Duels et conséquences
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Contient : maître (32)(...) Il y avait là une douzaine d'élèves, âgés de quinze ans tout au plus, qui, vêtus de chemises colorées et de plastrons de cuirs, s'exerçaient à l'art du fleuret, sous le regard impitoyable de leurmaîtred'armes. Un cri de rage retentit soudain, suivi de près par le bruit d'une chute. Les assauts cessèrent. (...)
D'un seul bloc, les deux jeunes duellistes se retournèrent, pour se trouver nez à nez avec une grande femme d'environ trente ans, à la chevelure blond cendré, au regard bleu glacier : Camille de Basconne,maîtrede Valroux, fondatrice de La pointe au coeur. Elle toisa ses deux élèves d'un oeil sévère, les bras croisés sur sa poitrine. (...)
Revenez me voir lorsque vous aurez suffisamment médité sur la devise inscrite à l'entrée de cet établissement et alors j'accepterai peutêtre de vous reprendre. Disposez. " Les apprentis échangèrent des regards ébahis, pendant que lemaîtred'armes retournait à son poste habituel. Camille de Basconne - la Dame de Coeur, ainsi qu'ils l'appelaient entre eux - était un professeur exigeant, sévère, mais, d'ordinaire, dans ce genre de situation, elle usait de paroles moqueuses et acerbes, ou donnait une leçon d'humilité de la pointe de son épée... La voir aussi froide, cassante et définitive était pour le moins inhabituel. (...)
Il a remis ceci pour vous... " Elle lui tendit une lettre cachetée de cire noire, ne présentant aucun motif. Lemaîtred'armes la saisit, sourcils froncés et fit quelques pas dans la pièce. Elle allait commencer à lire, quand elle sentit le regard de la servante peser dans son dos. (...)
Elle en sortit une liasse de feuilles jaunies, soigneusement attachées par un ruban de satin jaune, ainsi qu'un petit médaillon doré, décoré d'une figure en porcelaine peinte représentant une femme à la chevelure blonde, aux formes généreuses, au visage souriant. Lemaîtred'armes secoua la tête, vida d'un trait son gobelet et en reprit immédiatement un autre, puis un autre et encore un, dans le vain espoir de s'enivrer. (...)
Par égard pour ses élèves, elle avait fermé son école pour le reste de la semaine, arguant qu'ils avaient besoin d'un peu de repos afin de retrouver un minimum de concentration. Personne n'était dupe, mais les apparences étaient sauves. Lemaîtred'armes revêtit une chemise de soie crème, un pourpoint et des pantalons de velours mordoré, noua autour de son cou un foulard bleu gris, ceignit sa rapière et quitta ses appartements. (...)
Elle contemplait sa blessure, les yeux dans le vague et paraissait ne pas avoir conscience de ce qui l'entourait. " Madame... " Elle sursauta, releva la tête. Gabriel d'Echiny, compagnon de Valroux etmaîtredans le style Boucher, avait de longs cheveux châtain, des yeux gris vert bordés de cils épais, une bouche généreuse et portait une petite cicatrice sur la pommette droite. (...)
Toi tu as perdu un duel ? Je comprends pourquoi tu es dans cet état, je... - Laisse tomber, Xavier " coupa abruptement lemaîtred'armes. " Apporte-moi plutôt un pichet de vin et quelque chose à manger. " Comprenant que son amie n'était pas d'humeur à parler, le vieil homme s'exécuta en silence. (...)
Il paraît qu'il est de retour en ville... On l'aurait vu à plusieurs reprises à la " Maison " de Charousse ! " L'aubergiste retourna dans la salle. Lemaîtred'armes était toujours à sa place, un verre de vin vide devant elle. Elle est dans un petit boudoir richement décoré, assise à côté de sa mère. (...)
" Elle apposa son sceau sur l'enveloppe et la lui tendit. " Et à présent, file ! " Marinette quitta précipitamment la pièce. Lemaîtred'armes soupira, amusée malgré tout par la ténacité de l'adolescente. Une invitation au théâtre ? (...)
Elle avait installé un grand baquet au milieu de la cuisine et se lavait à grandes eaux, sous le regard surpris et effrayé de Marinette. Il était rare que lemaîtred'armes ait besoin d'une servante et c'était la première fois que l'adolescente avait à remplir cette tâche. (...)
- Mais... vous n'avez jamais eu de... de... fiancés ? " s'enhardit l'adolescente. " Si fait, mademoiselle la curieuse ! " rétorqua lemaîtred'armes. " Du moins, ceux qui ne s'enfuyaient pas en voyant mes balafres ! " Elle plongea entièrement dans le baquet d'eau fumante et en ressortit quelques secondes plus tard, rincée et propre. (...)
" Pardonnez-moi, madame ", avança la servante, " mais ce ne sont pas des parures à la hauteur de votre condition... Du moins, je... - Quelle condition ? " rétorqua lemaîtred'armes. " Je ne suis pas de haute naissance et, de plus, je n'ai pas la patience de supporter les ajustements des tenues propres aux courtisanes de Montaigne ! (...)
Marinette l'aida à ajuster son corset - prenant bien garde de ne pas trop le serrer, ainsi que sa jupe et son pourpoint bleu orage, puis s'éclipsa avec une révérence. Lemaîtred'armes examina son image dans le reflet de la fenêtre - comme la plupart des Montaginois, elle préférait éviter les miroirs, par crainte des fantômes parfois emprisonnés à l'intérieur - et haussa les épaules. (...)
" Décidément, je ne comprendrai jamais comment une femme telle que toi peut manquer à ce point de poésie ! - Peut-être est-ce simplement parce que j'ai trop fréquenté d'hommes dans ton genre... " répondit lemaîtred'armes du tac au tac. " Et quel est le nom de la victime ? - Laure de Sicée, une femme d'esprit... - Eh bien, en ce cas, bonne chance ! (...)
Elle est venue en compagnie d'un homme que je ne connais pas - très différent de ses habituels compagnons - et, dès qu'elle a su que vous alliez venir, elle n'a cessé de me poser des questions sur vous et votre famille. - C'est étrange ! Et, comment avez vous dit qu'elle s'appelait ? " demanda innocemment lemaîtred'armes. " Son nom - que je ne vous avais pas révélé - est Viviane la Flamboyante. Quant à l'homme qui l'accompagnait, je crois qu'il s'appelait Pierre quelque chose... - Pierre. (...)
La jeune femme sentit toute couleur quitter son visage tandis qu'un froid terrible envahissait ses membres. Tranquillement, posément, il avança vers eux. Paralysée, incapable de réagir, lemaîtred'armes ne parvenait pas à détacher les yeux des siens. Instinctivement, Gabriel la prit par la taille et mit la main sur le pommeau de sa rapière. (...)
J'espère du moins que, si vous avez perdu votre esprit, vous n'avez pas oublié comment tenir une lame ? " Lemaîtred'armes eut un geste vague, qui pouvait signifier tout et n'importe quoi. " Bien, en ce cas, madame, je vous propose de régler l'affaire qui est entre nous depuis si longtemps. (...)
" Dans le parc de mon école. " James hocha la tête, tourna les talons et disparut dans la foule. Alors, pour lemaîtred'armes, tout devint noir. La femme en rouge, qui n'avait rien perdu de la discussion, eut un sourire perfide et s'éloigna à son tour. (...)
" finit-il par demander. " Je crois que j'exigerais des preuves... - Vous les avez ! Ensuite ? - Je ne sais pas... " murmura lemaîtred'armes. " Tant de mauvaise foi, c'est inimaginable ! " s'écria le duelliste. " Vous savez très bien que vous comprendriez et que, après quelques embrassades, vous iriez dans la première auberge venue vous enivrer consciencieusement et vous raconter mutuellement votre vie ! (...)
" Elle le ramassa et ce ne fut qu'en se relevant qu'elle s'aperçut que les lettres confiées par sa mère ainsi que la missive de son frère avaient disparu. Paniquée, lemaîtred'armes commença à fouiller frénétiquement son logis, jetant pêle-mêle vêtements, documents, livres et coffrets à terre, au fur et à mesure qu'elle progressait. (...)
Mais j'ai eu si peur ! Je me suis contentée de l'espionner et... et quand il est parti, je n'ai pas refermé la porte... " Lemaîtred'armes la prit par les épaules et la serra contre elle. " Allons, Marinette ! Ce n'est pas si grave ! (...)
J'ai un duel, dans moins d'une demi-heure. " Sans perdre plus de temps, aidée par sa domestique, lemaîtred'armes se déshabilla, ôta son corset et revêtit des pantalons et un pourpoint dans les tons pourpres, ornés de motifs plus clairs, ainsi qu'une chemise assortie. (...)
" La jeune fille écarquilla les yeux de surprise et s'exclama : " Oui ! Oui mais... " Sans lui laisser le temps de finir, lemaîtred'armes lui désigna des vêtements qui gisaient, épars, sur le lit : " Ca devrait être à ta taille. (...)
Cela gênait un peu ses mouvements, mais, l'un dans l'autre, elle n'était pas mécontente de sa situation. Elle déchanta vite lorsque lemaîtred'armes entreprit de seller son cheval, un étalon couleur d'ébène, à la musculature impressionnante, au chanfrein large et convexe et aux yeux méchants, cerclés de blanc. (...)
L'aube pointait juste lorsqu'elle passèrent le portail de La pointe au coeur. Une légère brise agitait les branches des arbres. Et l'endroit semblait désert. Lemaîtred'armes pressa les flancs de sa monture, qui fit encore quelques pas, les oreilles pointées en avant, l'air nerveux. (...)
Marinette, accrochée à la crinière, hurla de peur. Pendant ce temps, cinq hommes, surgis de nulle part, encerclèrent lemaîtred'armes. Ils étaient armés d'épées bâtardes et donnaient le sentiment de savoir s'en servir. Un lent sourire s'inscrivit sur les lèvres de Camille. (...)
" répondit-il. " Vous ne voulez pas être également responsable du trépas de votre servante, tout de même ! " Lemaîtred'armes regarda en direction de Marinette. Celle-ci était maintenue par deux brutes, un couteau passé sous la gorge. (...)
Onyx se releva d'un bond, le piétinant à moitié et l'adolescente en profita pour se dégager d'une torsion de bras. " Alors, pauvre niais, êtes-vous prêt à vous mesurer à moi ? " railla lemaîtred'armes, sa rapière et sa main-gauche dans les mains. Avec une grimace de haine, il dégaina une main-gauche et une longue épée au pommeau garni de pointes. (...)
Camille recula sous le choc et la douleur, tandis qu'il avançait sur elle, un rictus cruel aux lèvres. Sa lame fendit l'air, un éclat d'acier scintilla un instant : lemaîtred'armes avait à présent la poitrine dénudée. " Première leçon " commença-t-il, " l'humilité... Deuxième leçon... " Il porta sa lame au contact et, dans un crissement aigu, effectua un enveloppement. (...)
C'est lui qui a tué votre frère... Je connais une femme qui est prête à en témoigner ! - De beaux projets effectivement. " répliqua calmement lemaîtred'armes. " Dommage qu'ils soient voués à l'échec ! " Sur ces mots, elle fouetta l'air de son arme et attaqua, en commençant par une feinte à la cuisse, que le traître ne put parer. (...)
" Je ne vous accorderai même pas la mort qu'a eue votre bâtard de frère ! Ce serait trop beau pour une traînée telle que vous ! " D'un geste élégant, lemaîtred'armes mit fin à ces invectives : à présent, sur le torse de son ennemi, on pouvait voir dessinée une potence. (...)Le cliquetis des armes résonnait dans la vaste pièce aux fenêtres hautes, décorée de lambris, qui servait de salle d'entraînement pour les apprentis spadassins de l'école La pointe au coeur . Il y avait là une douzaine d'élèves, âgés de quinze ans tout au plus, qui, vêtus de chemises colorées et de plastrons de cuirs, s'exerçaient à l'art du fleuret, sous le regard impitoyable de leur maître d'armes. Un cri de rage retentit soudain, suivi de près par le bruit d'une chute. Les assauts cessèrent ...