Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : ténèbres (7)(...) La nuit était noire ; il y avait belle brise et forte mer ; quelques feux de la côte apparurent dans lesténèbres; plus tard, je ne sais, un phare à éclats étincela au-dessus des flots ; ce fut tout ce qui resta dans mon souvenir de cette première traversée. (...)
» Cela dit, mon oncle prit d'une main l'appareil de Ruhmkorff suspendu à son cou ; de l'autre, il mit en communication le courant électrique avec le serpentin de la lanterne, et une assez vive lumière dissipa lesténèbresde la galerie. Hans portait le second appareil, qui fut également mis en activité. Cette ingénieuse application de l'électricité nous permettait d'aller longtemps en créant un jour artificiel, même au milieu des gaz les plus inflammables. (...)
Cette excursion dans la houillère dura jusqu'au soir. Mon oncle contenait à peine l'impatience que lui causait l'horizontalité de la route. Lesténèbres, toujours profondes à vingt pas, empêchaient d'estimer la longueur de la galerie, et je commençai à la croire interminable, quand soudain, à six heures, un mur se présenta inopinément à nous. (...)
Je la suivis, je l'aspirai du regard, je concentrai sur elle toute la puissance de mes yeux, comme sur la dernière sensation de lumière qu'il leur fût donné d'éprouver, et je demeurai plongé dans lesténèbresimmenses. Quel cri terrible m'échappa ! Sur terre au milieu des plus profondes nuits, la lumière n'abandonne jamais entièrement ses droits ! (...)
Un froid mortel descendait de ces voûtes charnues. Pendant une demi-heure, nous errâmes dans ces humidesténèbres, et ce fut avec un véritable sentiment de bien-être que je retrouvai les bords de la mer. Mais la végétation de cette contrée souterraine ne s'en tenait pas à ces champignons. (...)
J'aurais voulu adresser la parole à mon oncle ; mais le mugissement des eaux l'eût empêché de m'entendre. Malgré lesténèbres, le bruit, la surprise, l'émotion, je compris ce qui venait de se passer. Au delà du roc qui venait de sauter, il existait un abîme. (...)
La mèche avait brûlé jusqu'au bout. L'obscurité redevint absolue. Il ne fallait plus songer à dissiper ces impénétrablesténèbres. Il restait encore une torche, mais elle n'aurait pu se maintenir allumée. Alors, comme un enfant, je fermai les yeux pour ne pas voir toute cette obscurité. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...