Divin
sur Le Ludiste
Une nouvelle publiée dans feu le Fanzine Odyssées n°1. Ils avaient fait une longue route solitaire avant que le hasard ne les réunisse. Ils venaient des quatre coins du continent, si disparates que leur association avait quelque chose de grotesque et d'inquiétant à la fois. Les passants, en les voyant arriver, préféraient s'écarter. Les plus fous ou les plus hardis les observaient à la dérobée, se demandant combien de temps s'écoulerait avant que l'un d'entre ne sorte son arme pour abattre ses ...Contient : argent (4)(...) Il payait largement lorsque c'était nécessaire mais, le plus souvent, les commerçants grimaçaient après ses marchandages. Les autres, qui ne s'y entendaient pas aussi bien en matière d'argent, le laissaient faire. Leur objectif, donc, était leur seule chose commune. Ils en avaient parlé tous ensemble, au début de leur rencontre, puis ils s'étaient lassés et étaient retournés à leurs pensées maussades, sauf le barbare qui en marchant chantait des chants de guerre d'une voix basse et grondante. (...)
La piste venait jusqu'à eux et ils ne tarderaient pas à les rencontrer. Le destrier était un puissant étalon de guerre, noir, caparaçonné d'argentmais son harnachement, autrefois riche et brillant, était terni et maculé. C'était comme s'il avait été éclaboussé de sang, comme si la monture avait dû se frayer un chemin dans une mer en furie de corps hurlants et gesticulants, de bouillonnements sanguinolents, de chairs et de cervelles arrachées et piétinées. (...)
C'est souvent à ce moment, qu'en fuyant ce regard insoutenable, on apercevait les oreilles, toutes à fait inhumaines elles aussi : noires et longues, les lobes chargés de boucles d'argentraffinées et primitives. Elles étaient aussi mobiles que celles d'un chien de chasse et elles se tournaient instinctivement vers le moindre son. (...)
Elle semblait sauvage, à peine contrôlable. A la regarder de plus près, elle était comme d'un marbre froid et ténébreux parcouru de veines d'argent, de pourpre et d'or qui pulsaient régulièrement comme si un coeur secret l'alimentait d'une sève mortelle. (...)