vents nous protège parce qu'il le peut, toi, qu'estce que tu veux faire ? (...)
Un autre ancien, on l'avait retrouvé lui, sa femme et ses quatre enfants vidés de leurs sangs et suspendus aux poutres du plafond, pendus par les pieds comme des porcs, décoration sinistre de cauchemar. Deux jours avant le solstice d'hiver, un caravanier itinérant était passé et vendait des exorcismes, mais les talismans étaient bidons. (...)
La main d'Aube grise la couvre doucement, sa caresse est apaisante comme la lumière des étoiles, sa main enfermant la mienne comme un écrin de douceur. Son regard à la couleur de matin d'hiver, calme et grave, me fixe. - Tu escorte Brume et le tribut demain ? Je jette un regard sur le feu mourant. (...)
Quand j'y repense, Sillon est peut-être parmi les morts qui errent dans la plaine et qui boivent le sang des offrandes au Solstice d'hiver, Boeuf, de son vivant, les détestait, maintenant peut-être s'étripent-ils dans le monde des morts. (...)
Après le duel, plus personne n'a jamais adressé la parole à Caillou. Il est mort de vieillesse, seul, emporté par le froid de l'hiversuivant. Je me réveille. La douleur est là aussi, m'enlaçant comme une amante. Il pleut de grosse goutte de pluie fraîche matinale. (...)
Malgré les apparences, les buttes n'ont rien de naturel, ce sont des tertres élevés par les Aïnouks, nomades qui passent dans la région, ils y enterrent leurs morts, des gris-gris, ou d'autres choses, et parfois, tout cela refuse de rester où on les y a laissés. D'après Regard Vif, ce sont eux qui viennent se nourrir du sang lors du Solstice d'Hiver. Approcher de ces buttes est de la folie au mieux, un blasphème au pire, mais je ne veux même pas penser à l'alternative. (...)
Ce sont des chasseurs et des éleveurs, des nomades, qui se transforment à l'occasion en pillards lorsque l'hiverest rude. Ils ne font pas de prisonniers, et ne vendent pas d'esclaves Je tente de rester éveillé, en vain. (...)
Vous avez marché sur leurs territoires. - Je n'ai rien de tout ça, dis-je. Je sais que le sang attire et nourrit les morts au Solstice d'hiver, c'est tout. Le temps de faire la traduction et que Hakka réponde, Mahe devient pâle. - Il dit que ce n'est pas ce que pense Boeuf. (...)
Nous le connaissions au village parce que l'on entendait parfois les morts le hurler lors du Solstice d'Hiver, quand quelqu'un refusait de payer le tribut du sang. Je pourrais avoir peur, je devrais avoir peur, mais je me sens presque euphorique. (...)
La langue utilisée par les dieux, les esprits et les morts. Je ne la comprends pas, mais j'ai assez entendu Regard Vif l'utiliser lors du Solstice d'hiverpour la reconnaître. Son ton est solennel, calme. Le ton du Héraut est celui dont doivent user les fleurs vénéneuses en enfer. (...)
J'arrive au bord de la zone de glace, elle est légèrement recouverte de neige, mais elle est essentiellement opaque, comme certains étangs enhiver. Je me donne une chance sur deux, plus si je suis assez rapide. Je lève un pied et le pose sur la glace. (...)
La plupart ont ricochés sur moi dans des gerbes d'étincelles dorées, et les autres ne m'ont laissé que quelques écorchures sans gravité. Ils soufflent eux aussi. Une voix aussi belle qu'un ciel bleu d'hiverrésonne dans l'endroit. -Allons les enfants, C'est terminé ! Le regard des monstres s'éteint presque, comme des ours somnolents sortant de leur hibernation. (...)
Le gloussement de Brume retentit dans la gorge d'Aewyll et la Princesse Bleue lui jette un regard tranchant comme le vent d'hiver. - Je suis venue chercher quelqu'un, dit-elle, mais qui que ce fut cette personne étais déjà morte. (...)
Le coup m'atteint à l'épaule, y trace un sillon écarlate et vient se planter dans l'un des piliers de jade derrière moi. Le rire du Seigneur des Hauts Vents est une chose claire et froide comme un matin d'hiver, il retentit triomphalement. Je rugis et le pouvoir avec moi dans une explosion de lumière. Je fonds sur le chef des gardes, mon coude rencontre une glotte qui se brise dans un bruit sec et étranglé. (...)