Les Chevaliers de l'Orage
Novembre 689 (Episode III, Arion) : Eloi de Rohan était un jeune seigneur au sang chaud, qui aimait vivre plus que tout autre. Son ardeur l'entraîna sur les chemins de l'enfer, un jour où il rencontra une belle jeune femme seule dans la forêt. Ai-je besoin de dire ce qu'il advint ? Il chassait, elle devint la proie de sa folie Il la tua accidentellement en la jetant à terre et ses crimes ne s'arrêtèrent pas là. Qu'une seule mort mérite vengeance, je désignerais celle-là ! L'âme de Sylviane, ne ...Contient : château (13)(...) C'est presque ce qui arriva : sa fille tomba du haut des remparts, et quelques années plus tard, son fils aîné s'enlisa dans des sables mouvants. Sa femme, Gaëlane, désespérée de le sentir incapable de quitter lechâteau, mourut de chagrin. Il ne restait plus que Bertrand, le plus jeune âgé de dix ans, et Eloi lui-même. (...)
Il dut bientôt rester alité, rongé par la fièvre, et elle le tortura à chaque instant de sa vie. La mesnie duchâteause réduisit rapidement. Au bout de quelques mois, il ne resta que certains des serviteurs les plus fidèles. (...)
Après cet incident, et alors que la nuit avançait, un orage d'une violence inouïe s'abattit sur nos têtes. C'est ainsi que trempés jusqu'aux os par la pluie diluvienne, nous demandâmes l'hospitalité auchâteaude Rohan. Dame Marianne fût une hôte admirable mais ses traits reflétaient les terribles ennuis qui s'étaient abattus sur sa famille. (...)
Expliquant que le suzerain de son époux restait muet à ses appels de détresse, elle s'engageait au nom de son mari à passer sous la tutelle de Kynke, si Messire Erwan et ses amis l'aidaient à rompre la malédiction qui semblait toucher lechâteau. Le sang des chevaliers présent ne fit qu'un tour, et Erwan, bien que perplexe accepta en notre nom à tous. (...)
C'est alors que nous découvrimes l'étendu des pouvoirs de Messire Yvain. Celui ci ouvrit une fissure dans l'un des murs duchâteauafin de créer une sortie. Une fois à l'extérieur, les objets redevinrent inanimés. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. (...)
Formant peu à peu une masse, elle se transforma en une main gigantesque pointant un doigt accusateur vers nous, puis tourna lentement sur elle même, elle désigna tour à tour la chapelle puis l'étang. Alors que la main s'évaporait, Rorg, le chien duchâteaucommença à grogner méchamment puis soudain sans crier gare bondit sur Messire Geoffroy de Gervalst. (...)
De plus en plus inquiets par tous les événements qui semblaient prendre un malin plaisir à s'acharner sur lechâteau, nous eûmes tous beaucoup de mal à trouver le sommeil. Songez, Messires Chevaliers, quelle horrible malédiction pouvait encore nous frapper. (...)
Fort heureusement, l'arrivée de Messire Oswald Bornhouse apporta un rayon de soleil dans ce matin sombre. Au dehors, devant lechâteau, la populace s'était rassemblée, réclamant 'le fils du Diable'. Seul l'éloquence de mon maître et la persuasion de Sir Geoffroy permirent d'éviter une épreuve de force des plus désagréables. (...)
Ce soir là, alors que nous commencions à désespérer de ne trouver quelque cohérence dans cette histoire, des coups sourds furent frappés à la porte du hall. Chacun suspendit ses gestes et un silence pesant s'installa. Pendant un instant fugitif, lechâteauoffrit le spectacle d'une galerie de statues, puis les têtes se tournèrent lentement vers l'entrée mais personne ne bougea craignant sûrement quelques nouveaux malheurs. (...)
C'était Mosdi, le meunier du village, un étrange bossu et un extraordinaire conteur. Comment avait-il pût entrer dans lechâteau? 'La nuit ouvre des portes que le jour tient fermée ' nous dit-il. Il s'approcha de sa démarche bancale et sortit de sous son manteau de grosse laine, un parchemin roulé et cacheté, et un petit crucifix qu'il tendit à Messire Oswald. (...)
Tu dois sans nul doute te souvenir de l'histoire que je t'ai raconté un après-midi d'automne au pied duchâteau: l'histoire tragique d'Eloi de Rohan et de sa famille. Le chevalier qui avait disparu à cette époque, m'est apparu il y a quelques temps : non pas en chair et en os, mais simplement son fantôme. (...)
J'avais l'impression de lutter moi-même contre la tempête, comme ces voyageurs qui progressaient péniblement et se dirigeaient vers lechâteau. Ensuite une étrange sensation me saisit : j'entendais le grondement du tonnerre et des cris de souffrance. La vue me revint tandis que je frappais à la porte de la grande salle duchâteau. Au moment d'entrer, la cloche se mit à sonner, elle appelait à se rendre à la messe de vêpres. (...)