Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : hommes (46)(...) C'est ainsi car nos pères ont appris longtemps avant nous qu'il vaut mieux finir vidé de son sang que de désobéir au Seigneur des Hauts Vents. Je ne suis pas un homme sage, mais comme tous leshommesde mon âge je connais les histoires du monde ancien, l'ancien âge perdu des merveilles. Le temps d'avant la contagion, où chaque homme vivait tel un prince, où les dieux écoutaient encore les prières deshommeset où les morts reposaient en paix, où la beauté ne signifiait pas si souvent aussi la terreur. Ces histoires, je les transmettrai le jour venu à mon fils, lorsqu'il apercevra dans le regard d'une femme le même feu que j'ai perçu dans celui de la mienne. (...)
» Brume est la fille adoptive de Regard Vif. On murmure qu'il la prise autant comme fille que pour femme. La tradition interdit auxhommescomme Regard Vif de prendre femme parmi les familles du village. Brume avait perdu sa famille dans des conditions si étranges que personnes n'avait voulut d'elle à part Regard Vif. (...)
Au-delà, on devine un ciel clair et bleu. La journée possède une beauté froide. Un des chevaux hennit. Leshommesparlent peu car il y a peu qui n'ait pas déjà été dit et parler, en ces instants, ajoute à la douleur sourde que nous pouvons ressentir. (...)
- Un élu divin : un Exalté, comme on dit, claironne-t-il, c'est autre chose, c'est un mortel soigneusement choisi par les dieux pour les représenter parmi leshommes. - Un genre de prêtre ? - Non, non, non ! Un prêtre est un médiateur entre leshommeset les dieux, un Exalté est le dépositaire du pouvoir divin lui-même. Ceux qui naissent des amours divines entre leshommeset les mortels sont puissants, car ils héritent d'une partie du pouvoir de leurs parents, mais les Exaltés, eux, n'ont pas hérité d'un morceau de pouvoir par accident, les dieux le leurs ont donné, sciemment, entièrement ! Ce sont leurs champions tout puissants ! (...)
Il y a des comparaisons à ne pas faire lorsque l'on est qu'un simple mortel : Entre un roi et son Prince héritier, entre deuxhommesarmés, entre les dieux et les Exaltés : crime de lèse majesté, blasphème, calomnie, pour eux, c'est du pareil au même ! (...)
Boeuf éructe une insanité, il n'y croit pas. Je souris, je connais les légendes, et j'en sais assez sur leshommespour savoir qu'un évènement marquant à tendance à s'amplifier tout seul d'une génération à l'autre. (...)
Ca n'empêche pas Pigeon Fou de continuer et OEil Vert et Chien Enragé de continuer d'écouter. « Les bêtes et leshommesvivaient en harmonie, et il n'y avait pas réellement de différence entre le chasseur et le chassé. (...)
Dit Chien. Pigeon regarde autour de lui, narquois et plein d'aise. Le silence se fait. Il reprend : « Leshommesétaient sage comme des dieux, les bêtes autant que leshommes, et les plantes comme des bêtes. Leshommespouvaient se parler avec leurs rêves, et pas avec les mots pitoyables qui me servent actuellement. Les vêtements ne s'usaient pas, pas plus que leurs outils, les tours de leurs cités s'élevaient jusqu'au dessus des nuages, ou tombaient aussi profondément que dans le fond des océans. (...)
- D'après la foi immaculée, ils ont volé le secret de l'Exaltation au Soleil et à la Lune. Certains disent qu'il s'agit de l'oeuvre des démons qui ont corrompu leshommes, d'autres que c'est le Beau Peuple qui leurs glissèrent l'idée. » - Tu le crois ? C'est ma voix. (...)
Il n'ose pas continuer mais je devine ses pensées : On raconte que les vents de la nation rapporte au Seigneur tout ce qui se dit sur lui (qui lui ?) à travers la plaine, et que la lune parle en personne à ses enfants et auxHommes- bêtes. Il ne vaut mieux pas blasphémer. Il ne vaut mieux pas prendre trop de risque. Les autres restent suspendus à ses lèvres. (...)
Je n'ai pas réfléchi lorsque j'ai répondu. - Reste ici. Je vais le chercher. J'aurais dû ne rien faire. Risquer la vie de deuxhommes, dont la sienne pour un tiers dans cette situation, est particulièrement stupide, mais Chien Enragé est son fils. (...)
Cinq silhouettes apparaissent dans l'océan de lumière blanche qui semble être contenus dans la forteresse de jade bleu : Une femme et quatrehommes. La fille du Seigneur des Hauts Vents. On l'oublie souvent, tant l'aura de son père plane sur la nation, pourtant elle est presque aussi terrible que lui. (...)
C'est elle que le seigneur envoie pour se débarrasser des barbares et des bêtes lorsqu'il ne veut pas déchaîner sa fureur destructrice sur tout le pays. Peu lui on jamais échappé. Leshommesqui l'accompagne sont deux fois plus larges qu'elle, leurs visages et leurs corps massifs invisibles sous leurs armures de mailles et leur regard froid occulté dans l'obscurité de leurs casques, armés de Hallebardes pourtant, il y a plus de pouvoir dans un seul geste de cette femme que dans un régiment entier d'entre eux. (...)
Pas d'étoiles dans le ciel et c'est une bonne chose. Je reste éveillé mais ne bouge pas, la nuit, les bruits portent plus loin et leshommesde la Princesse Bleue restent sur leurs gardes. J'écoute leurs discussions, leur feu craquer et sent l'odeur de la nourriture envahir le site comme une présence invisible et séductrice. (...)
Je reste immobile. J'essaie de ne pas penser, de m'occuper, j'écoute les voix extérieures. Des femmes, deshommes, des enfants, des chèvres, des moutons et des boeufs anime et couvre le bruit de la yourte en mouvement, dont le bois et le fer grincent et gémissent. (...)
J'observe le convoi : on dirait un énorme village en mouvement. Une centaine de yourtes bougent sur la plaine, tirées par des buffles laineux. Tandis que deshommeset des enfants montent de petits chevaux et des chiens, mettant en bon ordre des troupeaux massifs de moutons et de chèvres. (...)
L'un d'eux me jette un regard méprisant. Je marche un peu, mais la tête me tourne rapidement. Jaï me garde à l'oeil. D'autreshommesm'observent, l'air méprisant, je les ignore. Je sens le vent sur mon visage, nous sommes toujours dans la nation du vent. (...)
- Moi ? Je suis une femme. » Elle soupire. « C'est moins grave si je meurs. » Je souris. Beaucoup d'hommesaussi pensaient ainsi dans notre village, leur niaient tout droit au savoir et après coup, se demandaient pourquoi ils avaient affaire à un ramassis d'idiotes haineuses parmi lesquelles ils devaient choisir leurs épouses. (...)
Je regarde leurs bêtes se faire plus nombreuses lorsqu'elles mettent bas. Je tente de ne penser à rien. J'observe deshommess'entraîner à l'épée et à l'arc, des femmes faire la lessive et élever des enfants. Leurs vie n'est finalement pas si différente de celle au village. (...)
L'auraient-ils su, ils n'auraient pas mit tout leur espoir en un étranger. J'entends l'étrange voix du Héraut, elle couvre le souffle du vent, leshommeset les bêtes se tiennent dans un silence craintif lorsqu'il élève la voix. - Noble peuple Aïnouk ! (...)
- Je n'en attends pas moins, mais sachez que le Seigneur des Hauts Vents serait offensé de ne pas vous voir reconnaître son pouvoir sur les cieux comme sur ces terres : Il ne demande que le dixième de vos troupeaux, cinq de voshommes, cinq de vos femmes, et cinq de vos enfants. Ceci est une offre certes rude, mais néanmoins raisonnable compte tenu des circonstances. (...)
Nos ancêtres ont appelé cette chose la faille : et c'est bien ce que c'est, mais c'est un peu plus que cela : c'est une faille dans le monde deshommes, dans la Création tout entière. Un témoignage de la folie qui existe au-delà du monde deshommes. Je longe la neige qui longe elle-même la faille, veille à ne pas y mettre un pied. Parfois, le vent souffle à travers la faille, et sans un bruit, de la neige en est projetée et retombe doucement. (...)
Je crois apercevoir une lueur de reconnaissance dans son regard comme dans le mien quand soudain... ...Une fureur sans nom hurle autour de moi, leshommesmeurent par dizaines, fauchés par une mort invisible qui les désintègrent dans un scintillement de lumière. (...)
Ils hurlent, révélant de larges dents aiguisées, malgré leur apparente sauvagerie, ils sont bien plus dangereux et coordonnés que leshommesdu Héraut. Celui derrière moi tente de se saisir de moi lui aussi et je l'arrête de la même manière, mais ce n'est qu'un leurre pour permettre aux autres de me labourer le corps de leurs coups de griffes. (...)
Le sol tremble tout entier, entre en éruption, des rugissements emplissent toute la faille et soudain une centaine d'entre eux jaillissent, enfanter par la neige, rugissant, m'encerclant, leurs yeux affamés et sanglants fixés sur moi. Ils marchent sur moi. Contrairement auxhommes, ils ne redoutent pas ma lumière. Le combat est confus, brouillon et brutal. Je n'ai pas l'espace pour armer mes coups, néanmoins j'en envoie quelques uns bouler et même si je suis rapidement couvert d'un sang blanc glacé, l'intensité du combat me tient chaud. (...)
Je sens une colère sourde m'animer. - Ca te fait rire ! Son ton est apaisant, engourdissant. - Oui, dit-il, leshommessont des créatures étranges, leurs âmes sont parfaites, mais Aewyll... la pauvre Aewyll ! Cette créature a besoin de refléter ton esprit pour exister. (...)
- J'étais un diplomate, répondit-il à la question sans que j'aie dit quoi que ce soit, « Je dois admettre que le destin deshommesme laisse indifférent, mais lors de la grande croisade que mena mon peuple pour détruire votre monde, j'ai entendu parler des tiens. (...)
« Mais au lieu de cela, dit-il, ce ne fut pas une guerre, c'était un massacre, une boucherie sans nom et sans grâce au milieu des cadavres de ceux qui d'entre leshommesavait déjà périt d'une mort invisible et disgracieuse. » La Contagion. Je vois des ombres s'étioler, s'éteindre seule sans que les ombres de couleurs les aient même effleuré. (...)
Ce n'était rien de tout cela, c'était juste un carnage à sens unique. En fait, en vous combattant de la sorte, nous nous rabaissions au niveau deshommes, qui entreprennent un combat seulement lorsqu'il est gagné d'avance. Nous nous perdions d'une autre façon qui nous aurait condamnés de toute manière. (...)
Le vent devient un hurlement de douleur sans fin, haché, pour se transformer en rire tandis que les ombres multicolores consument les ténèbres et deviennent des titans de lumières autours de la minuscule ombre blanche de Lewellyn. « Ils m'ont ri au nez ! Ils m'ont accusé de passer trop de temps en compagnie deshommes! Leurs esprits s'effondraient sous le poids de leurs propres mesquineries ! Imagine, Soleil Bleu, Imagine des univers entiers qui se moquent de toi, qui se rient de toi, qui t'humilient, qui t'ôtent cette grâce, cette gloire qui fait de toi ce que tu étais. (...)
Il y a un petit rocher près du sommet de la colline, je m'y glisse et j'attends tout en espérant qu'ils n'ont rien changés à leurs mauvaises habitudes. Manifestement non. J'entends les sont produits par une paire de gardes, des voix d'hommes, discutant de semailles, de femmes et de bêtes, des conversation de paysans qui viennent, et surtout s'en vont. (...)
La guerre qui s'ensuivit fut courte, rapide et violente : notre unique raid nocturne les surpris dans leurs lits la semaine qui suivit. Une bonne vingtaine de leurshommesfinirent baignant dans leurs sangs, et les quelques rescapés encore en état de marcher n'était plus assez nombreux pour réellement tenter quoi que se soit. Aujourd'hui, s'ils avaient plus de moyens et d'hommesaujourd'hui, ils bâtiraient des tours qui permettraient à leur sentinelle de ne pas avoir à faire leur ronde sur le sentier de garde, mais les bois de la nation du vent sont rares et mal fréquentés. (...)
Tassé dans un coin d'ombre, je vois du linge suspendu sur un fil entre deux maisons: des vêtements d'hommes, à peu près ma taille. Je n'hésite pas, je m'en saisis le plus silencieusement et rapidement possible. (...)
Je me fais tout petit. Je prie les dieux qu'ils n'aperçoivent pas que le linge a disparu, je prie pour leshommesdu village : ils n'auraient aucune chance. Mon estomac gargouille à leur approche, mais ils sont trop bruyants, et par un coup de chance pour nous tous, ils n'ont pas de chien. (...)
Je rajuste ma cape qui menace de s'envoler et qui, portée par le vent, me ralentit, mais rapidement, les choses empirent et je dois lutter pour avancer, pour faire chaque pas. J'ai rapidement l'impression que deuxhommesinfatigables me tire désespérément vers l'arrière, puis qu'ils reçoivent rapidement du renfort. (...)
Partout autour de moi, dans les murailles du Trône d'Orage, dans son donjon, dans ses tours, j'entends leshommescrier, courir. Les flèches sifflent dans ma direction, j'évite la plupart d'entre elle, les autres ricochent ou me manquent. (...)
J'arrive au sommet de l'escalier qui donne sur un croisement de couloir, et tombe sur deux serviteurs, deuxhommesd'une quarantaine d'années, l'un brun, l'autre roux. Lorsqu'ils m'aperçoivent, ils poussent des hurlements dans un dialecte que j'ignore. (...)
Je parcours des couloirs luxueux, tout de marbre blanc étrangement lumineux, jalonnés d'alcôves qu'habitent des statues de bronzes représentant deshommes, des femmes, ainsi que d'autre choses plus étranges, agrémenté, de jade bleu, le tout saturé d'essence, de pouvoir qui converge vers le coeur du Trône d'orage. (...)
Le Seigneur des Hauts Vents ne profère pas un mot, à peine pose-t-il ses mains sur les épaules de deux de ceshommes. Je hausse un sourcil, et soudain, me souviens de la Princesse Bleue, de sa main et de la force qu'elle m'a transmise par ce geste. (...)