Héritage
Contient : yeux (10)(...) Les touffes de poils de ses larges oreilles frémissaient et ses narines se dilataient. Sa langue râpeuse s'enroulait autour de sa défense gauche, et sesyeuxjaunes brillaient derrière les fentes de ses paupières marquées. Lorm était un troll mécontent. (...)
» « Dans ce cas, que dirais-tu de tuer quelques écorcheurs avant de me tuer ? » demanda Mestoph. Lorm cligna desyeux, réfléchit à la question de l'elfe, puis écarta sa hache du magicien. Mestoph recula dans une flaque, la pluie ruisselant sur ses traits aquilins. (...)
Alors que nous revenions sur nos pas, Lorm se mit à traverser l'avenue de part et d'autre, examinant l'intérieur des bâtiments. Je plissai lesyeuxà cause de la lumière du quartz quand il s'approcha de moi. Lorm fit passer sa lumière dans son autre main, puis murmura : « Où sont les corps ? » « Peut-être l'Horreur les a-t-elle dévoré ? » « Même les os ? » Lorm cligna desyeux. « Peut-être cette Horreur est-elle particulièrement minutieuse. Peutêtre qu'elle a entassé tous les ossements quelque part dans un coin. (...)
Je n'ai jamais pu aller plus loin. Des lignes d'argent ont commencé à scintiller à l'endroit où auraient dû se trouver sesyeux, et je me suis arrêté net. Elle m'a regardé, puis s'est détournée, se déplaçant si lentement que j'aurais pu la rattraper en marchant. (...)
Je pouvais apercevoir une arche en ogive. L'intérieur du tertre était plongé dans une douce pénombre. Je clignai desyeux, et elle était devant Mestoph. Deux fois plus grande que moi, elle portait de hautes bottes de la couleur du bronze poli. (...)
Ses cheveux se dressèrent en l'air et vers l'avant, et ses cris devinrent étrangement étouffés. Je hurlai moi aussi, d'une voix sèche, pitoyable. Je contemplai lesyeuxet la bouche de Mestoph, qui se trouvaient sur le côté de son crâne. L'Horreur avait arraché la peau, déchirée de ses muscles, et la faisait tourner autour du corps de l'elfe. (...)
« Va me chercher le bouclier. » Lorm commença à courir. Il fit cinq pas rapides, puis s'arrêta et fit volte-face. Dans sesyeuxbrillait une trame argentée. L'Horreur siffla. « Celui que j'ai touché n'est plus jamais libre. (...)
L'Horreur recula et commença à siffler en rythme. Je luttai pour reprendre le contrôle de mes jambes, puis m'agenouillai auprès de Lorm. Sesyeuxjaunes et embrumés rencontrèrent les miens pendant un instant puis fixèrent la hache à son côté. (...)
L'Horreur battit en retraite. Je m'accrochai à la hache, qui s'était dégagée du corps de l'Horreur. Elle n'avait plus d'yeux, mais elle con tinuait à siffler. Je ne pouvais plus soulever la hache. Je regardai en direction de Lorm et vis qu'il était mort. (...)Quand le Châtiment prit fin, nous étions décidés à revendiquer notre héritage. Mais nous n'étions pas encore prêts à en payer le prix. Tolan Drôle-d'oreille, historien de Landis. Oui, mon ami, c'est une bonne hache, qui a trempé dans de nombreuses batailles. Son tranchant a même goûté le sang d'une Horreur. Comment suis-je entré en possession d'une arme aussi remarquable ? Eh bien, remplis ma chope avec un peu plus de cette délicieuse bière brune naine et je te raconterai ...