Récits nocturnes : 3 - Le don obscur
Contient : odeur (2)(...) Les yeux fermés, seules quelques sensations me raccrochent à l'univers qui m'entoure : le bruit de l'eau qui coule de la petite fontaine au centre de ce petit salon, la soie des coussins sur lesquels je suis couché et que je caresse de mes doigts légers, l'odeurentêtante de l'encens qui brûle à quelques pas de moi. Si je n'avais l'habitude de ses entrées discrètes, il est probable que je n'aurai pas entendu s'approcher le pas léger de mon Maître. (...)
Mais la souffrance s'estompe, les battements de mon coeur ralentissent, et une douce chaleur envahit tout mon corps, une sensation que je n'ai ressentit que dans de rares états de bien-être, des états dont seul le contact d'une femme amoureuse peut laisser entrevoir quelques fugaces effluves. Plus rien ne me rattache à ce qui m'entoure, l'odeurde l'encens n'est plus qu'un souvenir, ma peau ne sent plus rien, et mes oreilles ne perçoivent plus que les palpitations de mon coeur. (...)Jérusalem, le Dimanche 25 Septembre 1104. J'ai assisté ce matin, comme depuis plus de cinq ans, à la messe célébrée par le patriarche de Jérusalem en notre église du Saint Sépulcre. J'en ai recueilli la joie, mais j'ai également éprouvé une certaine tristesse, car je sais que c'était la dernière fois. Je suis allé me promener cet après-midi au Sud-est de la ville, vers le Mont des ...