Constantinople
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Contient : vie (36)Constantinople Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans laviepolitique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). (...)
Parmi les plus vénérées, on peut citer - outre Sainte-Sophie, la «Grande Eglise», qui fut toujours le centre de laviereligieuse de Byzance - l'église des Saints-Apôtres, nécropole des empereurs byzantins, et dont on faisait remonter la construction à Constantin; la Néa bâtie à grands frais par Basile Ier (867-886) et dont la richesse n'avait d'égale que l'étrangeté de sa collection de reliques (la trompette de Josué, la corne du bélier d'Abraham, du bois de la vigne de Noé, etc. (...)
C'est que l'Empire manquait d'hommes, non seulement du fait de la dénatalité (qui se fera sentir au moins jusqu'à la fin duVIesiècle), mais aussi parce que le régime dominant était celui de la grande propriété, très peu favorable au recrutement militaire. (...)
A sa mort, elle échut à son frère Constantin VIII, déjà coempereur depuis cinquante ans, qui ne crut pas nécessaire de rien changer à saviede plaisirs. Il n'avait pas de fils. Sur son lit de mort, il maria l'une de ses trois filles, Zoé, qui avait la cinquantaine, à l'éparque (préfet) de Constantinople, Romain Argyre. (...)
L'ambition du despote d'Epire Michel Ange était aussi de ressusciter à son profit l'Empire de Byzance: et c'est la rivalité des deux principaux Etats grecs qui prolongea laviemoribonde de l'Empire latin. Sous Théodore Ange, qui prit le titre de basileus, l'Etat d'Epire s'étendit à une vitesse foudroyante, presque jusqu'aux portes de Constantinople. (...)
Elles ne permettent pas aux empereurs de prendre des mesures intérieures qui risqueraient de diminuer leurs profits. Jean VI essaye-t-il en 1348 d'abaisser les droits de douane pour rendre quelquevieau port grec de Constantinople, aussitôt les Génois, en pleine paix, détruisent les navires byzantins et interdisent aux bateaux étrangers l'entrée de la Corne d'Or. (...)
La plupart des éléments politiques, sociaux, culturels qui formeront l'Empire proprement byzantin apparaissent durant cette période, mais encore mêlés aux structures caduques héritées du passé. Cette incertitude se reflète dans lavieintellectuelle, qui se partage entre les vieux centres de l'hellénisme: Alexandrie, Antioche, Gaza où prospère une célèbre école de rhétorique, Athènes où meurt l'Université païenne. (...)
L'épigramme est peut-être le seul genre de poésie profane qui soit resté en honneur jusqu'à la fin de la période byzantine. Elle connaît un regain de faveur auVIesiècle, grâce au cercle littéraire réuni autour d'Agathias le Scolastique (536-582 env.), d'où est sorti le Kyklos , recueil d'épigrammes anciennes et nouvelles disposées par genres et futur noyau de l'Anthologie palatine . (...)
On peut citer les monumentales Ethnika du géographe Etienne de Byzance, malheureusement perdues, le traité sur l'astrolabe de Jean Philoponos, précurseur de la mécanique moderne, l'Onomatologos , ou dictionnaire des écrivains célèbres, d'Hésychios de Milet (VIes.), surtout la Médecine en douze livres d'Alexandre de Tralles, frère de l'architecte de Sainte-Sophie, remarquable par l'importance qu'y prend l'observation méthodique. (...)
On peut leur adjoindre un historien ecclésiastique, Evagrios d'Epiphanie (né en 536) qui a su exposer avec clarté les conflits doctrinaux du Ve et duVIesiècle. D'autre part, les chronographes, plus moralistes qu'historiens, s'adressent à un public populaire qu'ils prétendent édifier en retraçant - sans aucune critique, bien entendu - l'histoire de l'humanité depuis Adam, et en s'attachant surtout aux événements frappants: pestes, éclipses, séismes, naissances de monstres, etc. (...)
Ils sont liés entre eux, non par un lien de continuité, comme les historiens, mais parce qu'ils puisent tous plus ou moins à un fonds commun dont on peut suivre la formation jusqu'à Julius Africanus, au IIIe siècle. Ces chronographes sont encore rares auVIesiècle: le principal est Jean Malalas, moine d'Antioche, d'esprit fort particulariste, et le plus « vulgarisant » des écrivains de cette époque. (...)
L'histoire aussi subit l'influence de Constantin VII; mais c'est parce que celui-ci met les historiens au service de la propagande impériale: c'est le cas des « continuateurs de Théophane », parmi lesquels Constantin VII lui-même, auteur d'uneViede Basile Ier , et de Joseph Génésios, qui écrit quatre Livres des Rois (de Léon V à Basile Ier); leur objectivité est évidemment sujette à caution. (...)
Mais elle se teinte volontiers de romanesque et de fantastique: certaines biographies sont de purs romans, comme laViede saint Théodore d'Edesse, laViede saint Léon de Catane, et surtout laViede saint André le Fou par le prêtre Nicéphore (début du Xe s.) qui est même un roman d'anticipation, car on y trouve un étonnant récit de la fin du monde. On doit enfin signaler à cette époque la naissance d'une littérature populaire, favorisée par l'effacement de la littérature monastique, et aussi par les exploits militaires des souverains macédoniens, car elle se manifeste surtout par les chansons acritiques , sortes de cantilènes épiques célébrant les exploits des héros de la frontière, les acrites . (...)
-après 1050), disciple et biographe de Syméon le Nouveau Théologien, et, au XIIe siècle, Callistos Cataphygiotis, déjà proche de l'hésychasme. La renaissance de l'atticisme au XIe siècle ainsi que laviede cour fort brillante sous les Comnènes font fleurir plus que jamais les divertissements de lettrés et aussi l'éloquence d'apparat; Psellos excella notamment dans l'oraison funèbre. (...)
), s'opposèrent non seulement des théologiens officiels comme Manuel Calécas, mais des humanistes comme Nicéphore Grégoras; d'autre part, un autre grand humaniste, Nicolas Cabasilas (mort en 1371), soutint l'hésychasme avant de le dépasser en un mysticisme platonisant qu'il voulait compatible avec lavieséculière (Les Sept Paroles de laviedans le Christ ). Au début du XVe siècle, l'Université de Manuel II, où l'enseignement a désormais un caractère humaniste, jette un dernier éclat; mais le principal centre intellectuel grec est Mistra, où enseigne Georges Gémiste Pléthon (mort vers 1451), le philosophe le plus hardi que Byzance ait connu. Ce platonicien radical conçut le curieux projet de reconstituer autour du despotat de Morée un Etat grec dont il prétendait exclure la tradition romaine et la tradition chrétienne, en lui donnant une organisation sociale à la fois communautaire et hiérarchisée comme celle de la République de Platon, et une religion polythéiste. (...)
Il faut enfin signaler, à mi-chemin entre l'histoire et la chanson de geste, une chronique en vers politiques, sans valeur littéraire du reste, la Chronique de Morée , récit de la conquête franque du Péloponnèse et de laviede la principauté jusqu'en 1292; elle a été rédigée par un « gasmoul », demi-franc et demi-grec. (...)
), transition entre l'Antiquité et le Moyen Age, réalise la synthèse du christianisme et de la tradition gréco-romaine; c'est auVIesiècle que se dégagent, dans tous les domaines, les caractères spécifiques de l'art byzantin et que se perfectionnent les différentes techniques. (...)
L'époque protobyzantine : La mosaïque, par la somptuosité des coloris, la simplification du dessin et, surtout, le rôle joué par la lumière, convenait parfaitement à l'expression du surnaturel, et les artistes des Ve etVIesiècles en perfectionnèrent la technique pour en exploiter toutes les possibilités. Les monuments conservés à Thessalonique (rotonde Saint-Georges, Hosios-David, Saint-Démétrius) et à Ravenne (mausolée de Galla Placidia , baptistères des orthodoxes et des ariens, Saint-Apollinaire-le-Neuf, Saint-Vital, Saint-Apollinaire-in-Classe [cf. (...)
Aucun thème n'est imposé, aucune règle fixe ne détermine l'emplacement des sujets dans l'église. A un style encore marqué par la tradition illusionniste hellénistique succède, auVIesiècle, un art plus hiératique, plus solennel, indifférent aux valeurs plastiques et spatiales, substituant le fond or au fond bleu et dématérialisant les figures. (...)
Autour du Christ, qui domine dans la coupole centrale (symbole du ciel), « inspectant par le regard la terre et en méditant la bonne organisation et le gouvernement » (Photius), s'ordonnent les différentes figures de la hiérarchie céleste: anges, prophètes, apôtres, Pères de l'Eglise et autres saints, la Vierge (rappel de l'Incarnation) occupant la voûte de l'abside. Cette hiérarchie de figures isolées pouvait être complétée par des scènes de laviedu Christ correspondant aux grandes fêtes liturgiques (cycle du Dodécaorton ). Ce programme iconographique fut mis en place à Constantinople dans plusieurs églises de la seconde moitié du IXe siècle, mais il n'en subsiste que quelques fragments à Sainte-Sophie, et c'est aujourd'hui dans les riches fondations monastiques du XIe siècle (Saint-Luc en Phocide, la Néa Moni de Chios, Daphni) qu'on en trouve les plus remarquables applications. (...)
Ainsi, en Cappadoce, continuat-on, jusqu'en plein Xe siècle, à décorer les églises, généralement de plan basilical, de cycles narratifs détaillés de laviedu Christ, se déroulant en frises continues sur la voûte et les parois de la nef, tandis que le Christ en gloire figure dans l'abside (églises dites archaïques). (...)
L'iconographie mariale connaît, en particulier, un grand développement: au cycle apocryphe de l'enfance de Marie s'ajoutent l'illustration de l'hymne acathiste (composé auVIesiècle en l'honneur de la Vierge) et la représentation des prototypes de Marie et l'Incarnation dans l'Ancien Testament (échelle de Jacob, porte close d'Ezéchiel, buisson ardent de Moïse, etc. (...)
Multipliées pour répondre aux besoins de la piété populaire, les plus anciennes icônes conservées ne sont pas antérieures auVIesiècle. Peintes surtout dans la technique de l'encaustique, qui sera abandonnée après le VIIIe siècle pour la détrempe, ces oeuvres pré-iconoclastes sont conservées principalement au monastère de Sainte-Catherine, au mont Sinaï, mais elles proviennent d'ateliers de Constantinople, de Palestine, de Syrie ou d'Egypte. (...)
139, Xe s.), l'illustration se limite souvent à la représentation de l'auteur - David -, à des épisodes de savieet à quelques scènes inspirées par les psaumes. Le lectionnaire (ou évangéliaire), qui contient les péricopes de l'évangile pour toute l'année, reçut aussi, à cause de son utilisation liturgique, un décor particulièrement soigné, voire luxueux. (...)
L'accent était mis de plus en plus sur les contrastes de clair-obscur entre la surface et les parties surcreusées au trépan (acanthe appelée théodosienne), dont les exemples les plus connus, au milieu et au troisième quart du Ve siècle, sont à Saint-Jean-Stoudios de Constantinople, à l'Acheiropoietos de Thessalonique et au martyrium de Léonidès au Léchaion, port de Corinthe. Ces valeurs s'accentuent auVIesiècle, au moment où apparaît un répertoire ornemental d'aspect orientalisant, bien mis en évidence par la découverte de l'église de Saint-Polyeucte construite en 524-527 par Julia Anicia, parent de Justinien. (...)
Les arcosolia , les sarcophages (par exemple, au musée d'Istanbul, celui qui reproduit le sarcophage de la fin du IVe siècle dit de Sari Güzel ou celui de l'impératrice Théodora à Arta) témoignent aussi de ce renouveau de la sculpture anthropomorphe, qui redonnevieet plasticité à un art caractérisé par la rigueur géométrique, par le culte de la symétrie et par une stylisation toute orientale. (...)
Pour la technique et le style, les Byzantins s'inspirèrent de la bijouterie romaine, mais ils supprimèrent progressivement, auVIesiècle, les motifs païens pour les remplacer par des symboles chrétiens. A l'époque médiobyzantine, les émaux seront de plus en plus souvent associés à l'or, tandis que sous les Paléologues l'appauvrissement général et la pénurie de matériaux précieux provoquent une certaine décadence de l'orfèvrerie. (...)
Leur fabrication, strictement réglementée et contrôlée par l'Etat, connut un grand développement à partir duVIesiècle, quand fut introduite à Byzance la sériciculture (vers 552). Les manufactures impériales (les « gynécées ») détenaient le monopole des étoffes teintes de vraie pourpre et brochées d'or. (...)
Les sépultures coptes ont livré, d'autre part, un nombre très important de tapisseries de lin et laine (Antinoé, Akhmîn-Panopolis en Egypte), décorées surtout de sujets mythologiques ou de scènes pastorales, dans la tradition de l'art alexandrin, ou, plus rarement, de compositions religieuses (Vierge à l'Enfant du musée de Cleveland). Les tisserands byzantins ont, dès leVIesiècle, montré une nette prédilection pour les motifs d'origine orientale, en particulier sassanide: grands médaillons enfermant des personnages ou des animaux réels ou fantastiques, affrontés de part et d'autre d'un arbre deviestylisé, scènes de chasse, combats d'animaux, etc. (suaire de Saint-Calais, tissus aux cavaliers, suaire de Saint-Victor de Sens). (...)
La même incertitude subsiste pour les soieries à sujets religieux, comme L'Annonciation et La Nativité du Museo sacro du Vatican, attribuées successivement à l'Egypte, à la Syrie et à Constantinople et datées entre leVIeet le VIIIe siècle. L'industrie textile atteint son apogée sous les Macédoniens et les Comnènes; les ateliers de Constantinople sont désormais concurrencés par ceux de Patras, de Corinthe, de Sparte, de Thèbes et de Chypre. (...)
En sculpture, quêtes régionales et études des carrières renouvellent considérablement notre connaissance de la production courante. Pour les objets de laviematérielle, l'effort des chercheurs doit porter sur la céramique médio-byzantine: peu de progrès ont été réalisés en ce qui concerne les différentes productions et la localisation des ateliers. Recherches sur l'habitat et laviematérielle, sur la fonction et la signification des peintures ainsi que sur le fonctionnement des édifices qui les abritent, sur la place de l'image dans la culture et les mentalités, autant d'approches convergentes qui ont fait émerger Byzance du grandiose théâtre d'ombres où elle était encore cantonnée il y a un siècle. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...