Brigaël : De Larmes et de Sang
La jeune fille se réveilla en sursaut. Les gouttes de sueur perlaient sur son front, tous ses membres étaient secoués de tremblements et sa respiration était courte et sèche. Une ombre dans la pièce lui fit pousser un cri ! « Ce n'est que moi ma fille, dit alors la femme qui s'approchait de la couche. Tu as encore fait des cauchemars, ne me diras tu donc jamais ce qu'ils renferment ? » « Je ne le peux pas, répondit Brigaël, mais bientôt je comprendrai. Demain je dois passer l'épreuve pour rentrer ...Contient : corps (12)(...) Lorsqu'elle entra dans la lumière de la lune, Brigaël poussa un hurlement de terreur. La silhouette était celle d'un nouveau né, marchant debout mais dont lecorpsétait celui d'un cadavre. Brigaël récita le nom de tous ses dieux pour chasser cette vision d'horreur, mais rien n'y fit, le nouveau né s'approcha tant qu'il aurait put la toucher. (...)
Avant qu'elle n'ait put se retourner, l'homme la projetait à travers l'épais buisson pour la faire rouler au milieu du campement. Les ronces avaient griffés chaque parcelle de soncorps. Le visage crispé par la douleur, Brigaël ne cria pourtant pas. « Mais que nous amènes tu là Sogmann ? (...)
Elle semblait ne pas sentir les larges épines plantées dans ses paumes et le sang qui perlait partout sur soncorpsressemblait à de menaçantes peintures de guerre. Son regard s'était assombri et sa bouche formait un rictus carnassier. (...)
» furent les derniers mots dont elle se souvint, et Menis les avait prononcés. Lorsque la jeune fille reprit ses esprits, elle gisait au milieu de la clairière. Soncorpsétait entièrement couvert de sang et de lambeaux de chair. Autour d'elle, lescorpsdes 7 chasseurs, dans un état qu'il est difficile de décrire. Ils avaient été déchiquetés à coups de ronces. (...)
Les images d'un combat d'une rare violence, de la peur dans les yeux d'hommes ne comprenant pas, des cris, des ronces... Puis la silhouette minuscule d'un nouveau né marchant debout, lecorpsen lambeaux et hurlant sa joie. « Les dieux me pardonnent ! Pardonne moi Menis. » Des larmes rouges coulaient maintenant sur ses joues. (...)
» Blessé et le coeur meurtri, Menis quitta la clairière sans se retourner. Laissant Brigaël à ses pleurs. Elle alla jusqu'à la rivière et y plongea soncorps. La tête sur la berge, elle laissait l'eau couler autour d'elle et emporter le sang et la chair. (...)
» Brigaël se redressa et regarda dans la direction que montrait l'homme. La forêt avait disparu, à perte de vue s'étendait une plaine ensanglantée, parsemée descorpsde nombreux guerriers, chasseurs, femmes et enfants. Brigaël sentait son coeur s'accélérer. « Qu'est ce que cela ? (...)
Va maintenant » Et le dieu disparu. De nouveau seule, Brigaël se tenait au milieu de cette foule decorps. Elle commença à errer parmi eux, en regardant leurs visages. Tous ne lui étaient pas inconnus, des gens des villages voisins, de son village, de sa famille, Menis... Elle ne pouvait contenir ses larmes et sa douleur. (...)
Elle parcourut la plaine durant des heures puis s'arrêta enfin. Il était là, gisant parmi les autres. Petitcorpsmutilé. « Lève toi ! Ordonna t'elle en hurlant, il est temps d'en finir ! Lève toi et vient m'affronter ! (...)
La lune terminait sa course et allait bientôt laisser place à la lumière de l'aube. Elle n'avait plus mal, soncorpsétait propre, ses plaies étaient guéries. Quelque chose qui brillait dans le lit de la rivière, à l'endroit exact où, dans son rêve, avait disparu lecorpsde son frère, attira son regard. Elle plongea ses mains au pied d'un rocher et sortit de l'eau un torque d'argent, gravé de runes de sang. (...)