Histoire de Marin : Prise d'un Convoi Espagnol
Le brouhaha de la salle enfumée de l'auberge du Rat qui Pète fait lentement place au silence le plus complet. Tous les regards se tournent vers le vieil homme, maigre et ratatiné, qui se tient debout au comptoir. Son visage rouge de chaleur est marqué par des années d'une consommation immodérée de rhum. Comme s'il ignorait être au centre de l'attention, le vieil homme sort sa corde de tabac, qu'il mord pour en retirer une chique énorme. « Sang du diable, te fais pas prier, vieux Ben. Tu la racontes ...Contient : mère (5)(...) Comme par magie, comme si rien ne s'était passé, le vieux Ben reprend le cours de son histoire : « C'est qu'on avait perdu le Rackham, qui avait du courir vent arrière à sec de toile pour échapper à la tornade. Alors, par ma pute demère, je monte sur la dunette et je m'approche du capitaine. « Ben alors, De Vercourt, c'est pas vrai que vous avez pas prévu de lieu de rendez-vous ». (...)
Autour de moi, les hommes commencent à douter : « Sainte putain, qu'est ce qu'on va foutre contre au moins cinq navires dont un vaisseau de ligne ». « T'as les foies Gérard ? », que je lui réponds, « Tu peux toujours plonger et rentrer chez tamèreà la nage ». « Le diable m'emporte si je ne t'écrase ton foutu nez imbibé de rhum, Ben, je disais juste que je m'demande comment le capitaine compte s'y prendre. (...)
Il a cru nous avoir, ce gros porc suant, mais j'ai vite compris qu'il nous indiquait comment aider ses petits copains à nous cueillir. Ma pute demère, je vous jure qu'il l'a regretté. Il a perdu sa main gauche, d'ailleurs, qu'on y a fait bouffer. (...)
Gérard, les yeux rouges et écarquillés par la vue du sang, s'arrête près de moi pour me chuchoter à l'oreille : « Alors Ben, on a les foies, tu peux toujours plonger et rentrer chez tamèreà la nage ». Puis il s'élance sur la vergue de petit hunier en hurlant de rire. « Mamère, elle est en enfer, et tu vas pas tarder à la rejoindre. Place au troisième âge ! », que je lui crie en me jetant à sa suite. (...)