Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : maison (6), dieu (12)(...) Quelques talismans de fer froid pour les choses qui hantent les entrailles de la terre et les brumes à l'horizon, trop belles, trop féroces pour être humaines et trop puissantes pour simplement se contenter de notre sang, notre chair et notre vie. J'ai une femme, un fils, une vieille lance, un boeuf, unemaisonet un champ. Dans ce monde, c'est peu mais ici c'est déjà beaucoup pour un mortel. Ma vie est plus à sa fin qu'à son début et parfois j'en suis heureux. (...)
Chaque année, avant la plus longue nuit de l'hiver, chaque homme du village égorge une bête pour en recueillir le sang, le mettre dans un bol et le laisser dans l'autel familial devant lamaisonaprès une prière. La nuit passe et les bols de sang sont retrouvés vides. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent souscrire à l'offrande sont vidés de leur sang à la place de leurs bêtes. (...)
» C'est sans doute pour ça que nous discutons de tout cela autour d'une table ronde, couverte de verres de bières dans lamaisonde Flocon Amer, la seulemaisonde pierre du village. Flocon Amer est le patriarche du village. C'est un vieil homme qui a survécut à tous ses enfants directs et qui règne sur sa famille comme un roi sur ses terres. (...)
- On dirait que le Seigneur des Hauts Vents nous protège, dit Pigeon Fou en sortant une balalaïka. - Pas de bêtise, dit Boeuf. Ce n'est pas undieu. - Ah bon ? C'est Rude Automne. L'un des fils aînés de Flocon : un garçon énorme pour son âge. Tout en muscle, qui fait, lorsqu'il ne s'est pas coupé la barbe, vingt ans de plus que son âge. (...)
Mes brûlures aux mains ne font mal mais je réprime un sourire à l'idée que j'organise une embuscade sur quelqu'un de plus puissant qu'un demi-dieuavec une épaule trouée et un caillou ! Soudain quelque chose me frappe. Je les entends discuter, plaisanter distinctement. (...)
- Nous vous avons trouvés, assis sous la constellation du cadavre. Hakka dit que c'est un signe. Vous avez survécut à la fureur dudieudes vents. Je lève la main brutalement. Jaï laisse tomber la sienne sur son poignard. Mahe recule. (...)
- Hakka dit que cela n'à aucune importance, dit-elle. Des pactes ont déjà été conclus et les oracles ont été clairs, vous sauverez notre tribu duDieudu vent. Les Shamans et les sorciers sont tous les mêmes. Une fois qu'ils commencent à parler de destinée, d'esprit et de pacte, il n'y a plus rien à rajouter. (...)
- Votre couche est prête. - Vous avez un accord avec le Seigneur des Hauts Vents ? Elle hoche la tête négativement. - LeDieudes vents est changeant, il est trop libre et trop puissant. Asseyez-vous. Je m'assois. Hakka s'approche et parle à Mahe. (...)
C'est dangereux d'en parler pour un non-initié, dis-je. - Hakka est un Shaman, et vous êtes différent, dit-elle. Vous avez échappé au pouvoir duDieudes vents. Je reste silencieux un long instant. Je remarque Jaï nous observer d'un air mauvais et inquiet au loin. (...)
Je glisse, tourbillonne dans l'air un moment, puis aperçois le sol couvert de neige teintée de bleu qui se précipite vers moi. Je ferme les yeux et me concentre sur ce point de chaleur dans mon coeur. Je suis percuté par undieuen colère, le son du choc est son rugissement. Je roule dans de la neige, glisse sur de la glace. Etourdi, je n'ai même pas le réflexe de me rattraper. Je bascule à nouveau dans le vide puis ledieude chutes violentes me frappe à nouveau, rageur. L'impact, sourd et brutal, achève de me couper le souffle. (...)
Un de ses pieds posé nonchalamment sur son genou, il est parfaitement détendu. Si je n'avais pas été dans la faille, je le prendrai pour undieu. Mais nous sommes sur le territoire du Beau Peuple et ici, dit-on, les seuls dieux que l'on peut trouver sont fous, comme tout le reste. (...)
mais pas comme un chien errant trempé de la banalité du monde, je veux revenir comme un roi, comme undieu, habillé de gloire et de pouvoir, pour leur prouver qu'ils avaient tort ! Pour leur prouver que j'avais raison ! (...)
Il y a un tintement métallique lorsque l'une d'elles détache la laisse de son chien, puis le grondement rageur lorsque je l'entends se jeter sur moi. Je prends une inspiration, saisis le pouvoir et bondis sur la tranche supérieure de la porte d'unemaisondevant moi dont le propriétaire est en train de sortir, arme au poing, et rebondis vers le toit de lamaisond'en face avec l'aisance d'une plume poussée par le vent. Je cours sur le toit, saute à nouveau au milieu des cris, et j'atteins le chemin de ronde lorsque l'un des gardes me décoche une flèche de son arc court, j'esquive le projectile en baissant simplement la tête, plus par réflexe qu'autre chose, oubliant bêtement le pouvoir. (...)
Je tombe de si haut que ma chute creuse un petit cratère dans le sol, le rugissement de l'impact m'assourdit, et la main dudieufou s'abat sur moi, je suis aveuglé un instant mais je ne panique pas. Après la faille, je commence à maîtriser les chutes, et je souris à cette pensée. (...)
» Elle a peur et comment pourrait-il en être autrement ? : Je suis nimbé de sang et de lumière, le cadavre d'un demi-dieuà mes pieds. Je tente de la calmer, mais je suis trop heureux de la voir en vie, de voir que je n'ai pas juste répandu la mort tout autour de moi. (...)